
Daily Telegraph de Londres fait état d’une enquête en cours de l’Office of Fair Trading, équivalent britannique de la DGCCRF, à l’encontre de plusieurs groupes hôteliers présents en Grande-Bretagne, notamment Starwood Hotels, Millennium & Copthorne et Radisson Edwardian, qui obligent par courrier les principaux sites de ventes en ligne à respecter la pratique de la parité tarifaire (BAR). L’OFT serait tenté d’assimiler la pratique à une entente illicite sur les prix.
A la veille du mariage princier le plus médiatisé depuis celui de Lady D et du Prince Charles, tous les sujets de polémiques potentielles sont bons pour la presse anglaise. Le prix des chambres d’hôtels en est un et le Daily Telegraph de Londres est convaincu d’avoir levé un scandale à travers la pratique courante du Best available rate (BAR). Le Meilleur tarif disponible impose à tous les circuits de distribution de respecter la parité tarifaire pour une chambre vendue avec les mêmes conditions de disponibilité un jour J. Selon le quotidien, l’administration de lutte contre les pratiques anticoncurrentielles, sur la foi de courriers échangés entre des responsables commerciaux de chaînes hôtelières et des sites de ventes en ligne, serait en train de mener une investigation approfondie sur un système de fixation des prix qui empêcherait l’exercice de discounts au bénéfice des clients.La généralisation du meilleur tarif disponible réduit naturellement la possibilité de trouver des tarifs bradés et apparaît auprès de la presse grand public comme un moyen de bloquer les réductions. Si l’OFT décide d’assimiler le BAR à une entente illicite, les chaînes hôtelières visées sont passibles d’une amende équivalente à 10% du chiffre d’affaires réalisé pendant la période mise en cause. La presse évoque naturellement des amendes record en dizaine de millions de livres Sterling. Mais au-delà de la polémique à sensation, c’est tout un système généralisé dans l’industrie hôtelière qui serait remis en cause.Dans ces différents courriers, révélés par la presse, un responsable de Radisson Edwardian rappelle un site de vente en ligne au respect de la parité tarifaire contractuelle sous peine de ne plus avoir accès au stock des chambres. Des courriers de rappel à l’ordre similaires, émanant de Starwood Hotels, de Millennium & Copthorne ou de Thistle and Guoman Hotels, seraient entre les mains de l’Office of Fair Trading qui s’interroge sur la légalité de la pratique.Pour rappel, les groupes hôteliers, qui ont eu largement recours aux agences de voyages en ligne pendant les périodes de crise, type Expedia, Booking et autres Priceline, ont d’abord accepté de vendre leurs chambres à prix net à ces sites, leur laissant la liberté de prendre la marge qu’ils souhaitaient. Il en est résulté une grande diversité de prix, selon les sites, pour une chambre identique et pour le même jour. La confusion se faisait au détriment des sites de ventes des groupes hôteliers, qui apparaissaient systématiquement plus chers. Pour mettre fin à cette confusion tarifaire, les groupes hôteliers ont cherché à reprendre la main en changeant de modèle économique. Ils fixaient le prix de la chambre chaque jour avec un taux de commission à négocier site par site en fonction de sa puissance commerciale et du type de clientèle qu’il fournit. Tous les groupes hôteliers ont souhaité mettre en place cette pratique du BAR, c’est-à-dire le respect, quel que soit le circuit de commercialisation, du Meilleur tarif disponible du moment pour une chambre identique, et rétablir ainsi la cohérence de la grille tarifaire en gardant la maîtrise de la fixation du prix de la chambre. La politique de parité tarifaire entre les circuits de distribution s’impose aussi dans les contrats avec les franchisés et au sein des chaînes volontaires. Dès lors que les caractéristiques de la nuitée vendue sont identiques, son prix ne doit pas varier qu’elle soit accessible sur le site propre de l’hôtel, sur celui de la chaîne ou chez les différents distributeurs en ligne.“A travers cette pratique, nous jouons la carte de la transparence tarifaire pour le client final”, explique Jean-Luc Chrétien, directeur général de la distribution hôtelière Accor. “Ce n’est en aucun cas une entente entre hôteliers concurrents, qui pourrait être condamnable, mais le choix d’une parité tarifaire entre les canaux de distribution pour éviter la quête des tarifs discountés. Et nous avons la liberté d’ouvrir ou de fermer chaque canal de distribution. Je ne vois pas où peut être l’entente commerciale. Nous suivons de près la question, car il semble qu’il y ait une confusion dans l’appréciation de cette règle de conduite, pratiquée aujourd’hui par tous les groupes”.
