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Côte d'Azur France un territoire très touristique, fortement dépendante des touristes étrangers. Entretien avec Claire Béhar, Directrice Générale du Comité Régional du Tourisme Côte d'Azur France.

Je suis la directrice générale du Comité Régional du Tourisme Côte d’Azur sur France, qui porte la marque à l’international est en fait la promotion. J’ai une formation en sciences économiques, un doctorat en économie industrielle internationale. J’ai un parcours ou au sein du milieu association d’entreprises, j’ai également aidé à la mise en œuvre de projets d’envergures au sein du département des Alpes Maritimes. Des projets d’aménagement du territoire qui impliquaient des partenariats public-privés. J’ai ensuite été cheffe du service économie et tourisme, en raison de la loi NOTRe j’ai basculé sur l’Europe et le tourisme. J’ai ensuite été directrice adjointe de l’attractivité territoriale du département des Alpes Maritimes. Depuis un an et demi, j’occupe le poste de direction générale du CRT.

De CRT s’occupe de la destination touristique Région Sud, quel est le territoire du Comité Régional du Tourisme Côte d’Azur sur France ?

La marque Côte d’Azur France couvre le territoire qui va de Saint-Tropez à Menton. […] Elle est reconnue comme une marque le monde par Atout France.

Quel poids du tourisme pour votre territoire ?

Ce sont 150 000 emplois directs et indirects. 40 % des emplois de la destination sont dépendants de la consommation touristique. C’est également de 20 % du PIB. […] Ce sont des moyennes, sur certaines destinations la proportion est encore plus importante, notamment les plus petites stations littorales.

Quelle est la part de clientèles étrangères dans ces destinations très touristiques ?

La Côte d’Azur à 53 % de sa clientèle qui est internationale. Cela peut monter à 60 % l’été. C’est également une destination qui est très liée aux flux aériens.

Qu’avez-vous mis en œuvre ainsi que la région pour faire face à cette situation sans précédent ?

Nous avons été très impactés dès le mois de mars au niveau du tourisme d’affaires avec l’annulation des grands événements. Les professionnels ont donc très vite pris conscience de la mesure de l’impact de cette crise sanitaire qui allait se transformer en crise économique. Les collectivités, le département des Alpes Maritimes, la communauté d’agglomération, la région ont mis en place des fonds. Le département des Alpes Maritimes a porté un fonds d’urgence qui est mis en place par la CCI Nice Côte d’Azur. Il est doté de plus de 8 millions d’euros qui sont déjà consommés à plus de 80%.

Il y a la solidarité gérée par la région mis en œuvre avec l’Etat. Nous avons également relayé toutes les informations sur les dispositifs mis à disposition par le gouvernement. […] nous avons également relayé les mesures mises en place par les communes sur par exemple le report ou l’exonération des droits de terrasse. Nous avons centralisé toute cette information que nous avons mise en ligne. Nous faisons régulièrement des newsletters pour informer des évolutions.

Dès le mois de mars, nous avons créé des comités techniques pour échanger nos informations et avoir une bonne coordination publique privée. Nous travaillons en étroite collaboration avec les syndicats hôteliers, les syndicats de restaurateurs, l’aéroport, la chambre de commerce, tous les offices de tourisme du territoire, le département des alpes maritimes, la région et nous nous coordonnons également avec le certes et Provence Alpes Côte d’Azur pour avoir tous, le même niveau et la même qualité d’information. David Lisnard qui est le président du CRT Côte d’Azur France qui est aussi maire de Cannes, relaie les demandes des professionnels au niveau de l’Etat. […] Nous sommes là pour accompagner nos professionnels du tourisme et nos entreprises pour cette période de transition, avant une reprise que nous espérons le plus tôt possible.

En toute humilité, nous continuons à faire vivre la destination sur les réseaux sociaux. Nous avons participé à l’initiative #fenêtresurlaFrance et nous avons créé un #fenêtresurlaCôtedAzur qui nous permet de partager au quotidien nos belles images, nos souvenirs, ce que nous aimerions faire lors du déconfinement. Cela nous permet de continuer à avoir un lien avec notre communauté. Nous avons d’ailleurs un #CôtedAzurFrance qui est suivi par 670000 fans. Cette #fenêtresurlaCôtedAzur nous a permis de déployer une autre communication pendant cette période transitoire. Nous faisons des quizz […] une dynamique pour entretenir la communauté des amoureux de la Côte d’Azur.

