Le départ du groupe Brit-Hôtel ne se fera pas sans douleur. "Affectivement, c’était difficile d’en finir avec cette aventure humaine. Je me souviendrai longtemps du pot de départ sur­prise, organisé dans l’hôtel où j’ai été direc­teur. Une trentaine d’hôteliers avaient fait le déplacement ! Mais aujourd’hui, c’est une nouvelle page de mon histoire que j’écris. Et je suis très enthousiaste”. Avec ses nouvelles fonc­tions, il s’est vu confier deux missions princi­pales. Celle de pour­suivre le développement, dans qualitative­ment que quantitativement, et celle d’animer le réseau. Il continue donc de travailler en étroite relation avec ses investisseurs et ses hôteliers. Et pour celui qui place l’humain au cœur de son travail, “c’était primordial. Mais surtout, en passant dans un groupe de plus grande dimension, j’ai aujourd’hui davan­tage d’outils et de compétences à ma disposi­tion pour mener à bien mes missions. C’est un plaisir au quotidien”. Et tant que ce sera le cas, nul doute que Jean-Virgile s’investira sans compter, puisque le plaisir, tout comme la soif d’apprendre, après près de 20 ans pas­sés à construire sa carrière sur le sol français, reste son principal moteur.-* 1991-1993 : BTH en restauration, puis BTS en hébergement au lycée hôtelier de Dinard -* 1992-1995 : Réceptionniste au Mercure de Saint-Malo, puis attaché commercial interne -* 1995-1996 : Directeur-adjoint du Brit-Hôtel Le Villeneuve à St-Grégoire (35) -* 1996-1998 : Directeur du Brit-Hôtel Le Castel à Rennes -* 1999-2000 : Directeur du développement Brit-Hôtel -* 2001-2005 : Directeur général adjoint de Brit-Hôtel Développement -* 2005-2010 : Directeur général associé de Brit-Hôtel -* Depuis 2010 : Directeur des opérations en franchises pour Louvre HôtelsLe petit Breton a rêvé de la mer et des fourneaux avant de se tourner vers l’hô­tellerie. “J’ai grandi face aux bateaux militaires, amarrés au port de Saint Malo, et je m’imaginais nourrir l’équipage de ses mastodontes”. Finalement, son goût pour la grande Bleue lui passe. Pas celui de la cui­sine. Il se dirige donc vers un BTH de restau­ration au Lycée hôtelier de Dinard. Très vite, le côté purement pratique lui manque. "J’ai eu envie de me challen­ger et de tenter les CAP cuisine et restaurant en parallèle, en candidat libre”. Il enchaîne ses cours au lycée, des cours du soir, et surtout beaucoup d’entraine­ments seul, chez lui. “Tous les week-ends, j’étais aux fourneaux !” Pour le tout jeune homme, ce rythme “ne s’avère finalement pas si lourd, puisque je prenais beaucoup de plaisir à faire. J’ai besoin d’être passionné pour travailler. A partir de là, peu importe les efforts à four­nir”, explique-t-il. Et les résultats sont là puisqu’il décroche son BTH et ses CAP. C’est alors vers les Etats-Unis qu’il se dirige pour sa première expérience professionnelle. “Je venais tout juste de rencontrer celle qui allait devenir la femme de ma vie, et ce n’était pas évident de prendre la décision de partir… Mais l’expérience en valait la peine. Je me suis retrouvé dans une cuisine où l’on parlait un quinzaine de langues… Et au départ, c’est plutôt celles des signes qui m’a servie ! J’ai vite progressé en anglais, et sur­tout, j’ai appris à me débrouiller seul”. Et très vite, une nouvelle opportunité se pré­sente. Il se fait embaucher par un chef fran­çais dans les cuisine de l’US Open, et se retrouve “à la tête d’une équipe de 7 per­sonnes, toutes plus âgées”. Une première expérience en management concluante, bien que forcément compliquée. Puis vient le temps de rentrer. Pour retrouver celle qu’il aime bien-sûr, mais aussi pour passer un BTS Hébergement. Une troisième année d’études qui servira de déclic. “Je souhaitais m’initier à l’hôtellerie pour être meilleur encore en cuisine. Mais