Le parcours client est au cœur de l’essor de la plateforme Airbnb sur les marchés français et européens. En offrant une solution à la fois aux propriétaires de logements et aux touristes, la licorne californienne avait trouvé le moyen d’associer des besoins concomitants avec une fluidité de parcours client qui a fait mouche. Toutefois, le mode de logement C to C a déséquilibré le marché à la fois du logement et de l’hébergement marchand dans certaines destinations renchérissant le prix au m² et impactant fortement la vie de certains quartiers de villes comme Paris ou encore Amsterdam.
Etat des lieux, quelle proportion d’annonces Airbnb comparativement à la population du territoire dans les destinations françaises ?
Face aux déséquilibres, les destinations déploient des mesures pour enrayer le processus
Dernière en date, St Malo qui a pris le taureau par les cornes avec la volonté de prévenir le développement des offres de location courte durée pour préserver l’équilibre du marché immobilier malouin. Jean-Virgile Crance, 1er maire adjoint de St Malo et professionnel de l’hôtellerie, expose à Hospitality ON la stratégie de la municipalité pour garder le développement de cette typologie d’offre sous contrôle. En dehors d’une volonté de stigmatiser la solution Airbnb, il s’agit de maintenir l’équilibre entre logements, offre CtoC et autres typologies d’hébergements marchands.
Au niveau national, la réglementation a évolué le 13 juin 2021 permettant aux maires de soumettre à autorisation préalable le changement de destination d’un local commercial en meublé de tourisme.
Pour certains territoires, le temps du maintien à l’équilibre est dépassé. La ville de Paris a par exemple récemment fait condamner la plateforme de location de meublés touristiques Airbnb pour avoir maintenu en ligne depuis 2017 des annonces sans le numéro d’enregistrement obligatoire. Soit la somme de 8 millions d’euros correspondant à 1010 annonces concernées par le non-respect de la réglementation.
L’expérience client au cœur du service
Au-delà d’une interface « sans couture » que ce soit pour l’hôte ou le client final, Airbnb travaille à développer une expérience client marquante avec des partenariats comme ceux menés avec des icônes du Bollywood ou encore de la sitcom Le Prince de Bel Air.
La plateforme a également misé sur des personnalités plus proches de leur clientèle française à travers le développement d’hôtes d’expérience comme les chefs Mory Sacko et Adrien Cachot qui avaient participé à la saison 2020 de Top Chef. La finale 2021 de l’émission de téléréalité diffusée sur M6 avait regroupés plus de 3 millions de téléspectateurs derrière leur petit écran.
A la conquête de nouveaux territoires : les destinations rurales
Les confinements 2020 et 2021 ont rapproché les français des destinations qui permettent de se mettre au vert. Une raison de plus pour Airbnb France de se tourner vers les destinations rurales, où la pression foncière moins importante laisse encore une marge de manœuvre au développement d’une offre de location meublée de particulier à particulier.
Le groupe se tourne ainsi vers les territoires ruraux s’associant à l’AMRF (Association des Maires Ruraux de France) pour le développement d’un fond baptisé Campagne d’Avenir. Un partenariat gagnant-gagnant qui permet à Airbnb de développer ses opportunités d’implantation en s’appuyant sur les élus prescripteurs tout en offrant aux territoires ruraux la possibilité de professionnaliser leurs acteurs et de développer les retombées économiques du tourisme sur leurs territoires.
Vers plus de passerelles
Airbnb travaille désormais main dans la main avec les autorités locales. Le 5 février 2021, un partenariat sous la forme d’une feuille de route a été annoncé par la Ministre en charge du logement. Ainsi parmi les mesures prises, le partage de données sur les logements loués afin de relier l’information à la perception de la taxe de séjour.
Quoi qu’il en soit, le géant américain se doit de regagner les parts de marché perdues durant la pandémie où 30% des annonces ont été retirées de la location sur la plateforme en France. Son entrée en bourse fin 2020 a mis les projecteurs sur son développement et pousse l’entreprise à une rentabilité pérenne. Les élus dans leur majorité ainsi que les professionnels prônent un développement raisonné de l’offre de location meublée entre particuliers conscients du rôle que cette offre peut jouer sur les territoires en complémentarité des hébergements marchands et dans l’optique de maintenir l’occupation de certains logements qui sinon restent majoritairement des lits froids.
Jean-Virgile Crance souligne : « L’attractivité de notre destination est liée à son offre. Nous ne nous opposons pas à cette offre. Nous souhaitons simplement la réguler face à un développement trop important. »