
• Anne Legrand quitte la Direction Générale de son hôtel Renaissance rue du Mont-Thabor pour prendre les commandes de l’hôtel Renaissance Le Parc fraîchement rénové aux couleurs de la marque lifestyle de Marriott à deux pas du Trocadéro. • C’est une marche de plus franchie au sein du groupe par cette bosseuse acharnée qui a gagné ses galons de Directrice Générale après une bonne quinzaine d’années passés dans les postes commerciaux. • Seule femme aujourd’hui à la tête d’un hôtel Marriott en France, elle fait partie d’une génération de professionnels qui a su gérer les périodes de crises économiques successives que doit affronter le secteur hôtelier.
Depuis quelques semaines, le groupe lui a offert un nouveau challenge, assurer la direction du Renaissance Le Parc Paris Trocadéro, l’ancien Sofitel Le Parc qui a été rénové et transformé grâce à l’intervention de Jean-Philippe Nuel. Il faut désormais le repositionner, lui imprimer sa marque lifestyle, de quoi occuper Anne Legrand quelques années. Experte du marché parisien, ayant travaillé pour trois marques différentes du groupe Marriott dans quatre hôtels, se sent-elle à ce point liée à la capitale ? “C’est un avantage d’être dans une ville comme Paris, très compétitive, où il y a encore tant à faire, mais dans quelques années, si une opportunité se présente à l’international, compatible avec l’organisation de ma petite famille, qui sait ?…”1986 : stage étudiant au Marriott Northwest d'Atlanta, Géorgie _ 1986 : diplômée de l'Institut Supérieur de Gestion de Paris _ 1987 : responsable commerciale au bureau des ventes Hilton de Paris _ 1994 : Directrice Commerciale Hilton Suffren _ 1997 : Directrice des Ventes puis Directrice Commerciale & Marketing, Marriott Champs Elysées _ 2000 : où elle passe Directrice des Opérations _ 2002 : Directrice Générale du Courtyard by Marriott à Neuilly _ 2006 : Directrice Générale du Renaissance Paris VendômeBilingue grâce à sa mère américaine, la jeune Anne Legrand s’est sentie naturellement attirée par une carrière commerciale où elle pouvait profiter de cet avantage tout en intégrant un métier de contact humain. Pendant ses études à l’Institut Supérieur de Gestion de Paris, elle a le choix de faire son stage aux Etats-Unis dans un cabinet d’avocats ou dans un hôtel d’Atlanta. C’est finalement la curiosité qui l’a emporté sur la raison. “Je me suis dit que du droit des affaires je pourrais toujours en faire plus tard, mais connaître le fonctionnement d’un hôtel c’était plus original”.La voilà donc pour tout un été au Marriott… en périphérie d’Atlanta. La curiosité se transforme en révélation. Elle passe de la réception à la restauration, est reçue à bras ouverts dans tous les services de l’hôtel, par des cadres qui partagent avec elle leur connaissance du métier, intrigués de recevoir ?une petite Parisienne”. Son diplôme en poche, elle n’a plus qu’une envie, intégrer un groupe hôtelier. Le groupe britannique Ladbroke sera son premier point de chute. A l’époque il gère une vingtaine d’hôtels en Angleterre et en Europe, dont trois à Paris qu’il faut commercialiser.Installée dans le France & Choiseul de la rue St-Honoré, le futur Hôtel Costes, elle se lance résolument dans les ventes, sans se douter que quelques années plus tard, Ladbroke achetant Hilton International, lui ouvrirait de belles perspectives. Elle participe à la création du bureau de ventes Hilton, qui prend ses quartiers avenue de Suffren, se familiarisant aux méthodes anglosaxones. En moins de dix ans, elle parvient au poste de directrice des Ventes de l’hôtel, participant d’un peu plus près aux Opérations. Mais sa première expérience avec Marriott était restée gravée dans son esprit.Elle avait même profité d’un voyage aux Etats-Unis pour aller faire un tour au siège du groupe et se faire quelques contacts. Alors quand elle apprend qu’un hôtel va ouvrir sur les Champs-Elysées, elle ne laisse pas passer l’occasion. “Pourtant on ne me proposait pas le poste de