
• Plus de 43 % des nuitées parisiennes sont générés par la fréquentation des congrès et salons, à l'origine de près de 5 milliards d'euros de retombées chaque année dans la capitale. • Il n'en fallait pas plus pour l'adjoint au maire en charge du développement économique, Christian Sautter, pour se joindre à l'opération, Paris Destination Congrès, qui doit soutenir les associations pour présenter leur candidature à l'accueil des congrès internationaux • Une nouvelle Charte est en cours d'élaboration avec les hôteliers de Paris pour qu'ils s'engagent à long terme sur une politique tarifaire attractive qui permette de décrocher la décision.
Dans les salons dorés de la mairie, dix présidents d'association se sont vus remettre des mains de Christian Sautter, adjoint au Maire en charge du développement économique, la médaille d'argent de la Ville de Paris pour leur action décisive pour gagner le congrès international de leur discipline. De fait, 30 000 cardiologues sont attendus en 2011, 6 000 spécialistes de l'hémophilie ou encore 8 300 géoscientifiques en 2012. Des manifestations d'envergure dont les retombées économiques (en dehors de l'apport scientifique) sont considérables pour toute une industrie touristique. La compétition entre les grandes destinations mondiales est de plus en plus rude, notamment avec les pays asiatiques, et le bureau des congrès de l'Office du tourisme de Paris épaule les porteurs de candidatures pour décrocher l'attribution du congrès. “Paris a des atouts extraordinaires à mettre en avant en termes d'environnement économique et scientifique qui justifie la tenue de n'importe quel congrès international”, insiste Paul Roll, directeur général de l'OTCP. Il y ajoute une liste de facteurs objectifs : 1er hub européen aéroportuaire, noeud ferroviaire des TGV européens, 18 centres de congrès, 76 000 chambres à Paris intra muros et 149 000 avec la périphérie… et une capitale qui attire naturellement par son rayonnement culturel et touristique. “Nous savons par expérience qu'un congrès international à Paris attire en moyenne de 20 à 30 % de fréquentation supplémentaire que dans n'importe quelle autre destination”, poursuit Paul Roll. Mais visiblement cela ne suffit plus pour emporter facilement la décision. “Nous avons besoin d'être soutenus par les responsables du bureau des congrès pour présenter un dossier de candidature sans faille et convaincant. Parfois le vote est gagné à une voix près”, explique le président du Comité français de cartographie. Un vade-mecum a été imaginé, document de référence pour piloter une candidature, avec un dispositif d'accompagnement mis en oeuvre une dizaine de fois depuis 2006 et qui a porté ses fruits. Sur la seule année 2008, l'OTCP a épaulé plus de 350 associations et défendu 60 candidatures avec les bons arguments.Par ailleurs, l'OTP a réactivé la négociation d'une Charte hôtelière avec les principaux groupes et les représentants des indépendants pour obtenir l'arme indispensable : un contrat unique, applicable a minima, qui réponde aux enjeux des congrès associatifs (engagement tarifaire ferme sur une longue période de 2 à 10 ans ; conditions de ventes réalistes compatibles avec la trésorerie des associations ; contingent significatif dans les grands hôtels ; respect des procédures de gestion des réservations…) “A ce jour seul un tiers de congressistes, en moyenne, passe par le circuit officiel de réservation. Nous devons monter à deux tiers, pour avoir une meilleure maîtrise à travers une offre claire et attractive des hôteliers”, insiste Paul Roll. L'objectif est la signature de cette charte dans le courant de l'année.Car Paris doit lutter contre le revers de sa médaille : des aéroports et gares parfois engorgés, une réputation d'accueil et de cherté qui persiste, le faible nombre de gros porteurs hôteliers pour les grandes délégations nationales… autant de chantiers auxquels l'OTCP s'est attelés, le plus souvent en partenariat avec la Chambre de commerce ou des organismes comme VIParis (Venues in Paris), gestionnaire de 10 centres de congrès et expos.Un comité de pilotage a été constitué avec Aéroports de Paris, le ministère de l'Intérieur, la SNCF, les fédérations de taxis pour identifier les points de friction et trouver des solutions, parfois ponctuelles - coupe fil discret, signalétique renforcée, messages aux taxis … Un deuxième comité, sous l'égide de VIParis, passe au crible les infrastructures d'accueil congrès de la capitale pour ne pas être en retard en termes de nouvelles technologies, de connectivité et de transmissions des informations. La conférence internationale sur les systèmes d'information de décembre dernier au Palais des congrès a servi d'aiguillon à cette démarche de mise à niveau face aux "tigres asiatiques" qui en font un argument capital.Autre points qui font débat : y a-t-il suffisamment de chambres à Paris pour les grandes manifestations internationales ? La politique tarifaire congrès peut-elle être mieux harmonisée ? Sur le premier sujet, Christian Sautter agit en véritable VRP du développement économique : “J'ai sur moi la liste de dix sites parisiens, que j'ai présentée aux investisseurs potentiels au dernier Mipim, terrains qui peuvent se libérer pour la construction d'infrastructures hôtelières. Nous souhaitons quelque 7 000 chambres supplémentaires dans et à proximité immédiate de Paris dans les zones comme Austerlitz, Masséna, Porte d'Aubervilliers, Porte de la Chapelle, ou l'espace Clichy-Batignolles où devait se construire le village olympique”.