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Portrait de Jean-Claude Messant, Directeur Général au Métropole de Monaco: Conviction et détermination

8 min de lecture

Publié le 25/05/10 - Mis à jour le 17/03/22

• De retour à la tête du Métropole Monte Carlo, après une parenthèse au Crillon de Paris, Jean-Claude Messant se prépare à un gros chantier de rénovation avec l’appui d’une personnalité de la mode. • Alternant le début de sa carrière entre la France et l’Angleterre, il a fait des choix parfois courageux en fonction d’un objectif déterminé pour acquérir les compétences qui lui faisaient défaut pour progresser. • Pur produit de l’Ecole Hôtelière de Paris, où il a côtoyé de futurs collègues aujourd’hui DG de palaces, il avait la conviction et la passion pour accepter la rigueur et la discipline qui ont forgé son caractère.

Son père mathématicien a été passablement surpris quand le jeune Jean- Claude annonce qu’il n’entrera pas en classe préparatoire aux grandes écoles, mais qu’il veut passer le concours d’entrée de la rue Médéric, qui abrite l’école hôtelière la plus cotée de France. Il faut dire que depuis qu’il a douze ans, Jean-Claude Messant a pris en charge les repas à la maison, gérant le budget et faisant la cuisine pour le plus grand bonheur de la famille. Pas question de détourner le jeune homme d’une vocation si clairement affichée.Jean-Claude Messant en quelques dates... - 1980 : BTS hôtellerie de l’Ecole Hôtelière de Paris - 1982-83 : maître d’hôtel au Dorchester et Chef réceptionniste au Ritz à Londres - 1986 : Directeur adjoint de la Résidence Maxim’s à Paris - 1989 - 1992 : Directeur adjoint de Forte Bath, puis du Waldorf Hotel à Londres - 1994 : Directeur général du Saint-James Club à Londres - 1995 : Directeur général de l'Hôtel Royal Deauville - 2000 : Directeur général du Fouquet's et Carré d’Or à Paris - 2001 : Directeur général du Métropole Monte-Carlo - 2008 : Directeur général du Crillon à Paris - Mars 2010 : retour comme Directeur général au Métropole de MonacoDans sa promotion, il côtoie Didier Boidin ou Pascal Brun, futur directeurs généraux, qui comme lui travaillent dur dans une ambiance où “on ne bougeait pas une oreille”. Son premier stage sous la houlette de Claude Terrail à la Tour d’Argent forme aussi le caractère dans une maison où luxe et rigueur sont indissociables. “Cela m’a ouvert les yeux un peu plus à la beauté de ce métier”, se souvient-il. D’autant que son BTS en poche, il passe son service militaire comme maître d’hôtel de Raymond Barre, Premier ministre. Les ors de la République finissent par le convaincre qu’il a choisi la bonne voie.Jean-Claude Messant sait qu’il n’ira jamais très loin sans une parfaite connaissance de l’anglais. Direction Londres pour quelques mois de stage en immersion. “J’étais programmé pour rentrer à la division internationale de la Sodexho, mais, comme maître d’hôtel au Dorchester de Londres, j’ai commencé à me poser des questions. Le déclic s’est fait alors que j’étais prêt à rentrer : je serai directeur général d’un palace. Il me fallait une expérience de l’hébergement et j’ai décroché un emploi de junior réceptionniste au Ritz”. La détermination du jeune Frenchie est palpable. “Ce furent de très belles années où je voyais passer des princes et des rois. Je devais gérer un overbooking quasi permanent, un dîner avec la reine de temps en temps. Une expérience inoubliable et terriblement formatrice. Aujourd’hui encore, quand je vais à Londres, je descends systématiquement au Ritz”. Son implication est vite reconnue. En quelques années à peine, il passe Chef de la réception résolu à ne plus quitter ce monde du luxe.Parmi ses clients réguliers, un certain Pierre Cardin le sollicite régulièrement pour qu’il vienne à Paris s’occuper du lancement de la Résidence Maxim’s. “Il avait le don de faire rêver sur le projet, même si la réalité était un peu différente. J’ai accepté la responsabilité car elle me faisait encore grandir d’un échelon et m’a propulsé en trois ans dans le top management du groupe”. Mais le monde hôtelier lui manque et il préfère repartir à Londres, dans le groupe Forte. “La qualité de la formation interne du personnel était très