
• Ce n’est qu’à 21 ans qu’Emmanuelle Lacoste a songé à faire carrière dans l’hôtellerie. Quant aux ressources humaines, c’est un autre qui y a pensé pour elle. Pourtant, c’est bien elle qui est aujourd’hui à la tête du service RH d’Hyatt pour l’Europe du Sud Ouest et pour l’Afrique du Nord. • Volontaire et sûre d’elle, elle a gravi petit à petit les échelons, de la réception de l’InterContinental Paris à son bureau installé dans le Park Hyatt de la rue de la Paix qui l’a longtemps fait rêver. • Aujourd’hui, les ressources humaines sont devenues pour elle une vocation, et en regardant ses collègues, elle imagine déjà qui elle pourrait recruter pour les futurs hôtels du groupe.
Née à Djibouti, son enfance, Emmanuelle Lacoste l’a passée entre l’Afrique, la Thaïlande, Singapour, et Tahiti. “Mon père a travaillé 35 ans en tant qu’expatrié. J’ai donc étudié dans des écoles à l’ambiance très internationale”. Une ambiance qu’elle ne retrouve pas à la faculté, où elle entreprend un Deug d'histoire sans grande conviction. Et puis un jour, au détour d’une conversation, une amie lui parle d’une connaissance qui fait des études d’hôtellerie. “Cela a été le déclic. Avec mes parents, on passait souvent quelques semaines à l’hôtel en arrivant dans un pays. Pour moi, c’était un univers de rêve ! Mais je ne savais pas vraiment que l’on pouvait l’étudier. Que c’était… de vrais métiers, disons”. Une méconnaissance du secteur qui lui parait impensable aujourd’hui mais que ses parents partagent à l’époque. C’est donc un peu inquiets mais curieux qu’ils l’accompagnent chez un conseiller d’orientation. Et en l’écoutant et en feuilletant les brochures des grandes écoles, Emmanuelle est définitivement convaincue. L’hôtellerie est faite pour elle. A 21 ans, elle débute donc ses études en management hôtelier à Glion.1991 – 1993 : études de management hôtelier à Glion, Suisse _ 1994 – 1997 : réceptionniste puis chef de brigade Grand Hôtel InterContinental _ 1997 – 1998 : responsable de la réception à l’InterContinental de Londres _ 1998 – 2004 : assistante chef de réception, directrice de l’hébergement au Hyatt Regency Paris-Madeleine, puis responsable du pôle formation des 3 hôtels parisiens _ 2004-2007 : responsable du pôle formation Hyatt et directrice des Ressources humaines au Hyatt Regency Paris Charles de Gaulle, puis DRH régionale pour les 3 hôtels parisiens _ Depuis 2009 : directrice des Ressources humaines Hyatt pour l’Europe du Sud Ouest et l’Afrique du Nord et DRH du Park Hyatt Paris-VendômeDès le premier jour, elle se fait des amis “qui le sont restés”, retrouve l’environnement international qui lui “manquait tant”, découvre l’internat, l’uniforme, la rigueur… Et tout lui plait ! Surtout ses premiers pas professionnels, lors d’un stage au Grand Hôtel InterContinental. Elle y est réceptionniste et se régale. “J’avais presque l’impression que c’était un jeu !”, se souvient-elle. Une fois diplômée, c’est d'ailleurs vers cet hôtel qu’elle se tourne, sans avoir pourtant aucun contact dans le milieu. “Ce fut ma porte d’entrée», sourit Emmanuelle.C’est donc à la réception qu’elle débutera. “Le titre ne comptait pas pour moi. Je voulais simplement travailler dans un hôtel qui me plaise, avec une équipe que j’aime”. Pour Emmanuelle, pas de plan de carrière donc. D’ailleurs, jusqu’à aujourd’hui, elle n’a demandé qu’une seule fois une promotion, justement à l’InterContinental. Lorsqu’elle apprend au bout de 9 mois qu’un responsable quitte la réception, elle se rapproche de son supérieur et lui avoue humblement être intéressée. “Je lui ai expliqué que j’avais conscience que c’était tôt, mais que je le prévenais maintenant pour que peut-être il pense à moi la prochaine fois”. Finalement, le poste lui est confié, mais Emmanuelle n’a plus jamais rien demandé. “Je n’aime pas ça. Tous mes postes, on me les a proposés. Et puis j’ai assez confiance en moi, en ma force de travail et en mon caractère généralement apprécié, pour me dire que les choses se feront naturellement”.Avec ce nouveau