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Portrait de Loïc Le Berre, Directeur Général du Castille Paris: Le voyage parisien

7 min de lecture

Publié le 14/09/10 - Mis à jour le 17/03/22

• Loïc Le Berre, 45 ans, est Directeur général du Castille Paris, rue Cambon, premier hôtel parisien du groupe italien StarHotels, dont il a suivi la transformation intégrale. • Jeune breton «monté» à Paris, il y a 22 ans, il y est passé de la Rive Gauche à la Rive Droite, regrettant un peu l’époque où la Seine marquait une vraie frontière dans l’atmosphère de la capitale. • Profondément attaché à la dimension relation humaine du métier, il a préféré quitter une structure trop importante pour ne pas laisser trop de distance autant avec ses employés qu’avec ses clients.

Les recettes de grand-mère ont encore fait une “victime” consentante de l’hôtellerie. L’envie de donner du plaisir à ses congénères pousse le jeune Loïc à traverser la Rance, de S-Malo à Dinard, pour s’inscrite à l’école hôtelière. Il a d’abord fallu rassurer les parents en passant un bac classique avant de poursuivre en BTS hôtel­lerie. “Après quelques mois en cuisine, j’ai vu qu’il y avait un fossé entre la cuisine ama­teur et professionnelle. J’ai eu la chance de faire un premier stage tournant à l’hôtel Lancaster de Paris et d’y rencontrer le chef de réception qui m’a fait découvrir le monde de l’accueil. J’ai vite réalisé que le contact client correspondait plus à ma sensibilité que la production en brigade”. Le jeune diplômé emprunte alors un parcours assez classique, ponctué de rencontres détermi­nantes. “Mon premier patron fut Patrick Scicard, directeur général du Lutétia, et c’est Jean-Marc de Margerie qui m’a fait progresser du night audit à Chef de réception. C’était une époque où la Rive Gauche respirait la culture et l’intelligent­sia. On croisait Catherine Deneuve, Bernard-Henri Lévy, César ou Arman. La clientèle était vraiment marquée bohême chic”. Curieux, Loïc Le Berre veut passer sur la Rive Droite et se fait engager comme Chef de réception au Warwick Champs-Elysées où il cultive ses relations avec le Moyen-Orient. “C’est la découverte d’une autre clientèle où la relation est très affective. On m’envoie en voyage de prospection dans ces pays et je découvre la dimension commerciale du métier”.Loïc Le Berre en quelques dates... -1986 : BTS à l’école hôtelière de Dinard -1987 : Réceptionniste et night audit, puis assistant et Chef de Réception au Lutetia Paris, groupe Concorde Hôtels -1992 : Chef de réception en charge du yield management au Warwick Champs Elysées -1996 : Responsable régional des Ventes puis Directeur des Ventes et de la Direction du Marketing Plan à l’Hôtel Meurice -1999 : Directeur d’Exploitation, puis Directeur adjoint Hôtel du Louvre, Concorde Hôtels -2001 : Resident Manager à l’hôtel Ambassador, groupe Concorde Hôtels -2003 : Directeur général de l’hôtel Ambassador -Janvier 2007 : Directeur général du Castille Paris, groupe StarhotelsIl décide alors de quitter une forme de “voie royale” qui pourrait le conduire naturelle­ment à la direction de l’hébergement et d’un hôtel. “Je n’y ai pas renoncé, mais j’ai pris conscience qu’avant d’accueillir les clients dans son hôtel il faut savoir d’où ils viennent et pour quelles raisons. J’ai postulé à la direction commerciale du Meurice et je dois saluer le risque que Dominique Borri et Christine Odile, sa directrice des ventes, ont pris en engageant un opérationnel dans cette fonction. Une expérience très enrichissante à jongler avec les nationalités et leurs compor­tements, passant de l’affectif et la simple parole donnée dans les pays d’Amérique latine ou du Moyen-Orient à la précision intransigeante du contrat avec les Anglais”. Mais l’Aga Khan a vendu l’hôtel au Sultan de Brunei qui le ferme dix-huit mois pour travaux. Loïc Le Berre ne se voit pas attendre et retrouve son