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Portrait d'Alain Sebah, Chief Operating Officer AMO, Louvre Hotels Group : "L’approche client"

8 min de lecture

Publié le 04/07/11 - Mis à jour le 17/03/22

• Alain Sebah vient de rejoindre Louvre Hotels Group comme Chief Operating Officer (Directeur général des Opérations) pour la région Moyen-Orient et Afrique, en charge du pilotage des 7 enseignes hôtelières. _ • Grand spécialiste de la restauration rapide, Alain Sebah a fait partie de la toute première équipe qui a assuré le développement de McDonald’s en France et en Europe. Il a aussi mis cette expérience au service de Yum ! pour les marques KFC et Pizza Hut en France. _ • Chargé du suivi des opérations et du développement sur un territoire dont il a apprécie la diversité culturelle, il veut fonder son action sur la seule approche qu’il connaît, celle du client.

Après une formation en 3e cycle de gestion à Montpellier, Alain Sebah a l’occasion de participer à ce qu’il considère comme la véritable aventure McDo en France. En 1983, il rejoint la petite équipe constituée autour de Tom Allin, le président France, un américain fraîchement débarqué des Etats-Unis. Une formidable rencontre pour le jeune diplômé, baigné dans le management à l’américaine. “J’ai eu tout de suite une grande admiration pour Tom Allin, car il était à l’opposé de la vision caricatural du patron américain arrogant. C’était d’abord un très grand francophile, qui avait compris qu’on ne vient pas en pays conquis se confronter à des siècles de tradition gastronomique. C’était surtout un formidable meneur d’équipe et un esprit visionnaire qui s’est attaché à comprendre les particularités du marché français”, raconte Alain Sebah. Quand il débute dans l’équipe, après les rituelles initiations à tous les postes d’un restaurant McDonald’s, le réseau ne compte que 7 unités en France. Pour la petite histoire, il croisera quelques mois plus tard, un autre jeune homme, Denis Hennequin, également engagé par Tom Allin et qui fera la carrière que l’on sait dans l’entreprise._ Alain Sebah en quelques dates -* 1976 : DESS de Gestion à Montpellier -* 1983 : Entre dans la première équipe de développement de McDonald’s en France -* 1991 : vice-président des Opérations pour McDonald’s France -* 1995 : Directeur général de McDonald’s Italie -* 1997 : Directeur général de McDonald’s Grèce -* 2003 : Président de Pizza Hut France -* 2008 : Chargé du développement international de QuiznosTout de suite, Alain Sebah se consacre à la double mission qui va dominer sa carrière, le suivi des opérations sur le terrain et le développement du réseau. Année après année, il s’attèle au développement de McDonald’s France jusqu’à obtenir le poste convoité de vice-président Opérations. “C’était la première fois qu’un Français était nommé à ce poste, traditionnellement confié à un expatrié du siège. C’était la reconnaissance du travail accompli par l’équipe française depuis l’arrivée du groupe. J’avais alors 300 unités sous ma responsabilité, dont 250 que j’avais personnellement ouvertes, avec 120 personnes à diriger. J’ai senti qu’il était temps de passer à une autre étape. J’ai toujours été curieux de nature et j’ai demandé à rejoindre l’équipe internationale”. Sa première mission sera de s’attaquer au marché italien où McDo piétine. Avec une vingtaine de restaurants, il n’est que challenger face à un concurrent local quatre fois plus gros. C’est aussi la découverte d’une culture davantage fermée aux influences étrangères. “On dit le Français chauvin, en fait il est beaucoup plus ouvert aux cultures étrangères et adopte assez facilement des concepts venus d'ailleurs qui ont une dimension exotique pour lui. Ce n’est pas la même histoire avec les consommateurs italiens, beaucoup plus fermés à ce qui n’est pas de tradition locale”, constate le directeur qui propose une solution audacieuse au siège de McDonald’s : au lieu de monter péniblement en régime, racheter le concurrent et transformer les unités en McDo. Pari relevé par les financiers du groupe et pari gagné à force d’un travail titanesque. “C’était la première fois qu’une opération de cette envergure était menée par le groupe américain qui préfère développer que racheter. J’avoue que j’étais assez fier de l’avoir réussie et dans ma lancée je me suis proposé pour une autre aventure internationale”.Cette