
• Il y a quelques semaines, Angélique Viroulaud décrochait le titre national de Meilleur jeune commis de la Chaîne des Rôtisseurs, lors de la finale organisée dans l'Ecole du Cordon Bleu à Paris. Elle obtient ainsi son billet pour New York et la finale mondiale. • Cuisinière déjà à 14 ans, elle avait pris l'habitude de faire le repas de toute la famille, animée par une véritable passion. Elève en CFA à Cognac et Chasseneuil, elle montre très tôt des dispositions pour la victoire, remportant à 20 ans la finale nationale des Olympiades des métiers. • Aujourd'hui Second de cuisine dans le restaurant étoilé La Ribaudière à Bourg-Charente, elle n'entend pas choisir entre passion pour la cuisine et vie de famille. Elle se dit à l'aise dans sa Charente-Maritime sans trop penser au lendemain. Mais ses proches lui voit une carrière bien étoilée.
Malgré la charge de travail, Angélique n'entend pas renoncer à sa vocation et veut faire la preuve qu'il est possible d'être un chef talentueux, une bonne mère et une bonne épouse. “Monsieur Verrat a aménagé mes horaires. Je commence tôt le matin, mais j'ai fini à cinq heures et je peux m'occuper de ma famille”. Son compagnon, employé dans une maison de cognac, n'ira pas s'en plaindre. La tête bien posée sur les épaules, elle laisse venir les choses sans trop se projeter dans l'avenir. “Ce qu'on essaie de prévoir ne se réalise jamais. Alors je préfère faire les choses pas à pas. Ma prochaine étape, c'est de préparer le concours de New York, après on verra bien”. Malgré cette modestie, bien réelle, il paraît évident à tous qu'Angélique a l'étoffe des plus grandes. Il serait bien étonnant de ne pas la voir briller dans d'autres concours, même si elle se dit à l'aise dans sa Charente-Maritime, près de sa famille.1986 : Naissance en Charente et vocation culinaire précoce auprès de son père _ 2000-2001 : CAP de cuisine au CFA de Cognac en alternance à L'Echassier _ 2002-2003 : BEP de cuisine au CFA de Chasseneuil-sur-Bonnieure _ 2003 : Première victoire en équipe pour le CFA de Chasseneuil au concours Tipiakmania _ 2003 : Début comme commis à La Ribaudière avec Thierry Verrat _ 2007 : Première à la finale nationale en Cuisine aux Olympiades des métiers _ 2009 : Lauréate nationale du Meilleur jeune commis de la Chaîne des Rôtisseurs.Chez les Viroulaud, famille charentaise établie à Chérac, la cuisine est un lieu privilégié que la petite Angélique a tout de suite envahi. Elle passait des heures à aider ses parents, à apprendre leurs recettes et se charger très jeune de faire le repas pour eux et ses trois sœurs. “C'était comme une révélation. J'aimais vraiment faire ça”, raconte aujourd'hui Angélique qui s'est naturellement tournée vers l'apprentissage au CFA de Cognac. A peine âgée de 14 ans, elle passe ses deux années en alternance entre les bancs de l'école et le restaurant L'Echassier à Châteaubernard qui lui fait faire ses premiers pas. Première confrontation avec un univers traditionnellement masculin. “C'était difficile car les filles étaient encore mal acceptées dans un univers très macho. Il fallait faire ses preuves et serrer les dents. Mais j'ai eu la chance de travailler avec le chef Gaëtan Poterat, qui m'a beaucoup appris et m'a toujours encouragé à me démarquer des autres, à jouer la différence”. Angélique s'accroche à ce métier de cuisinier qu'elle aime trop pour se laisser décourager. L'été, elle fait des saisons pour se parfaire, notamment dans la cité de Carcassonne. Elle pousse même en BEP au CFA de Chasseneuil-sur-Bonnieure. C'est là qu'elle tente son premier concours culinaire.C'est une épreuve en équipe, le concours Tipiakmania Grand Ouest, sur le thème du poisson et des saveurs de la mer. Son équipe remporte le concours haut la main. Elle apprécie cette “envie de se dépasser pour gagner” et l'adrénaline de la compétition. Son BEP en poche, elle aurait pu en rester