
Après une année 2009 où l’hôtellerie parisienne avait souffert, mais mieux résisté que ses concurrentes européennes, Londres exceptée, l’OTCP s’attendait à des jours meilleurs dès les premiers mois de 2010. Après une baisse globale de RevPAR de 12,3% l’an passé, les chiffres du premier semestre lui donnent raison.Nous atteignons pratiquement 90% de TO avec un Prix moyen en hausse sur juillet 2009, le mois de juillet a effectivement été très bon dans la suite des bons résultats enregistrés depuis le printemps. La clientèle corporate a été particulièrement active jusqu'au 14 juillet et pour la seconde partie du mois le relais a été pris par la clientèle touristique individuelle FIT qui est en nette progression sur l'an passé. Nous avons développé davantage nos contrats avec les opérateurs touristiques. Néanmoins, on ressent une forte hausse des ventes via le canal Internet par des touristes désormais habitués à cette forme de réservation directe. Nous avons une clientèle essentiellement française et européenne qui a bien répondu à toutes nos sollicitations commerciales. Nous ne sommes pas très présents sur le marché américain mais les commentaires de nombreux hôteliers parisiens laissent penser que la publicité dont Paris a profité en début d'été sur Google a été très efficace pour déclencher une envie de venir dans la capitale.La bonne nouvelle vient de l’ampleur de l’amélioration de l’activité hôtelière parisienne. En effet, le retour à la croissance était attendu, d’abord du côté de la fréquentation, suivie dans un deuxième temps par celle des prix moyens. Mais le constat est plus favorable avec une progression conjuguée des TO et des prix moyens, repartis à la hausse dès février dernier. Avec deux petits bémols cependant : en avril pour cause d’éruption du volcan Eyjafjöll et en juin, en raison de l’absence du salon du Bourget.Au final, sur le premier semestre, le TO et le prix moyen affichent respectivement une progression de 3,7 points, à 77,8%, et de 2,8%, le tout conduisant à une croissance du RevPAR de 8% proche de 113 €. Cette progression des deux ratios est sensible sur le 2* et le 3*, alors que le RevPAR du 4* a été tiré tout au long du semestre par l’amélioration de la fréquentation. Le prix moyen du 4* est resté stable par rapport à 2009. Pour autant, le mois de juillet a montré une progression tarifaire sensible. La forme éclatante des palaces, dont le prix moyen a pour la première fois dépassé les 1 000 euros grâce au décalage dans le temps du mois de Ramadan, a tiré l’ensemble du segment vers le haut. Pendant la seule semaine du 14 juillet, les 4* ont enregistré une hausse record de leur RevPAR (+26,5%) grâce à une augmentation de leur prix moyen de 10,4%.Si août devrait être stable ou en légère baisse par rapport à l’an dernier, les prévisions de l’OTCP tablent sur une bonne fin d’année avec une croissance des nuitées de 5% en septembre et de 8% en octobre avant un léger ralentissement en fin d’année avec +2% pour novembre et +4% pour décembre. Le volume total de nuitées sur l’ensemble de l’année devrait ainsi atteindre les 36 millions (+6%), soit le niveau atteint en 2007. “Paris tire son épingle du jeu par rapport à ses concurrentes internationales et aux autres métropoles françaises. C’est le résultat d’une politique active de la mairie avec l’OTCP et les différentes acteurs du tourisme : les monuments, les musées, etc», définit Jean-Bernard Bros, adjoint au Maire de Paris, en charge du tourisme.Deux excellentes nouvelles expliquent les résultats positifs du premier semestre. La fréquentation de la clientèle affaires et celle du marché français ont crevé des plafonds. Avec 8,3 millions de nuitées, le tourisme d’affaires a atteint des niveaux record, supérieurs à 2006. Avec une progression de 12%, le segment a représenté 48 % des nuitées contre 46% sur la même période l’an dernier. Sur le plan loisirs, la fréquentation est tirée par le marché français (+ 12%) et la clientèle étrangère