réputée. De plus, c’était un groupe international avec une forte personnalité, Rocco Forte, à sa tête”, se souvient Jean-Claude Messant auquel on confie le soin d’assister le directeur général pour l’ouverture d’un nouvel hôtel à Bath, un challenge intéressant d’autant qu’avec le départ précipité de son patron, il est propulsé quelques mois à la tête de l’hôtel. Sa réputation de gros travailleur lui ouvre les portes d’un nouveau challenge, la rénovation complète du Waldorf, dans le quartier des théâtres de Londres. Là encore, adjoint du directeur général, il finit par diriger l’hôtel au bout d’un an. “Je me sentais prêt à être directeur en titre et j’ai eu une conversation avec le staff de Forte qui n’a pas su me proposer un poste intéressant”. Il a l’opportunité de rejoindre Cyril Stein, le nouveau propriétaire du Saint-James Club de Londres, le fondateur de Ladbroke, un homme à la réputation un peu sulfureuse avec lequel le courant ne passera pas vraiment. “Je suis prêt à m’impliquer totalement dans mon job, mais j’ai besoin d’être amoureux du lieu et valorisé par mes patrons autant que je valorise mon équipe”. Retour en France où le départ de Pascal Brun sur la Côte d’Azur, son condisciple de la rue Médéric, lui ouvre la porte du Royal Barrière à Deauville. “J’ai pris un immense plaisir à travailler à Deauville et au Royal pendant 4 ans. Nous formions une bonne équipe dans la station. Un jour je suis convoqué au siège à Paris en présence de Diane Barrière qui me demande de réaliser le rêve de son père en ouvrant un palace sur les Champs-Elysées. Je ne pouvais pas dire non”. A la tête du Fouquet’s et du Carré d’Or, Jean-Claude Messant doit faire face aux lenteurs du montage financier et immobilier d’un ensemble complexe. Au bout d’une année, il cède à l’appel du propriétaire du Métropole de Monte Carlo qui le veut comme directeur général. “Ce fut un choix déchirant, celui de quitter un groupe qui m’a beaucoup apporté et fait confiance, mais l’hôtel n’a ouvert que cinq ans après mon départ. Et puis au Métropole, j’avais une page blanche. Nous nous sommes assis avec Fadi Boustany, le propriétaire, pour rédiger notre vision du luxe et la traduire dans la conception de l’établissement. C’est quand même un moment rare. Travailler avec Joël Robuchon, Jacques Garcia, Didier Gomez; Susan Harmsworth, Béatrice Ardisson a été un moment de grande fierté quand je vois le résultat que nous avons accompli”, explique le directeur du palace. Il faut croire pourtant qu’il ne vit que pour de nouveaux challenges, car il cède une nouvelle fois, après quelques années, à l’appel du groupe Concorde qui lui demande de conduire la rénovation du Crillon. “Je suis arrivé en pleine crise, au milieu d’une cession qui traîne avec des travaux stoppés et une clientèle quasi absente. Je crois que j’ai vécu en 18 mois ce que des directeurs vivent habituellement dans un cycle de 10 ans. J’ai eu un formidable soutien de la chaîne Concorde avec des vrais talents au siège alors que j’ai souvent eu l’habitude de travailler de façon plus autonome. C’était aussi une nouvelle expérience”.Fadi Boustany n’avait jamais renoncé à le faire revenir à Monaco et sait jouer sur la corde sensible. “Je ne serais pas revenu pour faire la même chose, mais un nouveau défi attend le Métropole. D’abord reconquérir une clientèle qui a aussi vécu la crise financière et surtout conduire deux chantiers importants. Nous allons procéder à une nouvelle rénovation avec une figure du monde de la mode qui a accepté de se prêter au jeu, et j’ai l’intention de développer hors de Monaco un concept de restauration qui fonctionne très bien au Métropole, une restauration légère, féminine, type salon de thé, avec l’aide de Joël Robuchon”.Déterminé et convaincu, c’est le moins qu’on puisse dire pour ce directeur général de 50 ans qui envisage sa fonction comme un carrefour de plus en plus complexe et riche entre les ressources humaines, les obligations sociales, une bonne dose de communication, mais aussi l’expertise technique et le management financier. Son père doit être content de le voir revenir aux mathématiques par des voies détournées.

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