poste, Emmanuelle dirige pour la première fois une équipe. “Je me suis sentie très à l’aise dans ce rôle. Je gérais un peu les choses à la façon d’une maman… Mais au bout de 2 ans et demi, j’ai eu envie de repartir à l’étranger”. Elle s’envole donc pour l’InterContinental de Londres. “Les employés formaient tous une petite famille d’expatriés. C’était très agréable. Mais le rythme était très soutenu ! Avec 447 chambres, l’hôtel faisait 90 à 95% de TO. Le turn-over chez les salariés était très important…” Pourtant, Emmanuelle, elle, reste. En deux mois seulement, elle passe de chef de brigade à responsable de la réception. Elle gère alors une vingtaine de personnes et s’épanouie pleinement. Mais lorsque Hyatt la contacte, elle décide de revenir à Paris.Il faut dire que c’est là que s’est installé l’homme de sa vie. Et surtout, ses amis rencontrés à Glion lui parlent de plus en plus de ce groupe qui vient d’ouvrir le Hyatt Regency à Paris CDG et a un Hyatt Regency Paris - Madeleine en projet… “Après mes 447 chambres, un hôtel de 86 chambres, c’était très tentant !” Elle se joint donc à l’aventure en devenant assistante chef de réception pour ce nouvel hôtel. Et c’est avec tout son enthousiasme qu’elle se lance dans cette aventure. “Une ouverture, c’est toujours excitant. C'est énormément de travail et de stress aussi... Mais je suis solide !”, souligne Emmanuelle. Son responsable de l’époque, lui, n’a pas tenu. Elle le remplace donc et prend du galon. Et au bout de deux ans, elle est nommée directrice de l’hébergement. A ce poste, elle remplace régulièrement son directeur, Christophe Lorvo, lors de ses week-ends, de ses vacances… Et surtout, elle devient maman de 3 enfants. “Un garçon, puis des jumelles. Le tout en dix-sept mois !” Ce qui ne l’empêche pas de revenir avec la même envie. “Et la direction m’a très bien accueillie”. Elle lui propose même un tout nouveau poste..dans la formation. Pourquoi ? Parce que Michel Jauslin, vice-président régional, a parié sur elle et sur sa capacité à gérer les ressources humaines. Il la voit à l’aise avec ses équipes, bonne manageuse… Et décide donc de l’accompagner dans cette nouvelle carrière à laquelle rien ne la prédestine. Un profilage réussi puisque depuis, Emmanuelle ne se voit plus faire autre chose.Très vite, pour qu’elle apprenne le métier, Michel Jauslin la nomme DRH de l’hôtel de Charles de Gaulle tout en la laissant à la tête du pôle formation. “J’étais entourée d’une équipe formidable qui m’a beaucoup aidée, je me suis énormément documentée et je n’ai jamais hésité à poser des questions. Résultat : je n’ai pas fait d’erreur”. Preuve que le pari de Michel Jauslin n’était pas si fou. Elle restera 3 ans à la tête de ce service. Puis, toujours installée dans cet hôtel, elle est nommée DRH régionale et ajoute donc à son portefeuille le Paris Madeleine et le Vendôme. Un poste en or pour quelqu’un qui n’a jamais fait d’études en RH. Et pourtant, c’est une autre envie qui occupe ses pensées. “Je voulais travailler au Park Hyatt Paris Vendôme. J’en rêvais même la nuit !” A l’entendre parler de cet établissement "mythique", on comprend vite que celle qui est “arrivée à l’hôtellerie sur le tard” n’en est pas moins une passionnée. Et visiblement, son souhait a été entendu puisque le groupe la nomme DRH de l’hôtel de la rue de la Paix. “C’était autant de responsabilité, mais dans un lieu de rêve”, se réjouit Emmanuelle. Et l’évolution de sa carrière ne s’arrête pas là. Lorsque Hyatt découpe son activité en zones, c’est à elle qu’on confie la direction des ressources humaines des hôtels d’Europe du Sud Ouest et d’Afrique du Nord… ”Mes enfants sont plus grands, je voyage donc de nouveau avec plaisir. Et surtout, je vais être amenée à suivre de nombreuses ouvertures. Nous avons déjà posé la première pierre de plusieurs hôtels, notamment à Marakech et Lisbonne… Durant les 5 prochaines années, les défis promettent donc d’être nombreux”, annonce Emmanuelle les yeux pétillants d’envie.Emmanuelle Lacoste en quelques dates.