
• Architecte d'intérieur, Céline Moscheni-Tournaire baigne depuis sa tendre enfance dans l'univers hôtelier grâce à son père, Claude Moscheni, dirigeant historique du groupe Accor • En créant sa propre agence, dont le nom comprend un H pour hôtellerie, Céline affiche l'ambition de mettre sa griffe sur des hôtels plutôt haut de gamme, lui laissant une certaine liberté d'expression. • Après quelques réalisations partielles, elle se sent prête aujourd'hui pour un plus grand projet, qui lui apporterait une véritable légitimité hôtelière, elle-aussi.
Après bons nombre de réalisations dans le commerce et les appartements privés, Céline Moscheni-Tournaire entend bien donner du sens au H de M.O.HA. et qu’à travers son prénom une nouvelle génération de Moscheni affirme clairement sa légitimité dans l’univers hôtelier.1997 : diplômée de l’Ecole Boulle de Paris _ 2002 : diplômée de l’Ecole des arts graphiques Camondo à Paris _ 1997-2002 : différents stages à Orlando chez Fulgerberg & Koch, chez Peter Marino New York, puis l’Espagne, Pierre-Yves Rochon à Paris …. _ 2002 : Premier engagement professionnel chez Gérard Amsellem, architecte designer _ 2005 : Création de l’agence M.O.H.A.Quand on est la fille de Claude Moscheni, dirigeant historique du groupe Accor et aujourd’hui franchisé encore très impliqué, y a-t-il une autre voie que l’hôtellerie ? Céline Moscheni-Tournaire a plutôt préféré prendre les chemins de traverse pour se retrouver un jour sur une voie plus royale. "Mon père m’a toujours laissé, comme à ma soeur, une grande liberté de choix et dès le collège je me suis prise de passion pour les arts en général, et l’architecture en particulier. Après quelques visites lors de portes ouvertes, je me suis décidée pour l’Ecole Boulle à Paris”. En troisième année, le choix s’affine et Céline se dirige vers l’architecture d’intérieur. Elle intègre l’école Camondo pour approfondir sa technique. Pendant cinq ans, elle alterne les cours et les expériences professionnelles. “L’école apprend à développer l’imagination, à révéler sa personnalité, mais elle est loin des réalités techniques et économiques auxquelles on est confronté sur le terrain. Je dois à mon père d’avoir fait quelques stages passionnants chez des designers spécialistes de l’hôtellerie à l’étranger, notamment aux Etats-Unis et en Espagne. Cela ouvre les horizons et on touche la réalité du métier, les charrettes, les contraintes... tout en apprenant à pratiquer l’anglais” En France, elle passera aussi plusieurs été comme stagiaire dans le cabinet de Pierre-Yves Rochon, en approchant petit-à-petit l’univers de l’hôtellerie.Diplôme en poche, elle est engagée chez Gérard Amsellem à Issy-les-Moulineaux pour vivre ses premières expériences grandeur nature. “Je suis embauchée un vendredi et dès le lundi suivant je partais deux mois à Cannes pour réaliser une boutique et un appartement. Rien de tel que de sauter dans le grand bain pour savoir vite nager. Il y a bien eu quelques petits ratés, mais je m’en suis bien sortie et cela donne de la confiance pour les autres projets”. Céline travaille trois ans dans le cabinet, alternant les chantiers pour des commerçants et des particuliers, mais toujours pas d’hôtels en vue. Arrive un jour, un projet important, la réalisation complète d’un appartement de grande dimension. L’occasion de déployer le savoir-faire accumulé depuis des années et de sauter le pas vers la création d’entreprise.“A travers ce projet, je me suis senti capable de voler de mes propres ailes et j’ai créé mon entreprise l’agence M.O.H.A. en 2005”, explique Céline Moscheni-Tournaire qui affiche le H pour hôtellerie comme un terrain de jeu où elle compte bien s’exprimer. “Pour l’instant je ne suis pas encore intervenue pour maîtriser complètement un chantier hôtelier. J’ai eu l’occasion d’intervenir sur la réfection d’un lobby, la rénovation de chambres, ou encore l’adaptation d’un concept pour un franchisé Accor”. Céline tient avant tout à développer et affirmer sa compétence professionnelle. Elle est fière d’avoir décroché ses premiers contrats hôteliers sans l’aide de son père. “J’assume totalement mon nom, même si j’ai tendance à le prononcer à l’italienne pour ne pas influencer les relations que j’ai avec mes clients potentiels et qui seraient amenés à le connaître. Je veux m’exprimer davantage dans l’univers de l’hôtellerie mais en ayant fait mes preuves, quitte à entrer par la petite porte. Si les relations de mon père m’ouvrent d’autres portes plus larges plus tard, je n’ai aucun complexe par rapport à cela. Au contraire, je profiterai de cette aide quand j’aurai pu démontrer mes capacités sur un grand projet”.A 32 ans, Céline affirme son style personnel tout en favorisant davantage l’approche intemporelle que la signature très connotée. “J’aime beaucoup le travail de Sybille de Margerie, une élégance intemporelle qui s’adapte aux lieux et aux cultures. Un architecte d’intérieur doit avoir sa propre écriture et proposer ses choix, sa vision aux clients tout en respectant leur personnalité et leur histoire. Un vrai travail de psychologue… et il ne s’agit pas d’être ostentatoire. Je laisse cela à d’autres”. Inspirée par la lumière des pays chauds, Céline Moscheni-Tournaire aime laisser des repères de son passage dans chaque chantier. “J’aime jouer avec la lumière, créer des meurtrières dans les parois, faire de petites ou grandes ouvertures ou des niches pour faire vibrer un mur. La relation d’un espace avec l’extérieur est primordiale pour moi. J’aime travailler avec des matériaux nobles et des matières brutes, la pierre, le bois, de beaux revêtements. Il m’est encore difficile d’entrer dans le cadre du cahier des charges très rigoureux des enseignes normées qui laissent peu de place à l’expression libre. Je suis meilleure quand j’arrive à me libérer des contraintes, alors il faut rencontrer un propriétaire qui ait la même envie pour son hôtel. J’ai quelques pistes intéressantes avec des hôtels de quartier qui veulent s’inscrire dans leur environnement”.Car plus qu’une décoratrice, Céline insiste sur la dimension architecturale de son métier. “La vogue pour la décoration d’intérieure, popularisée par les nombreuses émissions de télévision, est à double tranchant. Son côté positif est de braquer le projecteur sur le design d’intérieur, le rendre plus accessible, mais en même temps elle s’attarde sur le côté spectaculaire et superficiel. Elle donne le sentiment que tout est rapide et facile, qu’on peut transformer une maison en une semaine ou une journée. L’architecture d’intérieur passe avant tout par une réflexion sur les espaces, pour valoriser au maximum leur utilisation. Notre diplôme nous permet d’intervenir de façon lourde sur des surfaces jusqu’à 170 m2, en déplaçant des murs, en créant des pièces. La décoration pure est la cerise sur le gâteau, même s’il m’est essentiel d’aller jusqu’au bout du projet en choisissant le mobilier, les tissus et les objets”.