« Pour garder les jeunes, il nous faut créer un environnement de confiance où ils puissent se sentir épanouis »

6 min de lecture

Publié le 16/11/22 - Mis à jour le 23/10/24

Le groupe Accor ouvre le Fairmont Tazi Palace à Tanger. Entretien avec son directeur général, Fabien Gastinel. L’établissement de 133 clés est fortement tourné sur son environnement local en plus de viser une clientèle internationale.

Tanger une destination attractive à fort potentiel de développement

« Tanger est une destination qui était éclipsée par Marrakech et Agadir avec un fort potentiel. Cette ouverture s’inscrit dans le développement touristique de la ville. Il y a d’autres enseignes haut de gamme qui s’intéressent à la destination avec l’arrivée dans les années à venir d’un Waldorf Astoria et d’un St Regis.

Tanger est la troisième plus grande ville du Maroc, c’est également la ville africaine la plus proche du continent européen. Le ferry entre Tanger et Tarifa permet de rejoindre l’Espagne en 40 minutes. Autour de la ville de Tanger il y a également de nombreuses attractions intéressantes comme Chefchaouen, la Perle bleue du Maroc. La casbah de Tanger est également remarquable. Le statut passagèrement international de la ville lui a imprimer une architecture toute particulière.

Marrakech est une destination plus people et Tanger se positionne en tant que destination culturelle. Nous visons une clientèle française, américaine, espagnole à la recherche d’un tourisme différent et de nouveauté. A l’année, les capitales européennes desservent Tanger. »

« Notre établissement de 133 clés reste un urban resort à taille humaine. Le Tazi Palace avait été construit dans les années 1920 par M. Hamed Tazi qui était le chef de la région à l’époque et le délégué du roi. Le bâtiment qui avait été construit en surplomb de la ville, n’avait jamais été terminé. Il avait été classé comme monument historique. La structure et les façades du bâtiment ont donc été préservés dans un style arabo andalou. Une extension a été ajoutée à l’avant du bâtiment pour installer les chambres face à une forêt d’eucalyptus centenaires. Notre bâtiment a une histoire, nous voulons qu’il soit l’un des plus visité de la ville. »

« Pour nous inscrire dans la destination, nous développons des expériences, nous en avons aujourd’hui 15 de disponibles. Ce sont des expériences privatives dans l’hôtel ou dans la ville avec des partenariats. Nous avons récemment lancé un partenariat avec certaines des plus belles maisons et Ryad de Tanger dans lesquels nous pouvons organiser des événements privatifs. Nous avons également noué un partenariat avec un pêcheur local qui emmène nos clients sur sa barque typiquement marocaine pour une journée de pêche dans la baie de Tanger. Nous avons également un partenariat avec le plus vieux guide de Tanger pour une découverte artistique de la ville. Nous sommes les seuls dans la destination à avoir développer ces expériences immersives.

Nous développons également des activités pour une clientèle corporate. »

Comment faire rimer RSE et luxe ?

« Nous avons un produit qui a été conçu pour plaire à la clientèle locale avec l’objectif de contribuer au développement économique de la ville. Nous souhaitons établir une relation de confiance avec la clientèle locale et les intégrer au sein de l’hôtel par exemple au niveau artistique.

Nous avons récemment aidé au développement d’une école pour jeunes publiques en situation de handicap, nous avons rénové une partie de l’école, sponsorisé des jeunes enfants en situation de handicap et orphelins en prenant en charge une année complète d’éducation.

Nous avons également sponsorisé un événement artistique en ville pour promouvoir l’art dans la ville de Tanger.

Pour la partie environnement, nous n’utilisons pas de plastique à usage unique. Cette démarche plus globalement est une quête constante pour penser différemment. Nous contrôlons les déchets notamment pour limiter le gaspillage alimentaire, avec un système de recyclage des aliments. Nous avons notre propre potager au sein de l’hôtel. Les ingrédients servis dans nos 4 restaurants sont uniquement locaux. L’hôtel est équipé de panneaux solaires et nous disposons d’un système de domotique dans les chambres pour contrôler la consommation d’énergie dans les chambres.

Nous ambitionnons de mettre en place encore de nombreuses autres actions sur ce sujet de la RSE. »

Recruter et fidéliser le personnel

« Nous avons fait une campagne de recrutement à travers tout le Maroc cet été. Nous avons ciblé en priorité des jeunes, qui n’ont pas forcément un niveau d’études élevé, avec une attitude souriante. Nous avons privilégié l’attitude à l’expérience. La formation pour nous est primordiale, nous préférons former nos collaborateurs sur place avec nos standards, plutôt que de recruter des personnels avec des habitudes autour d’autres standards de marques.

Le recrutement s’est bien déroulé. Le plus important pour nous est de fidéliser les jeunes, comme c’est le cas dans le monde entier. Il nous faut trouver les leviers pour les garder et les motiver à se projeter au sein de l’entreprise. Il y a 25/30 ans, les employés étaient fidèles à leurs postes et ne bougeaient pas de peur de ne pas trouver un autre emploi. Aujourd’hui les jeunes sont très volatiles et prêts à quitter leur entreprise au bout de 6 mois pour trouver un autre emploi. Pour les garder il nous faut créer un environnement de confiance où ils puissent se sentir épanouis.

Nous avons 4 Fairmont au Maroc ce qui est une force. Nous avons toutefois tous les mêmes problèmes et tous les hôtels au Maroc l’ont également. Cette rétention ne passe pas uniquement par le salaire mais également par l’environnement et la culture d’entreprise.

Lors de mon parcours j’ai également eu l’occasion de découvrir des environnements variés, toutefois le rythme de turnover est devenu très élevé. Si nos collaborateurs restaient avec nous 3 ans nous serions contents.

Dans l’industrie du tourisme nous sommes un métier de terrain, nous ne pouvons pas proposer de télétravail. Du fait de la crise récente, de nombreux jeunes ont quitté l’hôtellerie et ne voient pas de raison d’y retourner.

L’industrie touristique est passionnante, j’en suis à mon neuvième pays et je n’ai pas arrêté de voyager. C’est un métier qui demande de la présence et de nombreuses heures, pour cela il faut être passionné. C’est également un métier qui permet d’assouvir la passion de nouvelles cultures. Le fait d’avoir voyagé 10 ans en Asie, 6 ans au Moyen-Orient et bientôt 5 ans en Afrique m’a permis de découvrir différentes façons de travailler et différents types d’hôtellerie. »

Accor

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