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Pau en quête de notoriété

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Publié le 01/02/11 - Mis à jour le 17/03/22

L'activité hôtelière à Pau en 2010 s’est surtout animée au cours du premier semestre … et au mois de décembre. Une activité en dents de scie qui reste encore difficilement explicable. Sans doute les promotions de Noël ont-elles séduit davantage de clients individuels qu’à l’accoutumée… Mais en règle générale, c’est surtout le tourisme d’affaires qui alimente généreusement – ou pas – les hôtels de la ville. Il représente environ 70% de la fréquentation. Et en la matière, l’année 2010 a été un bon cru. Les déplacements professionnels ont repris, drainés notamment par les universités et les entreprises du génie pétrolier et de l’aéronautique, très importantes dans la région. Quant au Palais Beaumont, «seul centre français à faire partie de l’Association Européenne des Centres de Congrès Historiques (HCCE)», note Xavier Borg, directeur général de l’Office du Tourisme et du Palais Beaumont, il n’avait jamais enregistré autant de manifestations depuis son ouverture en 2000. 264 au total, avec un volume d’affaires qui a grimpé de 12,8% avec 73% de en jours d’occupation. Et les grands rendez-vous de 2011 promettent d’être tout aussi nombreux. De plus, Xavier Borg espère, cette année, en faire l’un des premiers centres de congrès de France à maîtriser les engagements de la Charte du développement durable proposée par France Congrès. En complément, le Palais Beaumont s’inscrit également dans une démarche de certification ISO 14001, norme relative à la responsabilité sociétale des organisations."La baisse du chiffre d’affaire s’est confirmée en 2010, avec une diminution de la fréquenta­tion de la clientèle d’affaires, en particulier étrangère. Nous avons de moins de moins de visibilité… parfois tout juste d’une semaine sur l’autre. Le mois de décembre, lui, a été bon. Beaucoup de clients individuels sont venus, et les réservations internet ont bien fonctionné pour les fêtes. Notre clien­tèle est à 50% étrangère. C’est d’ailleurs pour cette rai­son que nous avons récemment changé d’enseigne, pas­sant de Kyriad Prestige à Quality Hotel, du groupe Choice. Nous avions besoin d’une marque plus connue en dehors des frontières, afin de développer cette part de marché. Ces clients viennent principalement pour affaires. Pour développer le tourisme de loisir, il faudrait que la destination fasse des efforts en matière de com­mercialisation et de promotion. Aujourd’hui, nous avons une ville pleine d’atouts, mais personne ne le sait ! Et il en va de même pour l’événementiel. Les rendez-vous sont nombreux et pourraient attirer davantage de monde. Mais la communication se fait sur une période trop courte, et seule­ment au niveau local. Ce qui est dommage. Il y a aussi un gros tra­vail de signalé­tique à faire.”Face à ces ambitions, tous les acteurs du tourisme s’accordent à dire que le Palais dispose encore d’une importante marge de développement de son activité. Pour celui que tout le monde qualifie d’ «outil en or», lieu emblématique au cœur de Pau depuis plus d’un siècle, chacun espère qu’à l’avenir, les congrès reçus seront plus nombreux, et d’importance nationale voire internationale. Plusieurs pistes sont envisagées pour y parvenir. «Les grands équipements liés à l’accueil du tourisme d’affaires viennent d’être mutualisés», explique Xavier Borg. «Le Zénith, le Palais des Congrès et le Parc des expositions (que nous envisageons de reconstruire, ailleurs) pourront fonctionner dans une meilleure synergie, et travailler ensemble leur promotion. J’envisage aussi de créer un bureau des congrès à l’Office du tourisme, qui permettrait de mieux travailler avec les hôteliers, et de mettre en valeur leurs équipements d’accueil de réunions et de séminaires».Mais c’est sans doute du côté du tourisme de loisir que la marge de progression de Pau reste la plus importante. Aujourd’hui, il est principalement lié à l’événementiel. Les quelque 150 000 visiteurs reçus à l’office du tourisme en 2010 provenaient essentiellement de la région Aquitaine et du département des Pyrénées-Atlantiques (suivi par le département des Landes et Haute-Garonne) et ils ont généralement été attirés par les évènements phares de Pau 2010 comme la mise en lumière du Château de