
Trainline, la première plateforme européenne indépendante de vente de billets de train et de bus, dévoile une étude réalisée avec OpinionWay sur la perception par les Français des premiers effets de l’ouverture à la concurrence du marché ferroviaire. Pour l’occasion, Trainline a organisé une table ronde avec les principaux acteurs concernés par ce changement dont Trenitalia, Transdev et Railcoop.
Quatre ans après l’adoption de la loi sur l’ouverture à la concurrence du train en France, il est temps de dresser un premier bilan. Les trois opérateurs invités que sont Trenitalia, Transdev et Railcoop s’accordent à dire que l’arrivée sur le marché ferroviaire français comporte de nombreuses difficultés, notamment d’ordre technique. Toutefois, Roberto Rinaudo, le directeur général de Trenitalia France assure que « nous vivons une situation historique avec la possibilité d’accélérer la transition écologique grâce au train et ainsi réduire la consommation ».
En effet, le train est l’un des modes de transport les plus durables et selon 68% des Français, l’ouverture à la concurrence est une bonne nouvelle pour la lutte contre le changement climatique. En outre, 59% d’entre eux affirment être attentifs à l’impact écologique de leur mode de déplacement au moment de le choisir. Une considération écologique d’autant plus forte chez les jeunes générations qui sont 90% à intégrer ce critère dans leur choix au moment de décider de leur moyen de déplacement. Il reste toutefois à convaincre les 41% restants de Français peu sensibles à ce critère, un vrai travail pédagogique.
Trenitalia tire un premier bilan plutôt positif dans l’ensemble, malgré un lancement complexe, la compagnie italienne étant la seule à s’être positionnée sur la ligne grande vitesse Paris-Lyon dés 2021. Roberto Rinaudo estime que « tous les acteurs du ferroviaire doivent travailler ensemble pour accélérer la croissance du marché ». Car pour lui l’ouverture à la concurrence est une très bonne chose, elle a par ailleurs portée ses fruits en Italie. En effet, le marché ferroviaire italien a doublé seulement 4 ans après l’arrivée de nouveaux opérateurs sur le marché.
L’intérêt d’une ouverture à la concurrence, comme le souligne le directeur général de Trenitalia France, est notamment la diversification de l’offre pour les voyageurs. La compagnie italienne propose une offre tout à fait différente de celle offerte par la SNCF. Son objectif est par ailleurs d’être plutôt un acteur complémentaire à la SNCF plutôt qu’un pur compétiteur. Les TGV italiens, baptisés Frecciarossa, disposent ainsi d’une classe business plus importante avec de nombreux services adaptés aux besoins de cette clientèle.
Du côté de Railcoop et Transdev, les deux acteurs pointent du doigt une certaine difficulté à dialoguer et travailler avec SNCF Réseau, l’entité en charge de répartir les sillons. Si Transdev inaugurera la ligne Marseille – Nice début 2025, Railcoop n’a préféré pas communiquer de date après de nombreux reports du lancement de leur offre voyageurs. La coopérative ferroviaire doit notamment faire face à un accès relativement complexe au marché en termes de financement mais également au niveau du matériel. Alexandra Debaisieux, Directrice Générale Déléguée de Railcoop, affirme toutefois que « la technique ne doit pas contraindre la politique ».
L’opérateur historique qu’est la SNCF ne doit pas craindre l’arrivée de nouveaux opérateurs, au contraire, une offre plus large signifie une hausse de la demande. Une situation gagnante pour tous. Par ailleurs, 44% des Français sondés estiment que l’ouverture à la concurrence est plutôt synonyme d’avantages, seuls 19% restent réfractaires. Des chiffres qui soulignent les fortes attentes des Français mais également les effets de cette ouverture du marché. Néanmoins, 40% estiment que le prix des billets a subi la pire évolution depuis l’ouverture à la concurrence. Un fait contesté par Trainline qui souligne une baisse d’environ 7% sur le trajet Paris – Lyon depuis l’arrivée de Trenitalia.
Nous avons également constaté que cet été, certains jours, les voyageurs pouvaient économiser jusqu’à 43 euros sur leur trajet Paris – Lyon en comparant les compagnies de train disponibles sur Trainline, ce qui n’aurait pas été le cas s’il n’y avait eu qu’un seul opérateur sur cette ligne. Une très bonne nouvelle pour les voyageurs français !
Christopher Michau, Directeur des relations des opérateurs Europe chez Trainline
L’ajout de nouveaux opérateurs sur les rails françaises permet également d’adresser la problématique du dernier kilomètre. Un frein pour de nombreux Français qui privilégient alors l’usage de leurs véhicules personnels. Tous s’accordent à dire qu’il est nécessaire de proposer un service de bout en bout, en dépassant les limites du train. « Il ne s’agit plus d’aller d’une gare à une autre mais d’un point A à un point B ». Plus d’opérateurs signifie également une plus grande fréquence car comme le souligne Roberto Rinaudo, la France se situe en dessous de la moyenne européenne au niveau de la circulation quotidienne des trains.
Enfin, la question de la distribution a aussi été abordée lors de ces tables rondes. Tous appellent à un travail collaboratif sur la distribution afin de simplifier le parcours client et d’accroitre ainsi le nombre de passagers. En outre, certaines régions souhaitant gérer elles-mêmes la vente de billets des trains régionaux les concernant. Également, la Commission Européenne devrait s’emparer de ce sujet en lançant fin 2022 – début 2023 des initiatives concernant la distribution afin de faciliter la mobilité ferroviaire intra-européenne. Un projet ambitieux mais louable car à l’heure actuelle le marché ferroviaire européen est bien fracturé, les liaisons entre divers pays européens étant relativement compliquées.

