
• Original par son approche “historique” de l’hébergement, le groupe des Hôtels France Patrimoine vivotait depuis des années sur un créneau qui ouvre de belles perspectives. • Déjà dans la place, Olivier Gourio a repris la société pour développer un modèle économique avantageux, le PPP, et s’imposer en France à l’image des Paradores en Espagne. • Au-delà de la douzaine de sites déjà en activité, le groupe travaille sur une dizaine de nouveaux projets, dont cinq sont bien avancés.
Il peut sembler étonnant à première vue de voir ce jeune homme dynamique, rompu aux arcanes des montages financiers et de l’analyse des comptes d’exploitation, se passionner pour les vieilles pierres et les monuments en péril. C’est qu’Olivier Gourio, nouveau P-dg des Hôtels France Patrimoine, a repéré un créneau porteur qui ne demande qu’à être stimulé. Formé à l’école Accor au Royaume-Uni où il a fait partie de l’équipe de développement, il connaît tous les fondamentaux et les ratios financiers qui génèrent de la rentabilité hôtelière. En ayant repris son autonomie, il a travaillé avec plusieurs groupes, dont celui de Guy Saias, propriétaire du St James & Albany à Paris et de la chaîne Les Hôtels France Patrimoine. Comme conseiller, il a consacré beaucoup de temps à renégocier contrats et financements pour remettre d’aplomb une société qui cumulait les pertes depuis plusieurs années. Et le déclic s’est opéré quand les deux ministères de la Culture et du Tourisme ont émis le souhait de voir se développer une chaîne d’établissements sur le modèle des Paradores espagnols ou des Pousadas portugais. “Qui mieux que nous pouvions exploiter ce créneau”, décide le jeune entrepreneur qui franchit un pas supplémentaire en reprenant la chaîne et la marque avec la bénédiction de Guy Saias. Via sa holding personnelle et un groupe d’investisseurs privés, il est désormais aux commandes du groupe qui gère 4 établissements, en contrat de management, via un bail commercial ou une délégation de service public, et qui a conclu des contrats de licence de marque avec d’autres sites.-* CA 2010 : 9,1 M€ (+7,4%) -* Marge brute : 2,07 M€ (+22.7%) -* Résultat avant impôt: 660 000€ -* Prix Moyen : autour de 80€ -* 11 hôtels et 850 ch. (La Petite Verrerie au Creusot ; Le Château Fort de Sedan, l'Abbaye Royale de Fontevraud, Avignon Grand Hôtel, Le Couvent Royal de St-Maximin, l'Abbaye Ecole de Sorèze) ; dont 5 à Paris et Région parisienne (St James & Albany Hôtel, Auteuil Tour Eiffel, Turenne Le Marais, Vaneau St-Germain, Ermitage des Loges)Pour le P-dg, l'heure est au recentrage sur les fondamentaux du concept et à son extension en capitalisant sur l’expérience acquise en matière de partenariat public-privé, ou PPP. "Les établissements qui n’ont pas le profil... (un hôtel de charme de 50 chambres en 3 ou 4 étoiles, avec les services annexes de restauration, séminaires, spa ; dans un lieu historique sur un site reconnu pour sa valeur architecturale ; capable d’assurer une animation culturelle régulière)… sortiront de notre commercialisation. Mais l’idée est surtout d’élargir le périmètre avec de nouveaux développements pour constituer un véritable réseau national”, explique Olivier Gourio.L’expansion repose sur les contrats PPP, un principe déjà mis en œuvre à l’Abbaye Royale de Fontevraud, à l’Abbaye Ecole de Sorrèze au Sud du Tarn, au Couvent Royal de Saint-Maximin dans le Var, au Château Fort de Sedan et au Château de Chantilly. Le partenariat engage la collectivité publique, propriétaire d’un bien historique, qui accepte de le donner à bail à un tandem privé : d’une part, une structure immobilière qui en aura l’usufruit pendant la durée du bail, et qui va collecter des fonds auprès d’investisseurs privés intéressés par la défiscalisation au titre de l’investissement dans les monuments historiques, et d’autre part, l’exploitant, en l’occurrence les Hôtels France Patrimoine. Celui-ci en assure la gestion en rémunérant par des loyers la SCI pour les aménagements effectués, et la collectivité. “C’est un système vertueux car il permet de séparer les responsabilités de chacun et de s’inscrire dans la durée. Les baux sont en général de très longue durée, 50 à 75 ans, ou renouvelable”, décrypte Olivier Gourrio. “Les loyers sont plafonnés sur la durée, ce qui permet de valider le business plan”.Mais que dire des négociations byzantines avec les administrations et les défenseurs tatillons du patrimoine national ? “Les mentalités ont radicalement changé, y compris dans les administrations au niveau national et local, partant du principe qu’un tel partenariat permet de valoriser un bien qui pèse sur le budget de la commune ou du département, et qu’il contribue fortement à l’animation locale. Les réunions de travail sont efficaces et débouchent sur des engagements financiers importants du propriétaire quand le projet a été validé. Nous n’avons pas les mêmes contraintes qu’un monument historique. La séparation de l’exploitation privée et de l’animation culturelle est nette et autorise une exploitation sur les mêmes critères hôteliers. La différence réside dans le caractère unique du lieu”.Alors le P-dg se prend à rêver du même degré de reconnaissance que les Paradores espagnols. “Il y a dans la marque Hôtels France Patrimoine le même ADN qu'on retrouve dans les chaînes équivalentes en Espagne et au Portugal, le nom est très porteur et le marché est réceptif à cette volonté de rendre accessible un patrimoine millénaire, revisité aux normes modernes. Nous avons développé deux axes pour les établissements en gestion et ceux que nous allons prendre en contrat : la présence d’un espace spa et détente, plutôt haut de gamme, comme à Sorrèze ; et une animation systématique des lieux, comme le dîner aux chandelles tous les vendredis au restaurant La Tour d’Auvergne du Château fort de Sedan, suivi d’une visite au flambeau. La restauration est un axe fort de la notoriété avec l’arrivée de Chefs qui apporteront leur signature”.Adhérente pour tous ses établissements au réseau de commercialisatin Hôtels & Préférence, la chaîne est actuellement en négociation sur une dizaine de projets, “cinq sont très avancés”, dont le Petit Château à la Ferté-Vidame en Eure-et-Loire, et deux propriétés à Angers et Montreuil/Mer. Elle doit aussi renouveler son bail avec Fontevraud qui ferme pour travaux.Les Hôtels France Patrimoine en chiffres