là, prise par le travail, mais son ancien professeur de Chasseneuil, Eric Gadon, qui avait repéré son talent et sa volonté, la pousse à présenter les épreuves des Olympiades des Métiers. Angélique est une travailleuse acharnée quand elle se lance dans un projet. Elle passe brillamment les sélections régionales pour arriver première - catégorie Cuisine - à la finale nationale en 2007. Son billet est assuré pour faire partie de l'équipe qui défendra les chances de la France dans toutes les épreuves des Olympiades à Tokyo. Mais Angélique est aussi précoce dans la vie. Jeune mariée, elle est enceinte de trois mois à tout juste vingt ans. “Les organisateurs n'ont pas voulu me laisser partir de peur qu'il m'arrive quelque chose et que je me retourne contre eux. C'est le deuxième finaliste qui est parti et qui a fini 16e en cuisine”. Tout le monde dans son entourage est persuadé qu'elle aurait gagné et vit la décision des Olympiades comme un coup bas. “Elle est discrète mais très déterminée”, dit d'elle son patron actuel, Thierry Verrat à La Ribaudière, restaurant étoilé de Bourg-Charente. “Elle entend, sent et écoute la cuisine. C'est ce qui la différencie des autres”.Un peu dégoûtée, Angélique retourne à ses fourneaux, jurant qu'on ne la reprendrait plus à tenter les concours, d'autant qu'elle progresse vite dans le restaurant. Quand le second, Jean-Philippe Guiard, est passé Chef, c'est à elle que Thierry Verrat confie le soin de le remplacer. “Face aux mecs, elle n'est pas du genre à se laisser bouffer, bien au contraire. C'est une grande bosseuse et surtout un vrai talent”, confie-t-il à qui veut l'entendre. Lui-même membre de la Chaîne des Rôtisseurs, il persuade Angélique de participer au concours du Meilleur commis de la chaîne. C'est encore une progression sans faille : lauréate régionale à Jonzac, elle se présente le 11 juin dernier à l'Ecole du Cordon Bleu à Paris. “Un concours n'est jamais facile, mais j'aime bien m'affronter seule aux autres candidats dans les mêmes conditions. C'est ce qui permet de se dépasser. Quand on ne connaît pas l'épreuve, il n'y a pas l'entraînement à la répétition des gestes. Au contraire, il faut réagir vite et bien”. Les candidats doivent réaliser trois plats avec des ingrédients fournis au dernier moment. Angélique surclasse ses rivaux avec une “tarte friande de tomate, lotte poêlée, coulis basilic”, sa “pintade en deux cuissons, petits légumes nouveaux, sauce porto”, et son “crumble ananas cerise, parfait glace citron vert”. Cette fois c'est sûr, elle tient sa revanche sur la déception des Olympiades. Elle partira représenter la France pour la finale mondiale en octobre prochain à New York. Depuis, le petit Mathis est né et il sera le premier à battre des mains pour encourager sa jeune mère. “Je suis très motivée et toute la brigade de La Ribaudière me soutient. L'atmosphère en cuisine a bien changé depuis mes débuts. Le machisme disparaît quand on a fait ses preuves”.Malgré la charge de travail, Angélique n'entend pas renoncer à sa vocation et veut faire la preuve qu'il est possible d'être un chef talentueux, une bonne mère et une bonne épouse. “Monsieur Verrat a aménagé mes horaires. Je commence tôt le matin, mais j'ai fini à cinq heures et je peux m'occuper de ma famille”. Son compagnon, employé dans une maison de cognac, n'ira pas s'en plaindre. La tête bien posée sur les épaules, elle laisse venir les choses sans trop se projeter dans l'avenir. “Ce qu'on essaie de prévoir ne se réalise jamais. Alors je préfère faire les choses pas à pas. Ma prochaine étape, c'est de préparer le concours de New York, après on verra bien”. Malgré cette modestie, bien réelle, il paraît évident à tous qu'Angélique a l'étoffe des plus grandes. Il serait bien étonnant de ne pas la voir briller dans d'autres concours, même si elle se dit à l'aise dans sa Charente-Maritime, près de sa famille.