groupe d’origine avec un poste de N°2 à l’Hôtel du Louvre, aux côtés de Béatrice Schopflin, pour relever un défi comme il les aime : transformer un hôtel pour cars de Japonais en un établissement haut de gamme à clientèle individuelle haute contribution. “Ce furent deux années intenses de repositionne­ment, accompagnées de gros travaux dans l’hôtel avec un superbe travail de Sybille de Margerie dans la décoration. Ma fierté au bout de cette période fut d’être l’un des cinq seuls hôtels parisiens référencés par Virtuoso, le premier réseau d’agences de voyages de luxe américain”.Ce challenge réussi en entraîne un autre sans défaire une équipe qui gagne. Loïc Le Berre accompagne Béatrice Schopflin à l’Ambas­sador sur les Grands Boulevards. Autre défi de taille pour faire monter le prix moyen en limitant les groupes et attirer la clientèle indi­viduelle. C’est aussi le passage à un hôtel de taille conséquente avec plus de 300 chambres. “C’était le plaisir de travailler la main dans la main avec Béatrice Schopflin et de me pré­parer à prendre mon bâton de maréchal”. C’est ce qui arrive quand Béatrice est appelée au Lutetia. La promotion naturelle fait basculer Loïc en première ligne. “On croît être préparé, mais on occulte le poids de la responsabilité qui vous tombe dessus tout d’un coup quand vous réalisez que chacune de vos décisions va avoir une conséquence directe sur la marche de l’hôtel et la vie des 160 collaborateurs. On vous fait endosser un sac à dos qui ne vous quitte jamais, même si cela fait partie de l’intérêt et de l’excitation de la fonction. Dans un monde très concur­rentiel où tout le monde s’épie, on ne se donne pas le droit à l’erreur”. Loïc Le Berre mobilise toutes ses connais­sances accumulées dans les opérations, le commercial, la gestion pour endosser la fonction. “Le directeur général est le garant de la régularité à laquelle le client s’attend, quels que soient le jour et l’heure. Il est le 1er commercial de son hôtel en devant anticiper, écouter, décider, prospecter… On passe vrai­ment en première ligne”.C’est sans doute ce qui l’a conduit après quatre années à accepter la direction d’un établissement plus petit dans le quartier mythique de la rue Saint-Honoré. “J’ai voulu me re-concentrer sur ce qui m’avait fait choi­sir ce métier, la relation humaine. Je consi­dère toujours que j’ai deux clientèles com­plémentaires, externe avec les hôtes et interne avec mes salariés, qui sont aussi importants pour la bonne marche de l’éta­blissement. Je me suis éloigné du reporting pour retrouver le terrain au sein d’un groupe familial qui me rap­pelle l’implication de la famille Taittinger dans ses hôtels”.Totalement parisien d’adoption, avec ce 5e hôtel sur la Rive Droite, il maîtrise sa capitale et la voit évoluer. “La Seine est devenue poreuse. Vuitton et Cartier s’instal­lent à St-Germain et l’esprit bohême s’ins­talle dans les boutique hôtels de la Rive Droite. Cela rend notre travail plus facile, même si je regrette une certaine perte d’iden­tité des rives”.Ce qu’il apprécie surtout, c’est le contact direct avec la hiérarchie du groupe Starhotels, propriété de la famille Fabri. “Elisabetta Fabri est très présente et j’ai un contact direct pratiquement toutes les semaines ou avec le directeur général du groupe qui pos­sède les murs et les fonds de ses 22 établisse­ments. Les décisions sont rapides et les stra­tégies vite mises en œuvre”. Et la carrière dans tout cela ? “J’ai fait un trait sur une carrière “internationale”, privilégiant ma connaissance du marché parisien. Je com­pense par beaucoup de voyages à titre pro­fessionnel et personnel. Je travaille aux coups de cœur et tant que mon métier se renouvelle chaque jour, il n’y a aucune frus­tration. Le groupe est en quête d’une autre adresse sur Paris et je peux me préparer à un nouveau challenge”.

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