A travers un sondage réalisé avec Ipsos Digital, les professionnels de l’hospitalité de l’Alliance France Tourisme se sont interrogés sur les pratiques, attentes et aspirations des 18-34 ans résidant en France en termes de tourisme. Une photographie intéressante après la crise liée à la pandémie de Covid19. Si certains retours confortent les professionnels dans leurs certitudes, d’autres remettent en question l’image du secteur vis-à-vis de la génération des millennials. Consommateurs en puissance ces « jeunes » ont des comportements qui, comme le reste des segments de clientèle, varient rapidement. Mieux cerner leurs pratiques permet aux professionnels du secteur d’adapter leurs produits, pratiques marketing et de déployer de nouvelles synergies entre acteurs.
1000 jeunes ont été interrogés en ligne via un questionnaire auto – administré. Les résultats mettent en exergue, s’il le fallait encore, les intrications nombreuses du secteur avec une chaine de valeur dont les ramifications s’étendent jusqu’aux transports et à une consommation au-delà des produits touristiques.
Premier enseignement, comme pour les autres types de clientèles, les jeunes souhaitent continuer à voyager et ont continué à voyager même en période de restrictions. 33% d’entre-eux sont partis une ou deux fois, 32% entre trois et cinq fois, et 15% au-delà de six fois. Toutefois, 19% de jeunes ne sont pas partis en vacances du tout, soit un 1 sur 5, une moyenne légèrement inférieure à celle du total de la population française.
L’appétit pour le voyage est présent comme le démontent les retours des 1000 jeunes interrogés. Sans surprise, ce sont les catégories sociales les plus favorisées qui projettent le plus de voyages.
Les répondants sont largement majoritaires à projeter des déplacements de proximité.
Quant à cet été, les 18-34 ans prévoient de rester en France pour 49% d’entre eux et en Europe à 37%. Les destinations lointaines ne seront pas privilégiées cet été par ces jeunes (Asie 10%, Amérique du Nord 10%, Amérique du sud 9%, Amérique centrale 6%).
Contrairement aux idées reçues, les jeunes séjournent majoritairement en hôtels quand ils partent en vacances. L’offre auberge de jeunesse, qui leur est pourtant dédiée étant largement moins plébiscitée. Plusieurs facteurs pourraient expliquer ce phénomène. Une offre dont l’image est encore négative dans l’esprit des jeunes voyageurs français, souffrant d’un manque d’investissement dans les établissements qui a longtemps perduré. Une offre plus moderne (Les Piaules, Jo&Joe, The People Hostels…) encore trop confidentielle par rapport au nombre de clés disponibles et enfin une commercialisation de ces espaces largement tournée vers des marchés émetteurs étrangers (Ex : Generator). Un positionnement en tant que 5ème choix d’hébergement qui montre le potentiel de ce segment qui peut gagner des parts de marché sur d’autres types d’hébergements.
Partir en bord de mer reste le type de destination le plus attractif y compris pour les jeunes générations.
Une typologie de choix confortée par les vacances pratiquées en famille durant l’enfance et l’adolescence. En effet, les jeunes sont nombreux à poursuivre les pratiques de leurs parents.
Ils sont même 70% d’entre eux à porter un regard peu critique et nuancé sur les comportements de voyage de leurs parents, puisque 31% déclarent y adhérer complètement (dont pour les 18/24 ans à 35% et pour les 25/34 ans à 28%) et 39% affirment se comporter globalement de la même manière tout en précisant vouloir changer certaines choses (dont pour les 18/24 ans à 42% et pour les 25/34 ans à 37%).
Côté transports, qui est le poste d’émission de gaz à effet de serre le plus important pour le secteur, la voiture reste le mode le plus utilisé.
Un travail de communication et d’adaptation des offres que ce soit d’un point de vue tarifaire ou du maillage territorial, reste donc à faire pour démocratiser les transports décarbonés. Une problématique sans surprise encore plus prégnante pour les jeunes issus de milieux ruraux où les transports en commun sont plus rares. Ainsi c’est le facteur coût qui impacte le plus directement le choix du transport. L’accessibilité de la destination mais aussi le traitement des derniers kilomètres et l’autonomie de déplacement sur place sont ainsi des questions qui impactent également les collectivités locales au-delà d’entreprises nationales comme la SNCF adhérente de l’Alliance France Tourisme via son entreprise sncfconnect. En effet, ils sont 57% à préférer prendre le train à prix et temps de voyage égaux.
L’inflation a un impact réel sur le budget vacances des jeunes qui sont bien plus sensibles à l’élasticité des prix que des tranches d’âges ayant des budgets plus conséquents.
Une problématique à prendre en compte par les professionnels du secteur s’ils souhaitent fidéliser leurs futurs consommateurs. Ils sont en effet nombreux à profiter de la vague de Revenge travel pour monter leurs prix moyens et ainsi retrouver de la trésorerie.
La question du développement durable est une variable qui influe sur le choix des jeunes. Leurs réponses démontrent que développer des produits et services respectueux de l’environnement est désormais incontournable et ne sera plus un facteur différenciant à très court terme.
Proximité, détente et recherche modérée de sortir des sentiers battus sont parmi les variables les plus prégnantes des retours de cette étude. Les professionnels du tourisme vont ainsi devoir s’interroger plus sur les attentes et besoins des jeunes sur leurs marchés de proximité pour leur proposer une offre adaptée. Les destinations ont également leur rôle à jouer pour attirer les vacanciers le plus tôt possible, y compris avec leurs parents afin de les fidéliser une fois qu’ils seront devenus consommateurs indépendants.