Il va falloir se partager les clientèles de proximité. Comment se faire entendre parmi toutes les destinations qui vont communiquer ?

Nous sommes en train d’élaborer un plan de relance d’envergure qui sera annoncée au moment opportun. Quand nous aurons un calendrier et une visibilité de reprise pour le secteur. […] Nous nous allons cibler dans un premier temps la clientèle française, il y a réservoir de 9 millions de français qui ne partiront pas à l’étranger. Nous aurons également différentes stratégies, nous allons voir comment cibler ceux qui avaient l’habitude de partir dans des destinations lointaines, de luxe pour qu’ils aient envie de découvrir ou redécouvrir la Côte d’Azur. Nous aurons plusieurs axes stratégiques sur notre plan de promotion.

En tant qu’institutionnel d’une destination très touristique, qu’attendez-vous des discussions et réflexions qui sont actuellement menées ?

Ce qui est attendu avant tout, c’est un calendrier et des perspectives pour les professionnels du tourisme, des dates d’ouverture. Ce qui est attendu également de manière très urgente ce sont des protocoles sanitaires par métier, comme cela a été fait pour les bâtiments et travaux publics. Pour l’hôtellerie, la restauration, les plages et également la filière maritime. Tout le monde attend cette charte sanitaire pour s’équiper, se remettre dans une dynamique de reprise pour être prêts le moment opportun.

Nous attendons également, cela a été demandé par notre président David Lisnard, une implication d’Atout France sur nos plans de relance territoriaux sur les budgets qui n’ont pas été consommés à l’international. On souhaiterait quatre France soit à nos côtés pour nous accompagner dans la relance de nos territoires pour sauver l’été et s’assurer une arrière-saison avec de la clientèle touristique française. David Lisnard a sollicité un vrai plan Marshall pour le tourisme en France. Pour soutenir l’offre et ne pas perdre la dynamique d’investissement qu’il y avait dans le secteur du tourisme et relancer la demande. Nous sommes dans une crise inédite ou l’offre est à l’arrêt et la demande également.

Comment voyez-vous le tourisme de demain dans votre destination ?

Cette crise sera un accélérateur des tendances émergentes qu’il y avait autour d’un tourisme plus durable. Plus soutenable économiquement, socialement ainsi qu’au niveau de l’environnement. Les tendances était le retour à vers un tourisme plus naturel, responsable, de recherche de grands espaces. Nous attendons à très court terme la réouverture des 15 parcs naturels départementaux, régionaux et du parc naturel du Mercantour. […] Nous avons des atouts sur la Côte d’Azur en lien avec ce tourisme de la beauté des paysages préservés.

Sur les ailes de saison, ce qui était très important pour nous également, c’était le tourisme événementiel autour de la culture, du sport, du tourisme d’affaires. Là, il y aura de nouveaux modèles à réfléchir, c’était un marché très important pour nos hôteliers, nos plagistes et nos restaurateurs, pour démarrer la saison touristique dès le mois de mars puis l’étendre le plus longtemps possible. En tant que CRT, nous faisions beaucoup de promotion pour désaisonnaliser le tourisme et faire vivre le tourisme sur la Côte d’Azur toute l’année sachant que le tourisme y est né l’hivers.

Quelles questions, interrogations et inquiétudes de la part des professionnels ?

Tout le monde salue les efforts des collectivités et du gouvernement, pour assurer la sauvegarde et la survie des entreprises mais l’inquiétude est à moyen terme. C’est la reprise, la relance, il faut maintenant un vrai plan de relance. Toutes ces aides vont leur permettre de survivre dans les trois à six mois qui arrivent mais tous sont très inquiets pour 2021. S’il n’y a pas de réouverture des frontières et la possibilité d’avoir des flux entrants, cela va être très compliqué pour de nombreux professionnels du tourisme est encore plus pour le secteur de l’événementiel. L’inquiétude est plus sur le moyen terme, sur la relance. Comment retrouver une rentabilité économique, les nouvelles normes vont faire perdre rentabilités les établissements. […] Il faudra un abaissement des charges si elles doivent tenir sur la durée avec des distanciations physiques. Il y aura forcément un impact sur l’emploi s’il n’y a pas pendant un certain temps, une exonération ou un allègement de charges. […] Pour le moment nous traversons la crise, mais l’enjeu c’est la reprise et l’après. Repartir sur de bonnes bases notamment en 2021.

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