Pau, l’étape du tour de France, Mondovélo, le championnat du Monde de Pelote, le concours complet d’équitation… et par les animations organisées autour de deux grands anniversaires : celui des 400 ans de l’assassinat d’Henri IV, et le centenaire de l’accession au trône du palois Jean-Baptiste Bernadotte, ancien Roi de Suède. Mais si les rendez-vous sportifs, festifs et historiques se multiplient dans la ville, les séjours spontanés, eux, restent rares, car la ville subit un important manque de notoriété. «Pau a un potentiel incroyable ! La ville est superbe, et désormais très accessible puisqu’une autoroute nous relie à Toulouse en 2h et qu’une nouvelle, ouverte en décembre, nous met à 1h30 de Bordeaux. Nous sommes aussi à 1h30 de l’Espagne, à une heure de l'Océan et des pistes de skis, la campagne vallonnée et les coteaux de Jurançon sont à nos portes. Nous jouissons aussi d’équipements de très grandes qualités comme le centre de Congrès Palais Beaumont, le plus vieux golf d’Europe ou un stade nautique d’eaux vives incroyable et nous avons même un aéroport international depuis 2002! Et n’oublions pas nos bonnes tables, notre histoire avec le Château de Pau qui accueille près de 100 000 visiteurs et nos rendez-vous sportifs… Les gens qui viennent sont séduits. Seulement les touristes connaissent encore peu notre destination», résume Sylvain Ferlat, directeur général du Best Western Hôtel continental.Un point faible dont l’office du tourisme a parfaitement conscience. Pour Xavier Borg, Pau doit se faire connaitre. Pour cela, la ville est présente sur de nombreux salons, l’office a créé un City Pass et des packages afin de séduire une clientèle court séjour. Un dossier sera déposé avant le printemps pour être classé ville d’art et d’histoire, ce qui pourrait attirer quelques projecteurs. Mais surtout, une nouvelle marque vient d’être créée : «Pau, Porte des Pyrénées». Au-delà de la réalité géographique énoncée, Pau cherche ainsi à affirmer son identité et son dynamisme, et à trouver la place qu’elle mérite dans le territoire Bordeaux-Toulouse-Saragosse.Yves Larrouture, président de l’UMIH 64 Comment a évolué l’hôtellerie paloise ces dernières années ? Enormément d’efforts ont été faits. La capacité a augmenté, de nombreux hôtels ont été labélisés et quelques réunions organisées avec la CCI, pour qu’un maximum d’hôteliers entrent dans la démarche de nouvelle classification. Alors s’il y a 10 ans on pouvait reprocher à la ville d’avoir un parc vieillissant, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Et surtout, il est maintenant particulièrement complet puisque nous avons depuis un an un hôtel 5 étoiles.Le parc hôtelier vous semble donc répondre convenablement aux demandes ? Aujourd’hui, le parc est suffisant. Même si une ou deux fois par an, comme lors du Tour de France, il est difficile de trouver une chambre sur Pau. Selon moi, l’erreur que nous ne devons pas commettre, serait d’ouvrir de nouveaux hôtels de chaînes en périphérie. Il me semble primordial au contraire d’aider les hôtels du centre ville, dont beaucoup sont des indépendants, à se maintenir face aux mises aux normes à opérer concernant la sécurité et l’accessibilité. C’est préférable pour la ville, qui a besoin d’un centre dynamique et animé, et pour la clientèle, qui aime être logée au cœur de Pau. Beaucoup sont des indépendants. Les aider est l’un des enjeux majeurs pour continuer de développer le tourisme à Pau. Reste aussi à régler un problème de signalétique. De gros travaux ont été entamés depuis 2 ans et les hôteliers en subissent les conséquences. La circulation a été modifiée à plusieurs reprises, les clients rencontrent un problème de parking, et les établissements ne sont pas indiqués…En dehors de ces soucis à solutionner, quelles sont selon vous les pistes à suivre pour développer encore le tourisme à Pau ? Le tourisme d’affaires pourrait, bien sûr, être encore développé, mais il fonctionne déjà très bien grâce au bel outil qu’est le Palais Beaumont. L’événementiel est également bien déve­loppé. L’étape du Tour de France par exemple, remplit tous les hôtels. Tout comme le concours complet d’équitation. Et en 2011, après une année sabbatique, Pau renoue avec son Grand Prix et le retour de ce grand rendez-vous du monde de l’automobile devrait lui aussi être très positif pour les taux d’occupation. En revanche, il