directrice Commerciale & Marketing que j’escomptais. Je devais d’abord faire mes preuves aux ventes. Il fallait prendre le pari que mon travail serait reconnu quand le poste se libérerait”. L’envie est trop forte et sa première approche du groupe aux Etats-Unis lui donne confiance.Elle intègre l’équipe de pré-ouverture, une expérience déjà passionnante en soi. Anne Legrand profite du fait d'être sur place pour mieux se familiariser avec tout le fonctionnement de l’hôtel, se portant volontaire pour faire des permanences et parer aux urgences. En peu de temps, elle décroche le poste de directrice Commerciale et Marketing du premier Marriott parisien.C’est avec le passage à l’an 2000, qu’elle opère sa première révolution de carrière, passant du commercial à la direction des Opérations de l’hôtel, un passage qu’elle accepte comme une marque de confiance de la direction générale et comme l’opportunité d’avoir encore plus cette vision globale du métier qui la motive. “Déjà à la direction commerciale, je m’impliquais beaucoup dans l’opérationnel pour conseiller mes clients, mais cette fois-ci j’assumais la responsabilité du suivi quotidien, de la coordination des départements, la mise en place des standards”. Son entrée dans la gestion opérationnelle d’un hôtel s’est faite d’autant plus facilement qu’elle a participé à son ouverture. Elle n’a ni à prouver sa légitimité, ni à se faire davantage respecter par les équipes. “Les techniques cela s’apprend et Marriott est bien organisé pour former le personnel à tous les niveaux. Le leadership est plus inné et le respect se gagne par le travail et la disponibilité. De ce côté-là, on ne pouvait pas me prendre en défaut”, explique Anne Legrand, qui avoue sa difficulté à trouver le bon équilibre avec sa vie de jeune maman, tant l’hôtellerie la passionne. Cet engagement ne pouvait pas rester sans la récompense ou la charge suprême, selon la façon de voir les choses : la direction générale d’un hôtel. La reprise de l’ex-Club Med, ex-Abella à Neuilly, devenu premier Courtyard de la région parisienne, lui offre l’opportunité d’une direction à part entière. “C’est totalement différent. On cultive naturellement un sentiment d’appartenance : c’est son bébé et son équipe.L’idée est de le faire progresser d’un endroit à un autre, et tous ensemble, en mobilisant les énergies”. Anne Legrand se rend compte aussi de l’exposition nouvelle qui va avec le poste, devant rendre des comptes tout à la fois au propriétaire et au groupe, et être en première ligne face aux clients et au personnel. “Pour couronner le tout, j’ai pris mes fonctions quelques mois après le 11 Septembre”. Avec son expérience commerciale, ce n’est pas un effondrement temporaire du marché qui va lui faire peur. Avec acharnement, elle remonte les résultats profitant, il faut le dire de la situation privilégiée du marché parisien. Elle fait donc partie des directrices qui vont accompagner le développement rapide de Marriott sur la place.Quand l’enseigne Renaissance fait son entrée dans Paris intra-muros, elle saisit l’opportunité. “Il ne faut pas toujours attendre que l’on vous fasse signe, il faut aussi se porter candidat quand on se sent prêt. C’est un moment délicat car il faut être bien sûr d’assumer la charge d’un nouveau défi, ce qui était le cas avec la nécessité de faire connaître la marque Renaissance en plein Paris. Je n’étais pas mécontente de revenir à deux pas de l’hôtel où j’avais débuté rue Saint-Honoré”. A la tête du Renaissance Paris Vendôme, cette véritable boule d’énergie doit une nouvelle fois faire face à la pire crise du secteur, avec une relative philosophie. “Pour avoir traversé plus de périodes difficiles que fastueuses depuis ces dix dernières années, je crois que nous sommes formatés différemment des anciennes générations de directeurs généreux. Les crises font désormais partie de notre environnement commercial naturel. Ce n’est plus une surprise. On voit comment le marché peut se rétablir rapidement”.