
• Julien Brunel est le second vainqueur du Trophée Pierre Quentin qui récompense le meilleur jeune concierge d’hôtel, lui ouvrant aussi la porte du trophée international, qui s’est déroulé au Portugal. • En dehors d’un petit écart pour tenter une aventure professionnelle personnelle, Julien est totalement entré en conciergerie, ayant vécu la remise de ses Clefs d’Or au George V comme un adoubement pour une longue carrière. • Discret par obligation et par conscience sur les fantaisies de ses clients, totalement passionné quand il est dans sa loge, il a pratique une saine distanciation une fois quittés les habits du concierge.
Avec un début de maturité acquise, Julien s’est décidé à tenter le trophée qui distingue le meilleur des jeunes concierges de moins de 35 ans. Ce Trophée Pierre Quentin est aussi le passeport pour participer au congrès international des Clefs d’Or, organisé cette année à Lisbonne au Portugal. Avec une dizaine d’autres jeunes confrères, il a passé les épreuves, un long questionnaire de culture générale et une étude de cas à résoudre en anglais pour organiser le séjour d’une famille. Sorti premier des épreuves, menant pour la deuxième année consécutive la loge du George V au sommet national, Julien a eu un peu moins de chance lors des épreuves internationales à Lisbonne. "C’est un Anglais qui est arrivé en tête, mais on ne connaît pas la position des autres candidats. Je n’étais peut être pas loin", résume Julien Brunel avec philosophie. Il n’en garde pas moins un fantastique souvenir de ce premier congrès international, qui l’a complètement accueilli comme membre d’une grande famille présente sur les cinq continents.1992-1998 : BTN, puis BTS en gestion hôtelière au lycée de St-Quentin-en-Yvelines _ 1995 : stage aux Fermes de Marie à Megève _ 1998-1999 : premier poste de réceptionniste au Saint-James&Albany, puis au Crillon _ 1999 : intègre l’équipe de pré-ouverture du Four Seasons George V à Paris _ 2003 : crée sa propre société de conciergerie pour les entreprises Paris Services _ 2005 : rejoint à nouveau le George V après la fermeture de sa société _ 2008 : reçoit ses insignes de Clefs d’Or de la part de l’Association internationale _ 2009 : lauréat du trophée Pierre Quentin du meilleur jeune concierge de France _ 2010 : participe au trophée Andy Poncgo et à son premier congrès international à LisbonneC’est en rendant visite à son oncle, directeur de la boutique Bulgari située au coeur du Plaza Athénée que le jeune Julien est tombé sous le charme de cet univers feutré. Sa famille le soutient dans ses études à Saint-Quentin-en-Yvelines d’où il sort avec son BTS de gestion hôtelière en poche. "Dès le contact clients était ce qui me plaisait le plus. J’ai eu la chance d’effectuer un stage qui m’a convaincu que c’était la bonne direction, aux Fermes de Marie à Megève avec, Ben, extraordinaire Chef Concierge", résume Julien Brunel. A la sortie de l’école, il trouve rapidement une place au Saint-James & Albany, puis à la réception du Crillon. En répondant à une annonce, il intègre l’équipe qui a préparé la réouverture du George V, où il travaille encore aujourd’hui.D’abord à la réception de l’hôtel, il fait des pieds et des mains pour rejoindre l’équipe des concierges, une forme de saint des saints pour celui qui aspire avant tout à rendre service. En quelques années à peine, il enrichit à ce point son carnet d’adresses qu’il est tenté par l’aventure de la création d’entreprise. "J’étais jeune et peut-être impatient de faire mes preuves. J’ai pris un long congé pour créer ma société de conciergerie pour entreprise". Et ça marche. C’est encore un concept nouveau, sans grande concurrence, avec un marché tout neuf. "Cela marchait même trop bien au goût du syndicat des agences de voyages, qui m’ont obligé à fermer l’entreprise en prétextant la vente de prestations touristiques sans licence". Qu’à cela ne tienne, les portes du George V étaient restées entre-ouvertes, mais il a fallu regagner les galons. "J’ai recommencé comme