Entretien avec Corinne Ménégaux, Directrice Générale de l’Office du Tourisme et des Congrès de Paris première destination congrès et conférences en Europe.

J’ai pris la direction de l’office du tourisme en novembre. J’ai travaillé dans la presse et j’ai fait une grande partie de ma carrière dans les salons professionnels. A cette époque, je travaillais déjà avec l’office, sur les sujets congrès et séminaires.

Quel est le poids du tourisme d’affaires, sur la destination Paris ?

Le tourisme d’affaires, représente environ 50 % du business touristique de la destination. Soit 50 % des nuitées. Le tourisme d’affaires représentant les voyageurs individuels, les voyageurs pour les salons, les voyageurs pour les congrès etc. Cet équilibre, entre la clientèle d’affaires et clientèle loisirs, permet à Paris d’être résiliente en cas de crise.

La destination accueille plus de 1000 congrès par an. Nous sommes premiers au classement de l’ICCA sur les destinations congrès depuis deux ans, nous sommes toujours dans le trio de tête depuis plusieurs années. Paris est une destination largement plébiscitée pour l’organisation d’événements et de congrès.

Suite à la pandémie de Covid 19, le tourisme d’affaires est très impacté. Comment les professionnels du secteur se préparent-il à la reprise ?

Il est encore un peu tôt pour se prononcer. Il y a 500 congrès et salons qui sont organisés chaque année à Paris, sans compter les événements d’entreprise. L’activité a été à l’arrêt total pendant tous les mois de confinement, comme la majorité des secteurs. Elle reprendra doucement à partir de septembre. Cela aura donc évidemment un impact économique colossal. La question est de savoir dans quelles conditions la reprise pourra se faire à la rentrée de septembre.

Les professionnels ont largement engagé une politique de réassurance sanitaire. Nous l’observons dans notre baromètre du tourisme d’affaires, 80% des répondants estiment que les questions sanitaires seront déterminantes dans leur prise de décision. Les éléments de réassurance sont donc clés, et la filière s’est très largement engagée sur ces questions. […]

Comment l’Office du Tourisme et des Congrès de Paris accompagne-t-il ces professionnels ?

Nous sommes en lien étroit avec tous ces professionnels qui sont adhérents chez nous. L’office à 1700 adhérents aujourd’hui dont la moitié vient du tourisme d’affaires. Nous travaillons étroitement avec tous les grands acteurs du secteur notamment pour les candidatures à l’accueil d’événements majeurs. Nous travaillons beaucoup avec des acteurs comme Viparis, Accor ou d’autres chaînes hôtelières ou encore avec des lieux réceptifs. Pour attirer des grands congrès, il faut que nous soyons tous en ordre de marche et ensemble. C’est une vraie démarche mutualisée, si chacun fait son démarchage de son côté cela fonctionne moins bien ; l’idée est d’avoir une démarche commune. L’office à ce rôle-là de fédérateur pour les différentes sociétés privées.

Nous travaillons beaucoup avec l’ensemble de la filière, sur les éléments de réassurance. Nous avons mis en place la charte Caring Atitute, qui retrace l’ensemble du parcours clients. […]

Nous travaillons également beaucoup sur du contenu et de la promotion. Nous voulons valoriser l’attractivité de Paris qui est une place particulièrement attractive. Nous savons qu’un événement qui se déroule à Paris fait entre 10 et 20 % d’audience en plus que s’il se déroulait ailleurs.

Nous utilisons nos réseaux et tous les canaux possibles à l’international et sur le territoire, pour promouvoir cette filière auprès des potentiels visiteurs.

Pour la reprise attendue par tout le monde en septembre 2020, avez-vous prévu un dispositif de communication et de prospection spécifique ?

Nous avons habituellement des opérations de prospection et de démarchage à l’étranger toute l’année. Elles ont bien sûr toutes été stoppées. Pour la rentrée, tant que nous n’avons pas de visibilité sur les réouvertures de lignes aériennes et de frontières, nous avons digitalisé ce plan d’actions. Nos démarchages seront des rendez-vous digitaux avec des workshop des webinars etc. Cela nous permet de garder un lien avec les clients potentiels MICE à l’étranger.

Nous allons faire une campagne BtoB assez importante dès la rentrée. Le planning n’est pas complètement figé étant donné que la situation évolue chaque jour. […] l’idée, comme pour les clientèles loisirs, est de rappeler que Paris est ouverte et de donner des éléments de réassurance. Nous apporterons des éléments de preuve grâce aux différents événements qui se tiendront à la rentrée. Cela nous permettra de capitaliser sur cette dynamique de reprise.

Quel type d’événements sont prévus pour la rentrée ?

Dans les premiers événements qui vont ponctuer la rentrée, il y a Paris Design Week, même si Maison & Objet est annulé ce programme est maintenu. J’attends la liste des salons de la part de l’UNIMEV qui se tiendront à la rentrée à Paris. Il y a également le SIAL, la FIAC, Paris Photo… d’autres événements qui sortent de la filière MICE, comme Roland Garros qui a été déplacé à la rentrée. Ces événements reportés vont participer à la relance de la fréquentation de la destination.

Paris est une destination qui reçoit habituellement en plus de la clientèle affaire, une forte proportion de touristes étrangers. Pensez-vous changer de stratégie et être moins tournés vers l’international ou rester sur ce qui a été mis en place et capitaliser sur la notoriété de la ville ?

Je ne pense pas que la question se posera en ces termes, il n’y a pas de choix à faire entrer des marchés émetteurs ou d’autres. Cela va plutôt changer structurellement les conditions du tourisme d’affaires. Paris continuera à être une destination très désirable. […] c’est l’opportunité sur le loisir de redécouvrir la ville pour le public local.

Cela changera par contre probablement les comportements. Nous avons découvert, par la force des choses, que les outils technologiques étaient assez efficaces. […] Le curseur va peut-être un peu bouger. A chaque risque correspond une opportunité. Même si nous aurons sûrement moins d’aller-retour en journée, que ce soit en France ou en Europe, cela laissera peut-être la place à des déplacements moins fréquents mais plus récurrents et plus longs. Donc bien plus contributifs pour la ville. Cela sera une modification profonde de notre manière de travailler, mais peut-être pour le mieux. On ne pourra pas se passer de présentiel, cela permettra peut-être de le faire différemment.

Cette crise, ce n’est pas l’émergence de nouvelles tendances c’est plutôt l’accélération de mouvements de fond qui étaient déjà présents. Les grands événements continueront d’exister, ils auront des impacts plus forts en termes de contributions, de liens avec les destinations.

Cela va également permettre d’accélérer le développement du digital qui était un des laissés pour compte de l’événement physique.

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