
Maxime Blot est lauréat Meilleurs Ouvriers de France dans la classe réceptionniste en hôtellerie. Le 20 juin prochain, il se verra décerner le titre et la médaille de MOF lors de la remise officielle à Paris. Nous avons eu l’occasion d’échanger avec lui suite à sa victoire.
Hospitality ON : Que représente cette récompense pour vous ?
Maxime Blot : C’est une belle reconnaissance pour mon métier d’abord. Le métier de réceptionniste est un métier qui est beaucoup trop peu valorisé. Ces dernières années, on entend beaucoup parler de la cuisine, de la sommellerie mais beaucoup moins de la réception. C’est très opaque ce que fait un réceptionniste.
Donc pour moi, c’est d’abord une mise en avant de ce métier et, bien sûr, c’est aussi une reconnaissance pour une quinzaine d’années de travail. Je suis assez content, très heureux en fait, d’obtenir ce titre.
Estimez-vous donc qu'il est important de mettre en lumière la diversité des métiers de l’hôtellerie à travers ce genre de récompense ?
Absolument ! Je pense qu’il est important que les futures générations qui entrent sur le marché de l’emploi se rendent compte qu’il y a toute une diversité dans le métier. C’est un métier qui a ses spécificités et caractéristiques spéciales. Être réceptionniste, c’est différent d’être concierge ou chef de rang. Il a ses compétences douces et dures qu’il faut obtenir et développer en chemin.
C’est vraiment important que l’on parle de nos métiers au maximum pour que cela crée des vocations. Je suis sûr qu’il y a énormément de personnes douées pour nos métiers mais qui ne savent pas qu’ils existent. Donc, j’espère que ce titre va participer à apporter de la lumière sur cette industrie-là.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans le métier de réceptionniste ?
Mon rôle est peu différent aujourd’hui. J’ai évolué et créé ma société qui me permet maintenant d’intervenir dans les hôtels et de former les réceptionnistes.
Mais ce qui m’a toujours plu dans ce métier, c’est la diversité ! Il n’y a pas de jour pareil, la routine n’existe pas dans ce poste. On est constamment en apprentissage, on rencontre des clients, des nouvelles personnes tous les jours et, enfin, on est en contact également avec des équipes internationales.
De toute ma carrière, je n’ai jamais travaillé avec moins de trois/quatre nationalités à la fois. De ce fait, on parle français, anglais, souvent une autre langue, voire même plusieurs, au sein de l’équipe de réception et de l’hôtel plus globalement.
Pour la réception spécifiquement, c’est le seul pôle où l’on a quasiment toute l’information sur ce qui se passe dans l’hôtel. On l’appelle dans notre jargon : le centre névralgique. Puisque toutes les informations sur nos clients, arrivées, départs, facturation transitent par la réception.
Donc, on est au cœur de l’information et on dit que l’information c’est le pouvoir. Cette maxime est d’autant plus vraie dans un hôtel quand il faut comprendre et maîtriser tout ce qui se passe dans ses murs.
Qu’est-ce qui vous a poussé à lancer le podcast Hospitality Insiders ?
La genèse est l’entreprise que j’ai créée en 2021, pendant le Covid. Quand le Covid a frappé en mars 2020, j’étais chef de réception à l’Hôtel de Berri. L’hôtel devait fermer deux mois mais finalement, il était fermé pendant un an et demi.
J’ai donc développé un « side project ». C’était plus un projet pour m’occuper, qui s’est tout de suite appelé Hospitality Insiders.
Au début, c’était un blog où j’ai partagé des contenus. Et comme j’avais également beaucoup de temps libre, je consommais énormément de podcasts en parallèle. C’est un média que j’adore !
Par conséquent, j’ai voulu aussi partager, à travers ce média-là, un maximum d’informations sur nos métiers. Donc, j’ai lancé le podcast en mai 2021 et il y a maintenant une quarantaine d’épisodes.
Il y avait aussi une volonté de transmettre – au début de ma carrière, j’ai souvent été frustré de ne pas avoir accès à l’information. A l’époque, certes il y avait Internet, mais il y avait peu de réseaux sociaux et surtout on n’avait pas de média qui parlait de l’intérieur de nos métiers.
C’était impossible d’écouter un CEO ou un directeur d’hôtel ou une directrice de spa. Dans mon podcast, je pars à la rencontre de ces métiers. On parle de leur vision de l’excellence du service, de leur pratique au quotidien, de leur stratégie de développement, de leadership, de management, de développement durable.
Le podcast s’adresse à tous les sujets qui me passionnent et dans lesquels mes invités soient experts.
Finalement, ce que j’aime bien, c’est que je peux le partager de manière internationale et sans limite de temps et d’espace. Il est consommable sur tous les téléphones ou ordinateurs partout dans le monde et à la fois.
A quoi ressemblera le métier d’ici dix ans ?
C’est difficile à dire. Je pense qu’il est déjà en train de muter avec l’impact énorme du digital. De mon côté, je le vois de manière assez positive.
Le digital, pour moi, ce n’est pas du tout opposé à l’humain. Au contraire, c’est un outil que l’humain va utiliser pour avoir plus de temps, plus de disponibilité pour ses clients ou pour les autres collaborateurs.
A mon avis, on va continuer de voir des technologies arriver, de type intelligence artificielle, qui vont aussi nous permettre de nous débarrasser de toute les tâches administratives. Celle-ci est très prenante en ce qui concerne métiers de la réception.
Elles permettront aux réceptionnistes de se concentrer sur ce qui n’est pas remplaçable. C’est-à-dire la chaleur humaine, l’accueil de nos clients – passer du temps avec eux, s’occuper d’eux et leur faire vivre une émotion et un moment hors du temps.
Un message pour les jeunes réceptionnistes en formation ou début de carrière ?
De se lancer, d’être curieux.
Il n’y a pas carrière idéale, parfaite, que ce soit dans le cinq étoiles, dans le deux étoiles, ou dans d’autres types d’hôtellerie. Il n’y a pas de parcours parfait, c’est à chacun d’essayer.
On a plein de passerelles, on peut faire tout type d’hôtellerie et ce, partout dans le monde. Il faut vraiment multiplier les expériences pour faire son propre parcours et, au fur et à mesure des années, se construire.
C’est ainsi que l’on devient la meilleure version de soi-même, que l’on devient le meilleur hôtelier possible. Cela permet aussi de ne pas se lasser, de toujours se renouveler et de continuer d’apprendre dans ce métier passionnant.