simple assistant pour faire à nouveau la preuve que je méritais ma place, jusqu’au jour où j’ai enfin obtenu mes insignes, les Clefs d’Or, qui symbolisent le passage au statut de concierge à part entière". L’entrée au sein de l’association n’est pas une formalité. Au-delà des épreuves écrites de connaissances générales et de la lettre de motivation qui doit exprimer la vision que l’on a de son métier, de l’examen oral devant ses pairs et le président de l’époque, Roger Bastoni, il faut être parrainé par deux membres de l’association qui adoubent le jeune confrère. Roderick Levajac, Chef concierge du George V, et Denis Pirouelle, de l’Astor, se portent garant de leur poulain. On verra qu’il n’avait pas tort. "On fait son entrée dans un réseau très solidaire de 3 000 membres à travers le monde. C’est à la fois un honneur et une reconnaissance du travail déjà accompli, car chaque membre s’engage à participer activement au réseau, aux activités de l’association et à l’entre aide que l’on se doit entre collègues pour satisfaire une clientèle qui ne connaît pas de frontières".Son métier, Julien Brunel le vit comme une passion et un défi quotidien. Le meilleur atout d’un bon concierge, c’est son carnet d’adresses et la connaissance qu’il a de sa ville. "On se doit d’être au courant de tout ce qui se passe en ville, de tester les nouveaux restaurants, d’aller voir les expositions. La vie du concierge ne se résume pas aux heures qu’il passe dans sa loge. Il faut sortir beaucoup, avoir une vie sociale intense de sa propre initiative ou à travers les rencontres au sein des Clefs d’Or, qui sont faites pour pouvoir échanger des informations entre nous". Véritable touriste professionnel, capable de renseigner sur tout ce qui fait la richesse d’une ville, de trouver l’oiseau rare et d’organiser le séjour des clients, Julien Brunel explique les clefs qu’il porte à son revers : "Nous sommes les détenteurs des clefs de la ville, alors qu’à la réception, ils possèdent les clefs de l’hôtel et de tous ses services". C’est sans doute l’explication de la frontière imperceptible, mais bien réelle qui existe entre les deux univers de la loge et du desk d’accueil.En relation constante et forcément plus intime avec les clients, Julien rectifie la vision parfois délirante que l’on a de la fonction : "Bien sûr, nous avons des demandes particulières et extraordinaires, mais ce n’est pas notre quotidien. Il y a beaucoup de légende sur les exigences des clients fantasques, même si chacun d’entre nous pourrait raconter de multiples anecdotes. Notre première mission est de faire en sorte que le client soit bien dans la ville, qu’on puisse lui recommander des endroits qui correspondent à son style de vie, à ses goûts. C’est là que l’expérience et la longévité dans le métier de concierge fait toute la différence".Avec déjà une dizaine d’années passées dans la loge du Four Seasons George V, Julien connaît ses clients, établit même des liens d’amitiés avec certains, mais se garde bien de franchir une certaine limite. "C’est sans doute le plus difficile à assimiler pour un jeune concierge : cette distance que l’on doit garder en permanence. Même si nous sommes pas mal sollicités par le monde extérieur, que nous devons nous mettre à la place des clients pour apprécier l’intérêt de tel ou tel restaurant, spectacle, prestations... Nous ne sommes pas le client. Pas question de perdre la tête à se croire calife à la place du calife, même un instant".Julien veut avant tout garder les pieds sur terre, surtout auprès de son entourage qui voudrait tout savoir des célébrités qu’il côtoie. "Comme j’explique souvent, un comptable de grande entreprise voit passer des millions toute la journée, cela ne veut pas dire qu’ils sont à lui. Moi je fréquente des milliardaires, des vedettes de cinéma, des célébrités de toutes sortes, mais cela ne veut pas dire que je fais partie de leur univers. C’est juste mon environnement de travail. Agréable et passionnant, certes, mais je ne vis pas à travers elles".