
• A la tête depuis 2002 de La Clairière en Alsace, membre du réseau Bio Hotels et de Châteaux & Hôtels Collection, Lisbeth Strohmenger et sa soeur Kareen ont repris une affaire familiale sans grande expérience de l’hôtellerie. • Adeptes des médecines douces et alternatives, sensibilisées par leurs parents à l’approche écologique, Lisbeth et Kareen veulent faire partager leur philosophie de vie sans dogmatisme, désireuses d’apporter une autre dimension à l’hôtellerie et la restauration. • Curieuse des expériences à partager, Lisbeth participe très régulièrement à la vie des réseaux pour ouvrir son horizon et proposer de nouvelles opportunités de bien être à ses clients.
Chaque année de nouveaux investissements renforcent la dimension écologique de La Clairière : la décoration des chambres en bois naturel ; la literie en latex naturel et laine bio; la construction d’une chaudière à bois et l’installation de panneaux photovoltaïques, mais il n’est pas question pour autant de “dogmatisme intransigeant”. “Nous tenons à nous adresser à la fois à une clientèle de convertis qui retrouvent leurs marques dans notre approche bio et écologique, mais aussi à proposer une alternative à une clientèle classique, qui va venir à La Clairière à l’occasion d’un séminaire”. De ses premières expériences d’animation de groupes sur le parcours de branches, Lisbeth garde l’envie de partager sa philosophie de vie à l’occasion de stages. “Nous allons proposer des stages pour de l’initiation au yoga, pour pratiquer une forme de ressourcement autour du spa et des installations de l’hôtel, mais sans chercher surtout à devenir un ashram en pleine forêt des Vosges. C’est aussi une façon d’allonger la durée des séjours dans l’hôtel”. Sur les traces de son père, passionné de montagne et de grands sommets, Lisbeth participe à un trek au pied de l’Everest en 2007 et propose de faire partager ses émotions himalayennes comme une extension naturelle de son métier d’hôtelier. Loin de rester enfermée dans sa bulle protectrice, Lisbeth saisit toutes les occasions d’apprendre et de confronter les expériences. Bouclant ses valises pour l’ITB de Berlin, pour humer l’air du tourisme international dans les allées du plus grand salon touristique au monde, elle attend aussi avec impatience la prochaine réunion des Bio Hotels. “Je suis surprise que les hôteliers ne discutent pas tellement entre eux. Moi, au contraire, j’aime beaucoup partager. Nous avons beaucoup à apprendre les uns des autres”.1976 : naissance en Alsace à quelques kilomètres de La Petite Pierre où se situe l’hôtel familial _ 2000 : diplômée de l’Institut des Etudes Commerciales de Strasbourg _ 2000-2001 : premier emploi à Londres au seing de la banque HSBC _ 1998-2001 : participe à des animations de séminaires au sein de l’hôtel _ 2002 : reprise de l’affaire familiale avec sa soeur Kareen _ 2007 : attribution de la certification Bio pour le restaurant de l’hôtel. Trek au Népal avec le sherpa Kazi, ami de son père.Dans les années 80, Angèle et Robert Strohmenger-Van Dijck quittent leurs activités trépidantes en Belgique pour se ressourcer et se rapprocher de la nature. Ils ouvrent un petit hôtel de 10 chambres en Alsace, dans une clairière du Parc régional des Vosges, “Réserve mondiale de la biosphère” pour l’Unesco. L’esprit d’entreprise qui les habite toujours les conduit à développer progressivement leur affaire, notamment pour l’accueil des séminaires, avec une touche écologique avant l’heure. “Mes parents avaient mis au point un système qui faisait qu’en accrochant la clé au tableau de la réception l’électricité était coupée dans la chambre. Le chauffage aussi se coupait automatiquement en ouvrant les fenêtres. Ils avaient conscience de la nécessité de réduire les gaspillages”.A l’époque Lisbeth Strohmenger, même si elle donne un coup de main avec sa soeur Kareen, n’a pas l’intention d’épouser la carrière hôtelière. Tandis que Kareen est en train de devenir ingénieur en informatique, elle achève ses études à l’école de commerce IECS de Strasbourg et part travailler pendant un an à la banque HSBC de Londres. “On se doutait un peu qu’on serait amené à reprendre l’affaire, mais pas tout de suite. A 19 ans, je voulais ouvrir d’autres portes professionnelles”, explique Lisbeth. Ce qui ne l’empêche pas de venir régulièrement encadrer des groupes en séminaires à l’hôtel avec des exercices de prise de décisions et de résolution de problèmes, conçus autour d’un parcours suspendu dans les arbres du parc de l’hôtel. “Cela faisait le lien avec mes études de commerce et le monde de l’entreprise, tout en étant déjà impliquée dans le fonctionnement de l’hôtel”, poursuit la jeune Alsacienne.Et puis la vie en décide autrement, Angèle et Robert sont conduits à se retirer plus vite que prévu de la gestion opérationnelle de La Clairière, passant la main à leurs deux filles. “Nous l’avons surtout vécu comme un challenge intéressant et une opportunité de développer dans l’établissement des choses qui nous tenaient à coeur toutes les deux. Nous avions déjà pas mal voyagé et vécu à l’étranger et nous étions concernées par tout ce qui a trait à une meilleure alimentation et une meilleure hygiène de vie. C’était l’occasion de le traduire dans un projet professionnel en famille”, raconte Lisbeth.Entre 2002 et 2005, les deux soeurs travaillent à la construction d’un spa, conçu comme un sanctuaire hors du temps, dédié au bien-être holistique, dans le respect de la nature, en valorisant ses quatre éléments fondamentaux : eau, terre, air, feu, “véritables racines de l’Harmonie”. Il sera inauguré en 2005 avec une gamme de soins Dr Hauschka, un concept unique qui puise ses ingrédients dans la nature et les plantes médicinales. Parallèlement le restaurant met en avant une cuisine biologique en association avec les producteurs locaux, ce qui lui vaut d’être le premier restaurant d’hôtel certifié “bio” en France.Petit à petit, La Clairière se transforme autour d’une idée cohérente, faire coïncider son offre avec la démarche personnelle de ses propriétaires et exploitants. “Nous étions depuis l’origine adhérents à la chaîne des Châteaux & Hotels Collection, dont nous avons suivi la démarche de valorisation de la gastronomie et de garantie de qualité, mais nous voulions aussi être dans un réseau plus spécifique. C’est pourquoi nous sommes le premier établissement français de la chaîne Bio Hotels, surtout présente en Allemagne, en Autriche et en Suisse. Nous avons des réunions deux fois par an entre hôteliers pour soutenir cette démarche bio et écologique. Ce sont des échanges très intéressants qui nous permettent de progresser vers l’objectif que nous nous sommes fixées en famille : devenir le premier bio et écohôtel de France”. Avec l’expérience quotidienne, Lisbeth se sent aujourd’hui plus hôtelière qu’à ses débuts mais : “je ne me vois pas comme une hôtelière classique. C’est une démarche qui veut aller plus loin en associant nos clients pour leur faire goûter de nouvelles habitudes de vie, une nouvelle approche de la restauration à base de produits locaux naturels. En parallèle, je poursuis des études de naturopathe et en médecine ayurvédique”.