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Portrait d'Abdel Zouari, directeur général du Dolce frégate : Le meilleur des cultures

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Publié le 03/06/09 - Mis à jour le 17/03/22

• Directeur du Dolce Frégate depuis janvier dernier, Abdel Zouari est à la tête de 150 salariés et 133 chambres et suites, entouré de l'un des plus beaux golfs de France avec une activité de séminaires importante. • Il revient sur le pourtour de la Méditerranée après plus de 14 ans passés au Club Méditerranée, notamment comme directeur régional des Caraïbes et plusieurs expériences avec des groupes hôteliers américains. • Il a été confronté plusieurs fois à un choc de cultures, dont il a su tirer parti pour progresser, s'adapter et obtenir le meilleur des salariés placés sous ses ordres. Une philosophie qu'il compte appliquer en France.

Abdel Zouari en quelques dates ...

En quelques mois de présence, Abdel Zouari tente de faire changer les mentalités pour y apporter un peu du "Yes, I can" qui a tant fait de bruit aux Etats-Unis. “Je vois encore trop souvent les salariés arriver au travail avec des problèmes personnels qu’ils n’arrivent pas à oublier. Je sens aussi une formidable résistance au changement, comme si les habitudes les rassuraient. Petit à petit, je les ai impliqués dans les changements au restaurant, dans les procédures… et je vois le résultat. Ils sont fiers du travail accompli". Récemment, Abdel Zouari a eu l’occasion de partager quelques réflexions avec Hervé Novelli, le secrétaire d’Etat en charge du Tourisme, de passage dans le Var. “Par rapport aux pays où j’ai travaillé récemment, où le service dans les hôtels est souvent le seul emploi possible pour les jeunes, la France a la chance d’avoir des jeunes déjà formés et qui ont envie de faire ce métier. Il y a un potentiel humain extraordinaire, mais on ne le laisse pas respirer”. On peut lui faire confiance pour réunir le meilleur de chaque culture.1984 : Chef de village au Club Med aux Antilles _ 1990 : Directeur de la zone Caraïbes pour le Club Med pays _ 1998 : Directeur régional pour Allego Occidental Hotels _ 2003 : Directeur général de l'hôtel Wyndham à St-Thomas Iles Vierges _ 2007 : Directeur général du Lexington et du Ramada International Orlando, Floride _ 2009 : Directeur général du Dolce Frégate St-Cyr-sur-MerQuand il affrontait ses concurrents sur les tatamis de judo en Tunisie, le jeune Abdel Zouari se voyait-il en directeur général d’un hôtel de luxe sur la côte varoise ? Sans doute pas, mais il apprenait déjà le respect de l’adversaire, la maîtrise de ses capacités et un grand sens de l’adaptation aux situations qui l’ont aidé à faire un parcours étonnant. Tel qu’on peut en voir dans l’hôtellerie. Prof de gym et champion de judo de Tunisie, Abdel Zouari n’a pas de mal à intégrer l’équipe du Club Med comme moniteur de sport. Trois étés de suite, il va s’ouvrir au monde du tourisme et se fait engager comme directeur des sports dans un village des Caraïbes. “Le Club offre de formidables opportunités pour progresser vite quand on en a la volonté. J’ai suivi un parcours assez classique pour être Chef de village au bout de cinq ans", explique-t-il. Il voyagera ainsi de la Guadeloupe à la Malaisie, de la Nouvelle Calédonie à l’Italie, un pays cher à son cœur depuis qu’il a épousé une Italienne. Autre bond dans la hiérarchie du Club. Au bout de cinq années de pérégrination, il retourne sur la zone Caraïbes comme directeur. Il supervise 9 sites des Bahamas aux Bermudes, des Antilles françaises à Haïti… Une formidable école de terrain. Cette expérience ne passe pas inaperçue aux yeux d’un groupe local Allegro Occidental Hôtels qui le débauche comme directeur régional. Il rencontre alors un univers très différent. “J’ai tout de suite mesuré l’écart entre notre façon de travailler au Club, très tournée vers les relations humaines et la négociation avec les partenaires, et les compétences requises dans un groupe purement hôtelier, notamment en matière de maîtrise marketing et commercial”. Qu’à cela ne tienne, il met en pratique ce qu’il recommandait à ses anciens employés du Club pour les pousser vers d’autres horizons : mettez-vous au niveau !Pendant trois ans, chaque jour, il suit des cours par correspondance en parallèle de son travail avec un institut américain de formation hôtelière à distance. “J’ai obtenu mes 26 certificats, l’un derrière l’autre, pour décrocher mon diplôme d’hôtelier. A 50 ans, j’ai même reçu l’Award du meilleur étudiant parmi quelques milliers de candidats”. Finalement l’esprit de compétition reste un moteur efficace ! “Mais vous savez”, relativise-t-il, “avec l’expérience du Club et un certain don pour le service, j’avais les bases essentielles du métier d’hôtelier. Il