Filiale du groupe suisse Hotelplan, Interhome attend comme d’autres sociétés du groupe la cession de toute l’activité Tourisme du géant de la grande distribution suisse Migros. En attendant son repreneur, Interhome peut afficher de bonnes performances et accueille son nouveau directeur général France.
Arrivé à la tête de la filiale française d’Interhome il y a un mois, Lionel Roblès trouve une société en bonne santé, portée notamment par le succès indéniable de la location saisonnière auprès de la clientèle familiale de loisirs.
Il arrive dans un contexte un peu particulier, au moment où la maison-mère, la société coopérative Migros a décidé de recentrer son activité sur la grande distribution, le commerce de détail, la banque, les assurances, voire le pétrole et de céder tout le reste, dont les activités voyages et la distribution électronique. L’annonce est récente et aucun acquéreur ne s’est pour l’instant manifesté.
Le tour-opérateur Hotelplan et sa filiale de location saisonnière, Interhome, risquent de perdre leur nationalité suisse, qui rassurait les partenaires depuis la création de l’entreprise en 1965, il y aura bientôt 60 ans.
La sexagénaire se porte plutôt bien, à la tête d’un inventaire de 40 000 logements en location saisonnière dans toute l’Europe, dont 6 500 en France, avec une forte présence en Suisse, en Espagne et en Italie.
« Nous avons largement profité de l’arrivée d’Airbnb dans le paysage de l’hébergement marchand, qui a donné un grand coup de projecteur sur la location saisonnière, même si elle existe depuis des décennies », reconnaît Sarah Meyer, responsable commerciale & marketing d’Interhome France. « La formule de location saisonnière plait de plus en plus aux familles, qui est notre cible première, et encore davantage depuis la sortie du confinement Covid ».
6 500 logements en portefeuille et 46 bureaux régionaux dans l'Hexagone
Interhome est à la tête d’un inventaire de 6 500 logements confiés en mandat exclusif à I’entreprise qui en assure soit la distribution simple, sans service de conciergerie, soit la commercialisation et la gestion opérationnelle grâce à ses 46 agences implantées principalement sur le littoral atlantique et méditerranéen et à la montagne.
Adhérent de l’UNPLV et du SPLM, les deux syndicats professionnels de la location meublée, Interhome suit de près l’évolution de la règlementation, qui pourrait limiter l’influence d’Airbnb sur le secteur et qui impose davantage d’obligations aux loueurs en termes de normes d’isolation et de confort.
Paradoxalement, pour des raisons règlementaires, Interhome n’est plus présent à Paris depuis quelques temps. Dès lors, elle observe d’assez loin le phénomène JOP 2024 sur l’hébergement dans la capitale. D’autant, que l’entreprise n’a pas senti un mouvement important de report vers d’autres destinations touristiques de la clientèle, francilienne notamment, qui ne voudrait pas subir le stress de la période olympique.
Des réservations très attentistes, motivées par la météo à venir
Les tendances de réservation pour les prochaines vacances sont, en fait, fortement influencées par la météo et les expériences des années passées. Si le mois d’août est déjà à un très bon niveau de réservation, le mois de juillet ne décolle pas. « Les clients se souviennent d’une météo déplorable à peu près partout et sur le littoral atlantique et attendent la dernière minute pour ne pas se retrouver dans la même situation », confirme Sarah Meyer. « C’est la même situation attentiste pour les vacances de printemps pour lesquelles on s’attend à des flux de dernière minute ».
Sur son bureau, le nouveau directeur général France a trouvé plusieurs dossiers, dont celui d’une intensification de la politique RSE du groupe. A ce jour, 800 logements sur 6 500 sont estampillés avec un « Arbre vert », avec une véritable approche de développement durable. « Signataire de la Déclaration de Glasgow, dans le cadre d’une récente COP, nous avons une carte à jouer dans ce domaine, notamment avec la mise en place de nouvelles règles pour lutter contre les passoires thermiques », explique Lionel Roblès. « Nous consentons des avances sur loyers aux propriétaires qui veulent s’engager dans les travaux d’isolation ».
Une consolidation prioritaire avant d'envisager une extension de l'offre
Autre dossier, le développement de l’offre. Même s’il l’estime suffisante à ce jour avec 6 500 logements disponibles, compte-tenu de l’organisation Interhome en France, il la verrait bien se développer encore davantage sur la façade atlantique. Le développement de l’offre doit s’accompagner en parallèle de l’ouverture de nouveaux bureaux de gestion, conciergeries en propre au service des propriétaires ou partenariats avec des réseaux de conciergeries déjà bien installées.
Détenteur d’une carte d’agent immobilier, Interhome voit finalement d’un assez bon œil la professionnalisation accrue du secteur, qui a connu une véritable explosion de l'offre et suscité des polémiques sur cette accélération.
Avec 73 000 nuitées réalisées en 2023 sur les 6 500 logements disponibles, la marge de progression est nette et l’objectif 2024 est forcément bien plus ambitieux, compte-tenu notamment des grands événements sportifs, du succès des destinations vertes et de l’attrait confirmé de la montagne l’hiver, même si cela ne représente que 15% de l’activité d’Interhome.
Sur son réseau international, Interhome cumule près de 10 millions de nuitées pour un chiffre d’affaires 2022 de 390 millions d’euros.