finalement, ce secteur m’a pas­sionné. Et je me suis rendu compte que j’étais fait pour le contact avec les clients, le côté commercial et les challenges que cela implique”. Pour débuter en France, il sera standardiste au Mercure de Saint-Malo. “J’y ai fait une saison, puis des extras en tant que veilleur de nuit durant la deuxième année de BTS. Cela m’a permis de quitter le nid familial”. Et comme pour prouver à tous que ce départ n’entame en rien sa volonté de réussir, Jean-Virgile redouble d’effort et il termine 6ème de sa promotion. Après un an de service mili­taire, il retrouve son poste de nuit à Saint-Malo. Puis très vite, on le renvoie à la récep­tion avant de le nommer finalement attaché commercial. Et alors qu’une promotion s’offre à lui, une nouvelle opportunité se pré­sente. Celle de rejoindre Brit-Hôtel. “J’avais postulé pour être adjoint à la direction. J’étais conscient que je n’avais pas l'expé­rience requise, mais j’y suis allé au culot. C’était une très belle ouverture de carrière”. Ce groupe qui lui offre sa chance, Jean-Virgile lui est resté fidèle durant 15 ans. “Une belle histoire” pour le quarantenaire qui vient tout juste de tourner cette page. Mais surtout une jolie ascension. Après seulement un an dans son fauteuil de directeur adjoint du Brit-Hôtel Le Villeneuve à Saint Grégoire, il devient directeur du Castel, à Rennes. “Un autre palier important dans ma carrière”, souligne Jean-Virgile. “C’était un peu com­parable à mon expérience aux Etats-Unis. Je me suis retrouvé à la tête d’une équipe de 12 personnes, tous plus âgés, de 60 chambres et de quelques salles de séminaires”. Un plon­geon dans le grand bain en quelque sorte. Mais Jean-Virgile fait preuve d’une grande capacité d’adaptation, et prend ses marques rapidement. Si bien que deux ans plus tard, il est nommé directeur de Développement. “Le groupe avait alors des velléités de développe­ment et le co-fondateur avait quitté le navire. On m’a proposé de gérer le développement. C’est extrêmement rare de lancer un réseau, de mettre en place tout les process, la cen­trale de réservation, le service commercial, le programme de fidélité...” Ce poste, il le conservera un an, avant de le troquer contre celui de directeur général adjoint de la chaîne. Consécration suprême, en 2007, Léon Bertrand lui remet la médaille du Tourisme. Pour Jean-Virgile, cette distinction récompense son travail, mais aussi son engagement “pour les valeurs régionales et mon implication dans la formation puisque j’in­terviens régulièrement dans les lycées hôte­liers de la région”. Et elle compte. “Dans nos métiers, il n’y a pas de MOF. Pour moi, c’était donc un équivalent. J’avais, à ma manière, rempli mon devoir familial : celui de pérenniser l’engagement professionnel pour le travail bien fait”. Puis 3 ans passent. Et à l’aube de ses 40 ans, Jean-Virgile est conscient qu’il a atteint un cap. Marié depuis 15 ans, père de 3 enfants, un premier cycle de vie semble s’achever. “J’avais beaucoup construit ; beaucoup appris ; relevé bon nombre de défis, mais j’avais compris que je ne pourrais ni en apprendre autant, ni appor­ter autant, au restant à ce poste”. Et il n’est pas homme à se satisfaire d’une certaine séré­nité professionnelle. “J’ai besoin de me chal­lenger régulièrement et d’apprendre”. Impossible donc de ne pas répondre à l’invi­tation de se joindre à une nouvelle aventure, celle du développement de Louvre Hôtels. “J’ai rencontré le président du groupe aux Hospitality Awards. Il ne recrutait pas. Je ne cherchais pas d’emploi. Le courant est sim­plement bien passé”. C’est quelques mois plus tard qu’il lui propose le poste de direc­teur des opérations en franchise. Pas besoin de tergiverser. Sa décision est prise. Jean-Virgile relève le défi.