Bien des acteurs, qu’ils soient hébergeurs ou transporteurs, subissent les contrecoups des mesures sanitaires qui ont fleuri partout dans le monde pour lutter contre la propagation de la pandémie du Coronavirus. Hospitality ON fait un tour d’horizon de la situation, avec pour deuxième volet de cette analyse, un focus sur les transports à l’arrêt, face aux interdictions de déplacement.
En dehors du monde de l’hébergement, les différents modes de transports sont tout autant perturbés. L’Organisation Mondiale du Tourisme déclarait ainsi que « le tourisme et les transports ont été parmi les plus durement touchés de tous les secteurs ». Avec les mesures de confinement, la mise en quarantaine des voyageurs à l’arrivée sur le territoire ou encore l’arrêt total de lignes aériennes, les touristes ne sont tout simplement plus en mesure de se déplacer.
Bien entendu, la crise impacte de plein fouet le secteur aérien, qui est en pleines négociations avec les gouvernements et les instances intergouvernementale comme la IATA pour trouver des mesures qui puissent pérenniser l’activité (voir l’analyse de l’impact du Covid-19 sur le secteur aérien), activité qui commence néanmoins à timidement redémarrer du côté de l’Asie.
A titre d’exemple, le manque à gagner rien qu’en France serait de 65 millions de passagers en moins en 2020, d’après une étude de la IATA. Cela pourrait conduire à des pertes de chiffre d’affaires estimées à 12 milliards de dollars, mettant potentiellement en péril 318 000 emplois et une contribution de 28,5 milliards de dollars à l’économie française.
En Grèce, le trafic de passagers à l'aéroport international d'Athènes (AIA) aurait chuté de 61,3 % en mars, soit un total de 639 580 voyageurs en mars 2020 contre 1,65 million en mars 2019. Du côté du Portugal, tous les aéroports du pays fermeront pour une période de cinq jours à Pâques, entre le jeudi 9 et le lundi 13 avril, dans « un dernier effort qui est nécessaire pour contenir l'expansion de cette pandémie et d'accélérer la phase dans laquelle nous pouvons progressivement commencer à lever la restrictions » comme l’expliquait dans une déclaration officiel le Premier ministre portugais António Costa. Le pays a décrété l’état d’urgence, qui a été prolongé jusqu’au 17 avril, pour permettre la mise en place de mesures « exceptionnelles » pour « empêcher la circulation de l'étranger vers le Portugal ou du Portugal à l'étranger ».
Mais l’aérien n’est pas le seul mode de transport impacté. Le ferroviaire, les bus et les transporteurs individuels comme les taxis le sont tout autant.
La SNCF annonce une baisse maximale de son trafic quotidien. Il y aurait ainsi seulement 42 TGV qui rouleraient par jour actuellement, contre environ 700 habituellement. De même, seulement 18% du réseau TER serait assuré, répartis entre trains et autocars. Les rares voyageurs qui se rendent en gare doivent en effet être munis d’une attestation avec raison valable de déplacement, tel que les personnels de santé qui viennent prêter main forte à des structures de santé en dehors de leur zone d’habitation. Par ailleurs, la compagnie française a annoncé offrir le voyage à ces derniers en proposant « la gratuité des trajets en TGV, pour les personnels médicaux et paramédicaux – médecins, infirmier(e)s et aide-soignant(e)s – qui répondent aux appels de solidarité ».
Pendant ce temps, d’autres transporteurs, comme OUIGO ou Blablabus, ont même été contraints de cesser totalement leurs activités depuis le 17 mars pour Blablabus et le 27 5h du matin pour OUIGO. Ces derniers n’apparaissent donc plus dans les choix de voyage proposés sur la plateforme OUI.sncf. Les clients ayant réservé par l’une de ces compagnies ont reçu un avoir valable un an.
Même son de cloche du côté du géant allemand Flixbus, qui a dû arrêter de circuler sa flotte à travers l’Europe depuis le 17 mars. La compagnie de transport a été contrainte de se conformer à la directive gouvernementale outre-Rhin qui appelle également à la « la restriction des contacts sociaux dans le secteur public en Allemagne » si bien que « Flixbus suit naturellement les instructions du gouvernement fédéral ».