hors Europe (+11%), les marchés européens ayant enregistré un recul de 3%. Ce résultat suit les tendances de fond qui soutiennent l’évolution du mix clientèle de la capitale. Le marché français n’est pas qu’un marché de repli en temps de crise et progresse de façon continue depuis 15 ans. L’autre constante sur ces dernières années est le un recul des marchés matures et la croissance des marchés émergents. Paul Roll, directeur général de l’Office du Tourisme et des Congrès de Paris Vous semblez satisfait de la manière dont la reprise se ressent à Paris ? Nous sommes aujourd’hui au début d’un cycle positif. La fréquentation et les prix moyens progressent de concert. Les taux d’occupation suivent une courbe tendancielle qui les rapprochent de 80%, la barre de la pleine activité où ne subsistent que les périodes plus faibles comme les week-ends ou le mois d’août. Par ailleurs, la tendance sur la plupart de nos marchés touristiques est aussi positive. Et nous disposons de réserves, en particulier du côté du marché américain qui n’a pas encore repris. Nous étions à New York il y a deux mois et tous les opérateurs – TO, Agences de voyage traditionnelles ou en ligne – sont extrêmement positifs vis-à-vis de la destination Paris. Cela ne se ressent pas encore dans les chiffres, mais c’est positif pour l’avenir. Evidemment, il existe quelques nuages : la reprise économique n’est pas encore consolidée ; le contexte géopolitique est sensible ; et la concurrence s’intensifie. Je prendrais l’image de la reconstruction de Beyrouth, qui devient une destination attractive vis-à-vis de la clientèle moyen-orientale pour le shopping, un segment sur lequel Paris se positionne également. Ce qui nous oblige à être constamment réactifs.Comment expliquez-vous l’évolution du mix clientèle de Paris avec l’émergence de nouveaux marchés émergents et la bonne tenue du marché français ? Notre mix clientèle n’est pas figé. Si on analyse les dix dernières années, les marchés traditionnels ont reculé, compensés par une série de nouveaux marchés. Certains étaient attendus comme les Chinois pour qui Paris est une destination incontournable dans leurs tours d’Europe et qui pourraient devenir à terme la 2ème clientèle derrière les Américains. D’autres n’étaient pas sur nos radars comme la Corée et le Mexique. La typologie de clients change et les opérateurs comme les produits devront s’adapter à une plus grande complexité. Ces clientèles ont des souhaits différents de nos clientèles matures de culture occidentale. Par ailleurs, la clientèle domestique française s’est réappropriée la destination. Je n’ai pas une explication claire mais l’impact des transports, avec le TGV qui ouvre de nouveaux marchés à l’Est au Nord et au Sud à moins de 3 h et le flux croissant des low-cost ont joué. C’est une clientèle qui réagit aux promotions et ventes de dernière minute.La capacité hôtelière est-elle suffisante pour accompagner la progression du tourisme ? La croissance de la capacité hôtelière est un des défis urgents de la ville. Avec 1 200 chambres et appartements supplémentaires ces deux dernières années, sans compter le mouvement de rénovation, nous tenons le cap. Les ouvertures sont diversifiées, ce dont Paris a besoin, avec l’extension du Bristol, la Villa Majestic, le succès du Mama Shelter, une résidence Adagio ou une nouvelle auberge de jeunesse. Cette croissance de l’offre de 1,5% n’a pas bouleversé la structure tarifaire des hôtels. Concernant les arrivées des Shangri-La, Mandarin Oriental, Royal Monceau, je constate que Paris est en retrait par rapport à de nombreuses métropoles mondiales sur le nombre d’établissements de luxe avec aujourd’hui 7 palaces et 16 établissements 5*. Ce qui représente seulement 3% de la capacité hôtelière et les futures ouvertures apporteront 1 000 chambres, soit 0,5% de la capacité tout en créant 1 000 emplois. Par ailleurs, la Mairie s’est engagée à favoriser la création de 7 000 chambres d’ici 2020 en libérant des terrains qu’elle maîtrise. Ce projet est bien avancé et nous serons certainement en avance sur la date prévue. 