me fallait juste y apporter le complément théorique du jargon et des techniques”.Patron de cinq établissements, basé à Aruba (Antilles Hollandaises), pendant cinq ans il assimile la gestion hôtelière et la culture de nombreuses îles caraïbes. “Les chasseurs de têtes ont tendance à vous étiqueter par spécialité. J’avais celle de la connaissance des Caraïbes et le groupe Wyndham m’a contacté pour diriger un hôtel de 350 chambres avec 1 000 m2 d’espaces conférence sur l’île de St-Thomas. Pourtant aucune île ne ressemble à une autre, les origines des populations sont très différentes et leurs cultures aussi. Il faut s’y adapter à chaque fois. J’ai accepté l’offre de Wyndham car je voulais valider la carte verte que j’avais obtenue quelque temps auparavant. C’était aussi une nouvelle expérience avec un groupe hôtelier américain, cette fois-ci". Le propriétaire lui demande alors de reprendre un hôtel de 1 000 chambres à Orlando, Floride, racheté en faillite aux enchères. “Un sacré pari, comme de redonner vie à un bébé en état de choc. L’hôtel était fermé depuis un an, il fallait tout reconstruire depuis la base, mener la rénovation, engager et former le personnel”. L’hôtel passera même de l’enseigne Lexington à Ramada.Pendant toutes ces années, Abdel Zouari ne perd pas le contact avec ses anciens confrères et employés. Il est notamment très ami avec l’un d’eux qu’il a fait débuter au Club Med et qu’il a engagé ensuite chez Allegro. “Il était devenu l’un des cadres importants de Dolce, le groupe spécialisé dans la gestion de séminaires résidentiels. Ce n’est pas l’un des plus grands groupes hôteliers, mais il a une très bonne réputation. Il me demandait régulièrement de rejoindre la compagnie en me proposant plusieurs postes de directeurs généraux en Europe. Mais, enfant de Tunisie et marqué par le soleil des Caraïbes, je ne me voyais pas dans les villes du Nord. Jusqu’au jour où il me propose la direction du Dolce Frégate à St-Cyr sur Mer dans le Var. L’idée de me rapprocher de ma famille a fini par me convaincre".Abdel Zouari est aujourd’hui le directeur général d’un établissement où il peut mettre en œuvre toute l’expérience accumulée dans la gestion des séminaires, sa connaissance du milieu du golf, et même le pilotage des grands travaux. “L’hôtel a beaucoup de potentiel et les propriétaires veulent mener des travaux d’agrandissement. Le contexte les a mis en stand-by, mais les projets ne manquent pas”. Abdel Zouari a surtout la bonne surprise de retrouver plusieurs de ses anciens patrons chez Wyndham, récemment arrivés à des postes de commandes dans le groupe Dolce. “C’est un vrai plaisir de retrouver comme des membres de la famille. On se sent encore plus en confiance. Cela veut dire surtout qu’il faut toujours se séparer d’un groupe dans de bonnes conditions car les chemins sont souvent appelés à se recroiser".Fraîchement débarqué en France, le manager formé aux méthodes américaines fait face à un nouveau choc de culture. “Le management aux Etats-Unis est très différent. Il y a deux choses qui m’ont vraiment surpris. La première est qu’on méconnaît souvent les talents de ses propres employés, qu’ils ne sont pas suffisamment reconnus pour leurs compétences parfois cachées, mais qu’il faut savoir révéler. La seconde est qu’on n’ose pas donner du pouvoir aux gens, avec un système hiérarchique qui bloque les initiatives. Je ne me considère pas comme le maître dans mon royaume, j’attends des propositions, et je veux que l’on discute mes décisions jusqu’à ce que tout le monde y adhère. Vous ne pouvez pas savoir comme l’état d’esprit change quand les employés peuvent se dire : je suis écouté, je peux décider”.En quelques mois de présence, Abdel Zouari tente de faire changer les mentalités pour y apporter un peu du "Yes, I can" qui a tant fait de bruit aux Etats-Unis. “Je vois encore trop souvent les salariés arriver au travail avec des problèmes personnels qu’ils n’arrivent pas à oublier. Je sens aussi une formidable résistance au changement, comme si les habitudes les rassuraient. Petit à petit, je les ai impliqués dans les changements au restaurant, dans les procédures… et je vois le résultat. Ils sont fiers du travail accompli". Récemment, Abdel Zouari a eu l’occasion de partager quelques réflexions avec Hervé Novelli, le secrétaire d’Etat en charge du Tourisme, de passage dans le Var. “Par rapport aux pays où j’ai travaillé récemment, où le service dans les hôtels est souvent le seul emploi possible pour les jeunes, la France a la chance d’avoir des jeunes déjà formés et qui ont envie de faire ce métier. Il y a un potentiel humain extraordinaire, mais on ne le laisse pas respirer”. On peut lui faire confiance pour réunir le meilleur de chaque culture.

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