Concernant la situation en France, la compagnie allemande déclarait :
« Le gouvernement français a annoncé des mesures visant à restreindre les déplacements au strict minimum et à interdire ainsi tout déplacement non absolument indispensable. Ces directives s’appliquent au transport longue-distance, dont l’activité de cars longue distance ».
Quant à l’impact de cette baisse de clients, et par conséquent de chiffre d’affaire, Flixbus déclarait avoir anticipé les pertes et ainsi « pris des mesures pour contrecarrer les éventuelles conséquences économiques ».
La plateforme de partage Blablacar maintient son activité de son côté, même si « dans le contexte actuel et la nécessité de distanciation sociale, covoiturer n’est pas recommandé » peut-on lire sur son site internet dédié. Les personnes devant la nécessité de voyager ont donc encore la possibilité de recourir à cette solution de déplacement économique. En revanche, une seule personne, en plus du conducteur, n’est autorisée par véhicule. Cette mesure a pour but de limiter les contacts et la transmission du virus entre personnes potentiellement infectées. Enfin, toute personne utilisant la plateforme doit également se munir de la fameuse attestation justifiant son déplacement.
Une autre solution de déplacement, néanmoins bien plus onéreuse, est celle du taxi. Mais ceux-ci peinent à trouver des clients devant la raréfaction de ces derniers. Face aux pertes colossales enregistrées dans le secteur, le gouvernement a annoncé venir en aide à la profession en débloquant un fonds d’aide à destination des petites, très petites entreprises et indépendants du milieu. Les structures de moins de 11 salariés qui ont été contraintes d’arrêter leur activité pourront bénéficier d’une aide forfaitaire de 1 500 euros par mois le temps de la fermeture temporaire de l’entreprise. Une solution qui est saluée par l’U2P (Union des entreprises de proximité). Cette aide s’applique aux entreprises enregistrant une baisse de chiffre d’affaire minimum de 50%, contre 70% auparavant.
Autre mesure de soutien aux taxis qui seraient encore en activité, le gouvernement a annoncé que le remboursement des frais de déplacement du personnel médical mobilisé pour la crise ne s’appliquerait que dans le cas d’une course dans un taxi, non valable par conséquent pour une course avec un VTC. Cette règle arrive après que les syndicats de la profession auraient menacé le gouvernement d’appliquer leur droit de retrait pendant la crise si leur exclusivité n’était pas reconnu pour le marché du transport médical. C’est ainsi que l’Etat déclarait dans un communiqué que « pour le transport de malades assis, c’est le recours aux conducteurs de taxis qui déclenchera la prise en charge financière par l’assurance maladie ».
En échange de cette exclusivité, et pour contenir la pandémie, les professionnels s’engagent à désinfecter scrupuleusement leur véhicule après chaque client. Afin d’aider les chauffeurs de taxi à s’équiper convenablement, le gouvernement a fait part de sa volonté de mettre en place une plateforme d’achats de gel hydroalcoolique et de masque.
Le gouvernement, qui s’est encore entretenu le jeudi 2 avril avec les représentants du secteur, à savoir les fédérations professionnelles de taxis (FNTI, FNAT, UNT et UNIT) représentatives au niveau national, a rappelé le rôle essentiel de ces « 50 000 professionnels du taxi » qui « jouent un rôle essentiel dans la vie économique et sociale de notre pays en réalisant chaque jour plus d’un million de trajets, dans le respect de règles et tarifs fixés par l’Etat ».
Par ailleurs, ce rôle essentiel se poursuit aujourd’hui puisque « dans le contexte de crise que nous vivons, ils démontrent comme ils l’ont fait lors de crises précédentes leur mobilisation sans faille pour répondre aux besoins de la Nation ».
C’est donc par la solidarité que l’activité, que ça soit celle des taxis ou plus largement celle de tous les moyens de transport, parviendra à se maintenir et à surmonter cette crise sans précédent pour le secteur.