Le secteur des croisières connait un certain essor depuis maintenant une dizaine d'années mais les problèmes liés à ce transport grandissent autant que sa popularité. Pollution, gêne des habitants des lieux d'escales et renforcement du surtourisme sont autant de problématiques qui dégradent l'image de cette industrie.
Le secteur de la croisière est un marché en pleine expansion depuis plusieurs années, crise sanitaire à part. En 2018, en Europe on comptabilisait 7,17 millions de croisiéristes soit une progression de 3,3% comparé à l’année précédente. Afin de répondre à une demande toujours plus importante, les paquebots n’en finissent plus de s’agrandir et de rivaliser avec des équipements toujours plus extravagants. Le plus gros bateau de croisière actuel est le Symphony of the Seas, il mesure 362 mètres de long et pèse plus de 228 000 tonnes, ce qui lui permet d’accueillir à son bord 6 680 passagers et 2 384 membres d’équipage.
Mais cette surenchère et ce mode de voyage posent un certain nombre de problèmes, principalement d’ordre écologique. En effet, le carburant utilisé par ces paquebots est extrêmement polluant et s’accompagne de rejets de substances nocives autant pour l’environnement que pour l’Homme. En cause, deux particules : l’oxyde de soufre et l’oxyde d’azote, qui affectent la qualité de l’eau et de l’air et impactent également la santé des personnes se trouvant à proximité. Un problème majeur quand ont sait que ces navires atteignent souvent les centres villes, comme à Venise ou à Marseille.
Selon une étude de l’ONG Transport et Environnement, les 57 paquebots qui ont fait escale à la cité phocéenne en 2017 ont émis autant de substances nocives qu’un quart des voitures de la ville sur la même période. Autre dilemme tout aussi dérangeant, les moteurs de ces mêmes navires continuent de tourner même durant les escales dans les ports des villes les accueillant afin d’alimenter les équipements électriques. En Europe, c’est l’Espagne qui souffre le plus de ces nombreux impacts négatifs ; Barcelone est actuellement le port le plus pollué d’Europe suivi de près par celui de Palma de Majorque. Les paquebots polluent mers et océans en rejetant les eaux noires, grises et de cale qui sont chargées en produits chimiques nocifs pour l’écosystème. La pollution visuelle est aussi pointée du doigt par les habitants des villes d’escale qui se retrouvent privés de vue sur le paysage en raison des navires amarrés devant leurs habitations.
Les problèmes liés aux croisières ne s’arrêtent pas là, ce type de tourisme engendre un phénomène tout aussi problématique dans les villes d’escale : le tourisme de masse. Nombreuses sont les villes à souffrir de l’engorgement de leurs rues par les touristes provenant de ces paquebots. Durant la saison estivale, la ville de Santorin en Grèce voit débarquer pas moins de 13 000 excursionnistes provenant des centaines de bateaux qui s’amarrent chaque jour. Le même phénomène s’observe dans les villes de Venise et Palma de Majorque qui accueillent respectivement 57 000 et 15 000 excursionnistes à la journée. Un flux touristique qui est devenu ingérable et surtout invivable au quotidien pour les habitants de ces lieux.
Toutes ces villes fortement impactées par le secteur de la croisière ont donc décidé de réagir afin de limiter les impacts induits par les paquebots et leurs passagers. Santorin et Palma de Majorque ont fait le choix de limiter le nombre d’excursionnistes afin de contrôler les flux de touristes trop importants. Les autorités locales de Santorin limitent ainsi à 8 000 visiteurs par jour l’accès à l’île tandis qu’à Palma de Majorque, 30 ONG et 11 000 citoyens ont signé la pétition « Manifeste contre les méga-croisières » pour limiter l’accès à la ville à seulement 4 000 excursionnistes par jour. Quant à Venise, le gouvernement italien a annoncé ce jeudi 25 mars l’interdiction pour les paquebots de faire escale dans le centre-ville de la ville des Doges, les invitant à la place à se rendre au port industriel de Maghera dans l’attente d’une solution finale pérenne.
On observe également du côté des croisiéristes une volonté de changer cette image et d'évoluer afin de correspondre aux nouvelles attentes des touristes actuels qui s'intéressent de plus en plus à leur impact sur l'environnement durant leurs séjours. Pour ce faire, les navires récents utilisent un nouveau type de carburant, le Gaz Naturel Liquéfié (GNL) qui ne rejette pas d'oxyde de soufre et qui réduit de 95% l'émission de particules fines et de 20% celles de CO2. Le développement de nouvelles technologies permet d'assainir le traitement des eaux usées avant qu'elle ne soit rejetées dans la mer ainsi que de réduire les nuisances sonores qui impactent faunes et flores. De plus, les compagnies mettent l'accent sur le sensibilisation du respect des lieux visités lors des croisières. Le désir des compagnies de croisière de s'inscrire dans une démarche responsable et durable est de plus en plus visible, la plupart d'entre elles travaillent sur la construction de navires écologiques et mettent en place des partenariats locaux pour améliorer leur impact sur les destinations.