fois-ci ce sera la Grèce, dans un contexte encore complètement différent. Un nouveau choc et une nouvelle expérience formatrice. “En toute logique, j’étais persuadé de parvenir au même résultat qu’en Italie. J’avais oublié que l’image américaine en Grèce, à l’époque, était détestée et que ce rejet se manifestait à travers tous ses symboles, dont McDonald’s. En cinq ans de présence en Grèce, j’ai essuyé 13 attentats contre nos restaurants. J’ai dû faire face aussi à des problèmes de culture comme le carême, largement suivi pendant 40 jours sans manger de viande. Ce n’est pas un avantage quand on vend des hamburgers. Je suis tout simplement parti de ce qu’attend le client pour réorganiser tout le réseau : proposer des salades, des crevettes, développer la présence dans les îles davantage fréquentée par la clientèle internationale. J’ai eu la chance de profiter des énormes budgets de McDonald’s en préparation des JO de 2004, dont la société était l’un des sponsors officiels”. Convaincu qu’un directeur grec sera le mieux à même de poursuivre le travail engagé, il passera deux années à convaincre et former le P-dg de Coca-Cola Grèce à prendre sa suite. Alain Sebah veut aller en Afrique où McDonald’s a de fortes ambitions. Mais les difficultés s’amoncèlent, le groupe hésite et finalement le projet tombe à l’eau. Après vingt années passées dans l’entreprise, Alain Sebah n’a plus de perspectives claires.Disponible, il a été approché par Yum!Brands, groupe américain qui veut relancer son enseigne KFC en France. Il accepte le job et comme tout expatrié qui revient ?au pays”, le choc culturel est sévère. “Je revenais régulièrement et je me tenais au courant, mais je n’avais pas perçu à quel point les règles sociales avaient changé en France, rendant compliquée la gestion des restaurants. Il a fallu réapprendre et remettre en oeuvre ce que j’avais fait dans les autres pays : partir du client, c’est une règle qui a dicté toutes mes actions”. Il change l’organisation du travail, aménage la plateforme opérationnelle et forme les équipes. Le chiffre d’affaires monte en flèche et la France devient le pays de référence du réseau à l’international. Dès lors Yum!Brands lui demande de faire de même pour sa seconde enseigne Pizza Hut. Il s’y attèle mais avec comme perspective plus lointaine d’implanter l’autre marque de la compagnie, Taco Bell, à laquelle il croit beaucoup. Malgré tous les résultats qu’il obtient sur les deux autres marques, le siège américain abandonne l’idée de développer Taco Bell. Fin de l’aventure, Alain Sebah préfère quitter le groupe en 2008.Le développeur veut retourner à l’international sur les territoires qu’il affectionne. L’occasion lui en est donnée avec un ancien Président de Yum! qui a repris avec un fonds une chaîne de sandwicherie haut de gamme Quiznos aux Etats-Unis et veut lancer la franchise en Europe et au Moyen-Orient. Alain Sebah prépare l’installation du siège en Suisse et parcourt les pays visés pour trouver les emplacements, les financiers, les équipes. Tout est prêt à la veille de la crise mondiale quand le fonds d’investissements qui soutient l’entreprise aux Etats-Unis a peur des risques encourus et préfère fermer les robinets. A 58 ans, Alain Sebah a plein d’idées, forgées à travers ses expériences de la restauration rapide et thématique, mais aucun investisseur n’est prêt à le suivre quand la crise s’installe. Il ne reste pourtant pas longtemps à s’interroger sur la suite. Sa connaissance des marchés africains et moyen-orientaux intéresse particulièrement Louvre Hotels Group, que préside un ancien ?collègue” de McDonald’s, Pierre-Frédéric Roulot. Celui-ci a peu de mal à le convaincre de prendre en charge cette zone stratégique, dans laquelle Louvre Hotels Group est déjà bien implanté (avec 60 hôtels dans 12 pays) et où il compte poursuivre activement son développement avec une ouverture par mois au Moyen-Orient, et l’ouverture de 25 hôtels au Maroc d’ici 5 ans. “Je suis en totale adhésion avec ces pays, dans le respect de leur culture. J’y suis très à l’aise. Ma mission étant autant le soutien aux opérations que le développement, je n’ai pas de problème à changer de secteur, en passant de la restauration à l’hôtellerie, car il y a beaucoup de similitudes dans les procédures de gestion et surtout dans l’approche client”.

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