• Depuis mai 2008, Didier Picquot a rejoint l’équipe de la Mamounia de Marrakech, palace mythique s’il en est, pour superviser la rénovation débutée en 2006 et assurer sa réouverture récente comme directeur général. • Elevé entre le Vietnam et Hong Kong, il a débuté dans l’hôtellerie presque par accident, à une période où l’hôtellerie asiatique servait de modèle au monde. Mais il n’a pas voulu être prisonnier d’une seule culture, alternant les postes entre l’Orient et l’Amérique du Nord. • Il fait aujourd’hui partie du club très fermé des Français capables de diriger un palace de classe internationale, regrettant l’évolution du métier vers une gestion prudente, lui qui a connu l’époque des pionniers à la personnalité charismatique.
Depuis un peu plus d’un an, il supervise la finition des travaux, complète son équipe, s’implique pour donner un ton. “Nous cherchons à faire vivre une expérience en jouant sur les cinq sens afin que chaque client, quelle que soit son attente, puisse y trouve son bonheur”. Avec le cumul de ses expériences sur plusieurs continents, au sein des groupes les plus réputés pour leur niveau d’excellence, Didier Picquot se sent armé pour affronter ce défi, même dans un Marrakech où toutes les plus grandes enseignes veulent planter leur fanion. “Dans ma carrière, j’ai été au contact de très fortes personnalités de l’hôtellerie, des pionniers comme Bob Burns, Adrian Zecha, Georg Rafael… qui infusaient leur personnalité aux établissements qu’ils ont dirigés ou qu’ils ont créés. Ce sont des hommes que je respecte pour leur audace et leur goût du risque. Avec une plus forte pression des sièges - je le sais d’autant plus que j’y ai été -, de la recherche prioritaire de la rentabilité en “bottom line”, les directeurs généraux ont tendance à se laisser étouffer, à être plus frileux. Je pense vraiment que le rôle du directeur général est d’apporter sa personnalité comme une valeur ajoutée”.1971 : Premier pas au Hilton International de Hong Kong _ 1976 : Directeur de la Restauration au Hyatt de Singapour _ 1978 : Directeur général adjoint du Hyatt Regency de Montréal _ 1982 : Directeur général du Plaza Hotel d'Ottawa _ 1986 : Directeur général du Four Seasons de Montréal _ 1989 : Directeur général du Ritz Paris _ 1990 : Directeur général du Island Shangri-La Hong Kong _ 1993 : Vice président des Opérations pour Peninsula _ 1998 : Directeur général du Four Seasons The Pierre à New York _ 2003 : Vice président de Four Seasons pour la Thaïlande _ 2005 : Directeur général du Lyford Cay Members Club Bahamas _ 2008 : Directeur général de La Mamounia à Marrakech“Mon premier souvenir d’école hôtelière, c’est le bar du Grand Hôtel Continental de Saïgon, où mon père, militaire en Indochine, avait ses habitudes”, raconte Didier Picquot en forme de boutade. Très jeune, il tombe sous le charme des beaux établissements. “Un ami de la famille, Claude Terrail, avant qu’il reprenne La Tour d’Argent, dirigeait le Bellman à Paris, et c’est là que nous séjournions à chaque retour en France et j’aimais beaucoup cette atmosphère”.“En quittant la carrière militaire, mon père s’est installé à Hong Kong pour développer ses propres affaires. Sans lycée français dans la colonie britannique, il m’a envoyé en France pour mes études”. Nous sommes à la fin des années soixante, en pleine période trouble. Le jeune lycéen décroche son bac brillamment et un passeport pour Sciences Po, mais reconnaît qu’il passe plus de temps chez Castel que sur les bancs de la rue St-Guillaume. “Après Mai 68, les cours étaient très désorganisés, j’ai tenu une année, mais j’ai préféré faire un break et retourner à Hong Kong”. Il y retrouve un autre ami de la famille, Ken Moss, patron de Hilton, qui lui propose d’occuper son temps comme assistant aux Relations publiques. Six mois plus tard, au moment de retourner en France pour finir ses études, le stage se transforme en proposition d’embauche. Une carrière hôtelière débute. “C’était l’âge d’or de l’hôtellerie en Asie, avec un développement intensif des grandes chaînes et beaucoup de postes à prendre pour quelqu’un de déterminé”. Il participe à l’expansion de Hilton dans la région, entre Hong Kong et Taïwan, intègre le