Adrien Pistolozzi, 19 ans, a trouvé dans le service plus qu’un métier : une passion. Pour être le plus compétent et efficace possible en salle, il travaille sa culture gastronomique autant que sa technique. Une rigueur et surtout une motivation et une maturité qui ont permis à ce jeune apprenti d’être repéré par un professeur comme un potentiel Meilleur Apprenti de France. Et quelques centaines d’heures de travail plus tard, le voilà médaillé au Sénat, et même concurrent aux Euroskills à Lisbonne, où il a représenté la France.
C’est un simple stage d’une semaine en 4ème qui a décidé Adrien Pistolozzi à devenir serveur. J’ai découvert la rigueur que nécessitait ce métier, la bonne tenue mais aussi la prestance réclamée en salle... Et j’ai été séduit”, explique le jeune homme souriant et dynamique.Adrien Pistolozzi en quelques dates... -* 2007: premier stage en tant que serveur -* 2010 : obtention du BEP Service en salle -* Mars 2009 : Médaille d'or départementale et régionale du concours «Un des meilleurs apprentis de France» -* Septembre 2009 : Médaille d'or au concours du Meilleur apprenti de France -* Mars 2010 : remise de la médaille au Sénat -* Décembre 2010 : Finaliste européen au concours Euroskills à LisbonneA la fin de son année scolaire, il décide donc de s’orienter vers des études professionnelles. Mes parents l’ont tout à fait compris. Mon frère avait déjà fait des études en alternance, alors ils connaissaient le système. Ils n’avaient pas d’à priori particulier et étaient simplement ravis que j’ai trouvé ma voie”. Son stage, c’est dans un petit restaurant gastronomique près de chez lui qu’il le décroche : l'Auberge de la Nauze, en Dordogne. “Très vite, j’ai été fasciné par tout ce qu’il y avait à apprendre sur les produits et les plats, leur provenance, leur histoire, l’actualité… C’est indispensable si l’on souhaite conseilleur au mieux les clients. Je me suis surtout aperçu de la culture et de la curiosité nécessaires lors de mes premiers cours de technoresto. On nous parlait du vin, des produits régionaux, et mes professeurs m’ont transmis cet amour du savoir. Cela demande beaucoup de travail personnel. Mais ça me permet de me cultiver un peu plus chaque jour. Et j’adore ça !”, explique l’apprenti serveur. En deuxième année, un professeur croit particulièrement en Adrien et en son potentiel. Il lui propose de participer au concours des MAF, les meilleurs apprentis de France. Il m’a tout de suite dit que je pouvais le remporter. Et j’ai eu envie de tester. Il m’a énormément aidé dans ma préparation. Dès que nous avons eu les sujets en mains, nous avons bûché sur la pratique, les divers ateliers, la présentation commerciale, la décoration florale, le dressage, le service mais aussi l’épreuve olfactive concernant les spiritueux et les eaux de vie. Deux fois par semaine, nous nous retrouvions après les cours. Je travaillais aussi de mon côté pour affiner mes connaissances”. Un programme intensif qui s’étale sur deux mois. Puis arrive la première étape. Et j’ai gagné !” Ensuite, 7 mois ce sont écoulés avant l’épreuve nationale. Ce qui laisse à Adrien le temps de travailler. Ma famille et mes amis étaient très fiers de moi. J’en ai surpris certains qui ne s’attendaient pas à me voir autant m’investir! Moi, l’ancien collégien moyen… Mais j’avais trouvé ma voie, je m’épanouissais, ET je réussissais ! Alors pas question pour moi de me relâcher”.A l’épreuve nationale, le jeune concurrent ressent la pression due à la concurrence. C’était tout de même les 24 meilleurs de France qui se trouvaient devant moi ! Mais je me suis dit que si j’étais là, ça n’était pas non plus par hasard. Que j’avais toutes mes chances”. Alors il se concentre, et fait de son mieux, conscient que vu l’excellence du niveau, la victoire peut se jouer à une virgule”. Et finalement, il termine sur la première marche du podium. L’instant est court après une si longue période de travail. Mais la joie est intense ! C’est d’autant plus appréciable que la reconnaissance vient des MOF” Sa médaille, c’est au Sénat qu’on lui remet. Un moment mémorable pour Adrien, qui n’était jamais monté à Paris”. Suivent ensuite plusieurs articles, dans la presse spécialisée, mais Adrien reste lucide : tout cela fait plaisir bien sûr, mais ça ne change pas mon quotidien ! C’est simplement une grande fierté, pour moi, mais aussi pour mon métier et pour l’apprentissage”.L’aventure ne s’arrête pas là. Au MAF, il a obtenu la meilleure note, ce qui lui vaut une proposition alléchante : celle de participer aux Euroskills, à Lisbonne. Un concours de niveau européen, forcément, j’ai dit oui tout de suite”, sourit Adrien. .Je ne représentais plus seulement une formation ou un métier, mais aussi mon pays ! Et puis j’étais en binôme avec un cuisinier et c’était une bonne expérience de travailler à deux. L’ambiance d’équipe, avec les représentants français d’autres métiers, était également très appréciable. Nous nous sommes beaucoup soutenus mutuellement”. Cette seconde expérience de concours reste donc pour lui un excellent souvenir. Je garderai longtemps en mémoire la cérémonie d’ouverture, où les équipes de chaque pays défilent, comme au Jeux Olympiques. C’était superbe !” Mais cette fois, la forme du concours en lui-même est très différente. Il s’agit d’une olympiade. Plusieurs petits ateliers sont organisés trois jours durant et les concurrents doivent travailler devant un public venu nombreux. Il faut le temps de s’y faire ! Et puis les épreuves se déroulent en anglais. J’ai peu voyagé et ce n’est donc pas mon fort”. Mais Adrien s’est préparé. Même si la maitrise de la langue n’est pas notée, il l’a travaillée pour être plus à l’aide. Et sur place, il se débrouille”. Finalement, il termine 9ème. C’est déjà un bon résultat pour une première participation à un concours dont je ne connaissais pas vraiment le contenu. Mais il y a tout de même une petite part de déception. Si j’avais été plus à l’aise avec la langue, et surtout, si j’avais davantage su à quoi m’attendre, je me serais mieux préparé”.Alors préparera-t-il d’autres concours, pour effacer cette petite frustration ? Rien n’est moins sûr. Si une opportunité se présente, un concours intéressant, par exemple de niveau européen, sans doute. Mais pas question de faire de concours juste pour concourir”. En attendant de trouver un challenge qui le motive, Adrien passera de l’autre côté du rideau à la rentrée, côté organisation. Mon école m’a énormément soutenu et j’ai eu envie de rendre la pareille. Alors je vais aider à organiser la Coupe Georges Baptiste. Et puis cela me permettra de transmettre un peu mon expérience aux candidats !” Et surtout, le jeune homme compte se concentrer sur ses études, et son bac pro, qu’il passera dans deux ans. Et puis sur son nouveau travail à Monbazillac, à la Tour des Verts, un restaurant avec un macaron où il apprendra un service plus rigoureux encore.Ensuite ? Paris peut-être… dans des restaurants haut de gamme. Mais moins pour le plaisir de découvrir la capitale que parce que c’est l’étape obligatoire lorsque l’on veut travailler un jour à l’étranger comme c’est mon cas”, souligne-t-il. L’Italie, les Etats-Unis… les destinations qui le tentent sont diverses. Quant à devenir MOF un jour, après avoir été MAF, c’est pour lui un rêve bien sûr. Un objectif même. Mais nous n’y sommes pas ! Peut être dans 10 ans”.