Comme une manière de saluer une dernière fois les partenaires institutionnels du tourisme et d’adresser un dernier message aux acteurs privés, Olivia Grégoire, ministre démissionnaire en charge notamment du Tourisme, a souhaité dresser elle-même un rapide bilan de la saison estivale.
Le premier constat sur lequel la ministre a voulu insister avec pertinence : les saisons ne sont plus ce qu’elles étaient. Réduire la saison estivale aux trois mois d’été n’a plus vraiment de sens si l’on considère les comportements des voyageurs et vacanciers. Plus souvent, moins longtemps, moins loin…. sont des constats récurrents des habitudes de départs des Français, mais aussi des visiteurs internationaux, à quelques nuances près.
Dès lors l’observation des performances touristiques de la France a davantage de sens si on considère une « haute saison » touristique qui coure pratiquement de Pâques aux vendanges, soit d’avril à septembre. Et il est certain que cette haute saison 2024, qui n’est pas encore achevée, est difficile à comparer avec la même période 2023 compte tenu des grands événements en cours et à venir.
Mais pour une ministre qui s’avoue de nature plutôt pessimiste habituellement, il y a largement de quoi se réjouir et se féliciter. Face à une année précédente déjà qualifiée de record, la période estivale 2024 franchit de nouveaux caps avec un parcours plus chahuté au fil des semaines.
Olivia Grégoire distribue volontiers les « médailles d’or » : aux touristes français qui n’ont pas boudé les JO à Paris (1,7 million de visiteurs hors région parisienne) et les villes d’accueil, aux visiteurs étrangers et notamment aux Américains (+13%), Chinois (+43%) et Japonais (+13%) qui ont largement retrouvé le chemin de la France, et globalement à tous les acteurs qui ont fait preuve de professionnalisme, changeant radicalement le visage de la France dans les médias internationaux.
Pas d'effet de rejet perceptible de la destination France, au contraire
Alors certes, tout le monde a pu constater un « trou d’air » avant les JO, avec des baisses de fréquentation significative dans les grandes métropoles et dans les zones touristiques victimes aussi des intempéries. Alors certes, il y aurait eu un « effet rejet » des JO sur des clientèles habituelles qui craignaient l’insécurité, la pagaille, la hausse des prix… mais il semble avoir été moins perceptible que prévu… Car l’effet positif des semaines intenses de compétition sportives, qui se prolongent encore avec l’engouement réel pour les paralympiques, font voler toutes les analyses négatives.
Au-delà des volumes de touristes et voyageurs qui ont été motivés par les JOP 2024, c’est aussi la balance des paiements qui penche dans le bon sens. Selon les données de la Banque de France, les recettes internationales liées au tourisme ont atteint le chiffre de 32,5 milliards d’euros sur les 6 premiers mois avec une poussée estimée à 4 milliards supplémentaires sur la seule période des JOP.
Objectif atteignable, 68 milliards d'euros de recettes internationales
Tous les espoirs sont donc fondés pour dépasser le chiffre de 62 milliards de recettes internationales en 2023 et de passer la barre escomptée de 68 milliards d’euros pour une centaine de millions de séjours internationaux enregistrés fin 2024.
Tout va bien donc dans le meilleur des mondes touristiques, réduisant à quelques aboiements lointains les complaintes de professionnels isolés, exclus de l’effet JOP ? Olivia Grégoire a néanmoins voulu exprimer une sourde colère à l’encontre des professionnels qui n’ont pas utilisé les ressources mises à la disposition par le Gouvernement – 350 millions d’euros fléchés JOP – pour améliorer l’accessibilité des lieux touristiques : cafés, restaurants, hôtels. « Nous avons traité 500 dossiers et à peine écorné le budget disponible, c’est fortement regrettable », a-t-elle martelé espérant que le secteur va se ressaisir.
Un fond de compensation ouvert pour les pertes identifiées
Pour répondre aux protestations d’hôteliers-restaurateurs qui ont effectivement été pénalisés pendant la période pré et post-cérémonie officielle d’ouverture par des mesures draconiennes de sécurité, Olivia Grégoire a rappelé qu’une Commission d’indemnisation a été mise en place et qu’elle traitera toutes les demandes en 2025, une fois démontrées les pertes d’activité éventuelles sur 2024.
Sur le moyen terme, la ministre espère que les actions engagées au sein du Comité de filière Tourisme et avec Atout France, les partenaires territoriaux d’ADN Tourisme et privés de la Confédération des Acteurs du Tourisme, vont se prolonger et que la même énergie sera déployée pour exploiter l’effet positif des JOP sur l’image de la France et l’envie de la visiter.
L'Espagne et l'Italie en embuscade
Christian Mantei, président d’Atout France, a rappelé que deux pays sont en embuscade pour détrôner la France de son podium. L’Espagne bat des records de visiteurs internationaux chaque mois qui passe et l’Italie a fait bondir ses revenus de près de 30%. « Ces deux pays ont engagé un repositionnement et une requalification de leurs offres touristiques que la France aurait bon ton d’engager aussi », a alerté Olivia Grégoire en guise de quasi-adieu.