reste un travail important à faire pour augmenter la part de tourisme de loisir. Nous avons ici beaucoup d’activités proposées, notamment autour du sport et de l’eau, et nous bénéficions d’une situation géographique privilégiée, mais nous avons encore un gros déficit d’image. Mais cela évolue ! La ville a lancé la marque «Pau, porte des Pyrénées», et nous sommes convaincus que c’est une très bonne chose pour l’activité touristique. Nicolas Prince, directeur de l’hôtel Parc Beaumont 5*"A 75%, notre clientèle vient pour affaires. Elle est principa­lement drainée par les nom­breuses entreprises liées à l’in­dustrie du pétrole notamment : Turbomeca, Total et son centre de recherche… Nous bénéficions aussi de la clientèle de congressistes du Palais Beaumont, qui pourrait être bien plus importante. Ce lieu est superbe ! C’est un produit en or qui mérite réellement d’accueillir davantage de rendez-vous nationaux et internationaux. Le tourisme de loisir, quant à lui, reste bien moins déve­loppé à Pau. Bien sûr, nous affichons complet sur cer­taines dates en juillet grâce à l’étape du Tour de France. Des touristes viennent même de Grande-Bretagne pour faire du vélo autour de cet évènement. Et puis les grands prix, qu’ils soient hippiques ou automobiles, permettent aussi de remplir des chambres. Mais en dehors de ces touristes liés à l’événementiel, peu vien­nent encore simplement pour passer leurs vacances ici. Pourtant, nos clients affaires reviennent régulièrement après coup pour leur plaisir. Ce qui prouve que la ville plait. Mais elle souffre d’un cruel manque de notoriété. Malgré tous ces atouts… Via notre participation à des salons, nous travaillons à y pallier. Le fait d’avoir inté­gré nos presta­tions spa dans des coffrets cadeau y parti­cipe aussi, en attirant une clientèle locale.”Perrine Cambillard, char­gée de clientèle pour le Mercure Pau Villa Navarre4* Vauban"Le mois de décembre 2010 a effectivement été un bon mois ! Mais difficile de savoir pourquoi… Sans doute les forfaits Noël proposés sur Internet ont-ils séduit. En dehors de ces périodes spécifiques que peuvent représenter les fêtes, nos clients viennent essentiellement pour affaires. Mais étant le seul 4 étoiles de la ville, nous bénéficions aussi d’une certaine clientèle attirée par le Zenith et le Palais des Sports. L’équipe de France de basket par exemple est venue chez nous pour la deuxième année consécutive, durant un stage. Et quelques artistes choisissent aussi notre hôtel lors de leurs représentations à Pau. Comme l’organisation du Tour de France. La clientèle loisir, elle, est encore rare. Mais l’autoroute qui nous relie à Bordeaux vient d’ouvrir le mois dernier, et nous espérons bien qu’elle nous ramènera de nouveaux touristes. En attendant, nous avons entamé des travaux. Nous faisons partie des derniers arrivés sur le marché à Pau puisque nous avons ouvert en 2004. Mais 7 ans se sont écoulés déjà et nous avons donc décidé de rénover une par­tie de nos chambres. Cela devrait redyna­miser notre offre. ”Alexandre Lapeyre, gérant du Quality Hotel Pau Centre-Bosquet"La baisse du chiffre d’affaire s’est confirmée en 2010, avec une diminution de la fréquenta­tion de la clientèle d’affaires, en particulier étrangère. Nous avons de moins de moins de visibilité… parfois tout juste d’une semaine sur l’autre. Le mois de décembre, lui, a été bon. Beaucoup de clients individuels sont venus, et les réservations internet ont bien fonctionné pour les fêtes. Notre clien­tèle est à 50% étrangère. C’est d’ailleurs pour cette rai­son que nous avons récemment changé d’enseigne, pas­sant de Kyriad Prestige à Quality Hotel, du groupe Choice. Nous avions besoin d’une marque plus connue en dehors des frontières, afin de développer cette part de marché. Ces clients viennent principalement pour affaires. Pour développer le tourisme de loisir, il faudrait que la destination fasse des efforts en matière de com­mercialisation et de promotion. Aujourd’hui, nous avons une ville pleine d’atouts, mais personne ne le sait ! Et il en va de même pour l’événementiel. Les rendez-vous sont nombreux et pourraient attirer davantage de monde. Mais la communication se fait sur une période trop courte, et seule­ment au niveau local. Ce qui est dommage. Il y a aussi un gros tra­vail de signalé­tique à faire.”

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