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Portrait de Didier Delalande, directeur général de Le Mathurin : La vocation retrouvée

6 min de lecture

Publié le 16/06/09 - Mis à jour le 17/03/22

• Après deux ans de travaux, surveillés quotidiennement par Didier Moinel Delalande, Le Mathurin a enfin ouvert ses portes et son jeune directeur général peut désormais y appliquer sa philosophie d'un accueil très personnalisé. • Le début de sa vie professionnelle a été davantage animé par ses passions sportives, du parachutisme au polo en passant par les voitures de course. L'envie de construire l'a rattrapé, tout comme sa formation à l'école hôtelière Eshotel. L'hôtellerie est son nouveau territoire d'expression avec une forte implication. • Il compte y développer une approche originale, mêlant un évident talent pour recevoir, un enthousiasme pour la culture et une fibre marketing qui devraient le conduire à l'amorce d'une chaîne de boutique hôtels.

Didier Moinel Delalande en quelques dates ...

L'aventure a pris aujourd’hui une autre dimension. En établissant quotidiennement sa feuille de route avec Florence Chevalier, sa directrice d'exploitation, Didier Moinel Delalande en est presque à regretter les visites de chantier. “C'est vrai que chaque matin est différent. Je guette les réactions des clients sur TripAdvisor. Je surveille les petits travaux qui restent à fignoler et je me passionne pour donner vie au projet… mais dès que l'hôtel va être en rythme de croisière, je risque de me lasser et je me verrai bien sur d'autres projets. Quand je me prends à rêver, je me vois assez bien à la tête d'une dizaine d'établissements dans l'esprit du Mathurin en France et dans les grandes villes d'Europe.”1994-1995 : Cours à l'Eshotel _ 1997 : Service militaire et découverte du parachutisme _ 1998-2005 : Créateur et patron de On Top Aviation _ 1998-2006 : Adepte des compétitions de parachutisme (2 100 sauts), de courses automobiles (GT France, 24H de Daytona, 24 H de Spa), de polo _ 2006-2007 : Rachat de l'hôtel Le Mathurin et du Fortuny, rue des Mathurins _ 2009 : Inauguration du nouveau Mathurin avec son spa NuxePassant gamin au pied du Concorde Lafayette, le petit Didier Moinel Delalande décrète avec aplomb à sa mère qu'il en sera un jour le directeur. Une vocation est née, entretenue par les fréquents séjours à l'hôtel d'une famille voyageuse. Ce choix de carrière précoce le conduit sur les bancs d'Esothel Paris. Mais les sauts en parachute effectués lors de son service militaire vont l'éloigner - un temps - de l'hôtellerie. Il se découvre une nouvelle passion pour la chute libre et en fait son business à travers On Top Aviation et la location d'avions spécialisés pour le parachutisme. Plusieurs années de suite, il parcourt les terrains de jeu des adeptes de sensations fortes en France et en Amérique. Le décès de son père le ramène près de son frère Emmanuel pour s'occuper d'Aérokart, un kart indoor et un simulateur de chute libre, imaginé en famille et qui fait ses premiers pas. Ses temps libres, il les occupe en compétitions de polo à Bagatelle et en courses automobiles. Parfaite illustration du fils de bonne famille un rien dilettante, Didier Moinel Delalande finit par se lasser de l'image qu'il projette. “On avait toujours le sentiment que je ne faisais rien de très sérieux et pourtant je travaillais pour gagner ma vie et assouvir mes passions. J'avais une certaine frustration à passer constamment pour un oisif”.Le holding patrimonial de la famille décide d'investir dans l'hôtellerie et Didier retrouve ainsi le chemin de sa première passion. “Elle ne m'avait jamais quitté réellement. Elle était plutôt mise entre parenthèses”. Le rachat du Mathurin et puis du Fortuny voisin, rue des Mathurins, lui donne l'occasion de s'investir à fond dans la transformation des bâtiments. “Je m'attendais à un an de travaux avec Vincent Bastie, l'architecte qui avait déjà travaillé sur Le Mathurin, mais chaque mois apportait son lot de surprises. Nous voulions réunir les deux bâtiments pour créer un hôtel de 54 chambres. Ce n'était pas une mince affaire. J'étais chaque jour sur le chantier pendant les deux ans qu'ils ont duré”. Conseillé par son agence de communication, Didier Moinel Delalande décide de mettre ces deux années à profit pour établir un “buzz" autour du chantier et ponctuer le compte à rebours jusqu'à l'ouverture. Régulièrement des artistes, des sportifs, des personnalités du spectacle se font photographier sur le chantier pour associer leur image à l'hôtel au bénéfice de l'association Le Rire Médecin, qui recevait une contribution à chaque séance et a bénéficié de la vente aux enchères des 52 clichés lors de l'inauguration.Depuis quelques semaines, l'établissement a ouvert ses portes et Didier entame une nouvelle vie. “J'ai une vision assez personnelle de l'hôtellerie dans l'esprit d'un lieu de vie animé. J'ai baptisé notre philosophie : “Le luxe d'être chez soi”, je veux la traduire dans les faits, non seulement parce que nous avons créé un superbe établissement de charme, mais parce que je souhaite que les clients prolongent leur séjour tellement ils y sont bien. La moyenne d'un séjour parisien est inférieure à deux nuitées, si j'arrive à doubler ce chiffre, j'aurai le sentiment de réussir mon pari”.La culture reste très présente dans la vision hôtelière du jeune patron. Il organise régulièrement Les Rendez-Vous du Mathurin autour d'une exposition de photos, de toiles pour faire vivre les murs, ou d'une lecture qui transforme l'établissement en salon littéraire. “Je veux faire passer le message aux clients étrangers qu'il y a autre chose à Paris que la Tour Eiffel et Montmartre et que la culture est aussi une forte motivation de séjour”. Ambitieux et imaginatif, Didier Moinel Delalande veut insuffler cet état d'esprit à son personnel. “Au-delà du contrat de travail, il doit y avoir une motivation personnelle, une raison de venir bosser chaque matin. Ils participent à la même aventure”.La période n'est pas la plus propice pour ouvrir un hôtel de luxe à Paris, mais pour des établissements qui se veulent différents, la crise a ses limites. “Je me refuse à baisser mes prix de façon indécente. Je fais une promesse à mes clients que je tiens avec mon personnel, je peux exiger d'eux qu'ils la paient au juste prix. Et c'est plutôt bien accepté. L'hôtel ressemble beaucoup à ce que je suis. Il est le reflet de ma personnalité que je veux chaleureuse, respectueuse et décontractée, avec des pointes d'humour”. Le début de l'exploitation est encourageant avec un taux d'occupation qui dépasse régulièrement les 75 %, “sans brader, même si je n'ai pas le prix moyen de mes prévisions initiales. Je serre les boulons et je ne cache rien au personnel parce qu'il faut traverser cette crise sans les laisser dans le noir. Les salariés sont capables de comprendre pourquoi certaines décisions doivent être prises si on les associe”. Il est vrai qu'en quelques semaines plusieurs établissements de luxe se sont ouverts à Paris, ajoutant plusieurs centaines de chambres sur le marché. “Je constate aussi qu'il y a une véritable amélioration de l'offre parisienne. Les récentes ouvertures font monter la qualité d'un cran. J'ai pris le parti de ne pas m'inscrire dans un réseau ou une organisation commerciale pour piloter moi-même notre stratégie au quotidien”.

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