4 000 chambres ont déjà été initiées sur des terrains étiquetés. Plus de détails sont à attendre dans les mois qui viennent quand les grandes signatures auront lieu.Bernadette Chevallier, Président Exclusive HotelsOn peut dire sans crainte que le mois de juillet à Paris a été exceptionnel. Les hôteliers que nous avons interrogés ont globalement très bien travaillé. On sent depuis le mois de mai une réelle reprise de l’activité touristique, le marché des tour-opérateurs, qui a été le plus affecté en 2009, repart à la hausse avec des touristes à haute contribution. Le phénomène des séjours précoces de la clientèle moyen-orientale pour cause de Ramadan en août ne se remarque que dans un périmètre limité au Triangle d’Or et il n’explique donc pas tout. A travers le très bon niveau d’activité enregistré partout, il faut se réjouir d’une réelle reprise sur le marché de la clientèle Affaires. Au mois de juillet, il reste un fond solide d’activité Corporate avec un mélange de motivation Loisirs sur les week-ends. Il n’y a plus la même étanchéité entre les deux segments et c’est tout aussi bien pour nous. Les hôteliers de la Rive Gauche ont vu revenir en force la clientèle américaine. C’est moins vrai sur la Rive Droite. On sent que le mois d’août sera plus difficile. Les hôteliers qui ont de la trésorerie n’ont pas cherché à jouer sur l’effet prix, d’autres, moins à l’aise, ont pesé sur la baisse des tarifs en août.Fabien Sodano, directeur du Comfort Hotel André Latin, Paris VeNous sommes en progression de 10% sur le chiffre d’affaires de juillet 2009, mais il n’y a pas que le retour des touristes étrangers pour l’expliquer. Nous avons rénové entièrement l’établissement en 2009 avec un bon positionnement tarifaire en 3* dans un Quartier latin apprécié des touristes. C’est cette combinaison qui nous a permis d’obtenir de bons résultats. Etant dans le Quartier latin, nous avons vu revenir davantage de clients américains qui profitent de la baisse de l’euro. Jusqu’au 15 juillet, nous avons profité d’un bon mix, corporate et loisirs, après le 15 juillet il faut compter sur les partenariats que nous avons établis. Depuis deux ans, nous faisons un gros travail commercial dans toutes les directions, sites de réservation, tour-opérateurs étrangers… Il ne faut pas se dissimuler que la compétition est sévère entre les capitales et que l’on doit être très à l’écoute de nos partenaires, quitte à concéder des avantages pour sécuriser leurs clientèles. Cela demande des efforts supplémentaires en gestion de planning, mais on n’a rien sans rien. Je constate aussi qu’autant nous étions systématiquement dans la dernière minute à l’été 2009, autant nous avons désormais davantage de réservations deux à trois semaines à l’avance. C’est plus rassurant.Aline Thibaut-Durieu, présidente de Timhotels / Time HotelsNous atteignons pratiquement 90% de TO avec un Prix moyen en hausse sur juillet 2009, le mois de juillet a effectivement été très bon dans la suite des bons résultats enregistrés depuis le printemps. La clientèle corporate a été particulièrement active jusqu'au 14 juillet et pour la seconde partie du mois le relais a été pris par la clientèle touristique individuelle FIT qui est en nette progression sur l'an passé. Nous avons développé davantage nos contrats avec les opérateurs touristiques. Néanmoins, on ressent une forte hausse des ventes via le canal Internet par des touristes désormais habitués à cette forme de réservation directe. Nous avons une clientèle essentiellement française et européenne qui a bien répondu à toutes nos sollicitations commerciales. Nous ne sommes pas très présents sur le marché américain mais les commentaires de nombreux hôteliers parisiens laissent penser que la publicité dont Paris a profité en début d'été sur Google a été très efficace pour déclencher une envie de venir dans la capitale.