programme de formation accélérée des cadres au Reine Elisabeth de Montréal, un choc de culture qui n’est pas pour lui déplaire.De retour en Asie, il rejoint les équipes de Hyatt International à Singapour et se retrouve propulsé quelques années plus tard à Montréal comme adjoint au directeur du nouvel hôtel. “J’étais un des rares francophones dans le groupe Hyatt et, en pleine ascension du Parti québecois, il fallait absolument un interlocuteur parlant le français dans l’hôtel”, se souvient Didier Picquot. Le Canada sera sa nouvelle patrie d’adoption pour une dizaine d’années, au point d’y gagner la double nationalité. “Par rapport à mes confrères directeurs d’hôtels en Asie, qui ont tendance à ne pas vouloir quitter la région, j’ai joué de ce va-et-vient régulier entre l’Asie et le continent américain pour m’ouvrir l’esprit et ne pas être cantonné à une seule culture. A l’époque c’était assez inhabituel. J’ai trouvé cela très enrichissant sur un plan personnel, même si c’est parfois difficile à vivre en raison des différences de pratiques dans chaque continent”.Au gré des rencontres et des appels du pied, il travaillera pour plusieurs groupes, Plaza Hotels à Ottawa, Four Seasons à Montréal, avant une courte expérience comme directeur général du Ritz de Paris. “Le poste n’a pas évolué comme je le souhaitais”, dit-il pudiquement pour justifier son retour en Asie et ouvrir le Island Shangri-La de Hong Kong. Le réseau asiatique fonctionne à nouveau et il se retrouve vice-président des Opérations pour le groupe Peninsula. “C’est très surprenant de se retrouver au siège d’un groupe pour piloter les directeurs généraux et superviser les stratégies. On se coupe des opérations et on y perd une forme de légitimité comme hôtelier”. C’est ce qui le conduit à accepter la succession de Didier Le Calvez à la tête du Pierre de New York, géré par Four Seasons, pour se retrouver aux commandes d’un hôtel mythique du groupe. Au bout de quatre ans, son balancier personnel de carrière le ramène en Asie, pour diriger le Four Seasons de Bangkok, ex-Regent, et assurer la vice-présidence du groupe pour la Thaïlande. Plus récemment, il se laisse convaincre de tenter une nouvelle expérience en prenant la direction du Lyford Cay Members’ Club à Nassau aux Bahamas. “C’est sans doute le resort le plus exclusif au monde avec 1 200 membres qui comptent parmi les premières fortunes du monde et de grandes personnalités”, explique Didier Picquot, qui côtoie ainsi chaque jour la clientèle la plus huppée de la planète. Il est naturel que les propriétaires de La Mamounia de Marrakech aient tout fait pour le convaincre de prendre les rênes de cet hôtel légendaire. Didier Picquot ne résiste pas à l’appel : “Il n’y a qu’une quinzaine d’hôtels de cette réputation dans le monde et ils ne sont refaits de fond en comble que tous les 25 ans. On ne crée plus un hôtel mythique de nos jours, on ne peut que les rouvrir. Combien de chances avez-vous dans votre carrière de directeur de participer à un tel événement ?”Depuis un peu plus d’un an, il supervise la finition des travaux, complète son équipe, s’implique pour donner un ton. “Nous cherchons à faire vivre une expérience en jouant sur les cinq sens afin que chaque client, quelle que soit son attente, puisse y trouve son bonheur”. Avec le cumul de ses expériences sur plusieurs continents, au sein des groupes les plus réputés pour leur niveau d’excellence, Didier Picquot se sent armé pour affronter ce défi, même dans un Marrakech où toutes les plus grandes enseignes veulent planter leur fanion. “Dans ma carrière, j’ai été au contact de très fortes personnalités de l’hôtellerie, des pionniers comme Bob Burns, Adrian Zecha, Georg Rafael… qui infusaient leur personnalité aux établissements qu’ils ont dirigés ou qu’ils ont créés. Ce sont des hommes que je respecte pour leur audace et leur goût du risque. Avec une plus forte pression des sièges - je le sais d’autant plus que j’y ai été -, de la recherche prioritaire de la rentabilité en “bottom line”, les directeurs généraux ont tendance à se laisser étouffer, à être plus frileux. Je pense vraiment que le rôle du directeur général est d’apporter sa personnalité comme une valeur ajoutée”.