
Quelque 100 millions d’euros, des années de négociations et des mois de travaux auront été nécessaires pour apporter une nouvelle dimension au mythique Plaza Athénée qui profite de l’acquisition de 4 immeubles contigus pour élargir son offre et réaffirmer son positionnement.
Depuis quelques semaines, le nouveau visage du Plaza Athénée s'offre aux habitués et à ceux qui vont en profiter pour le découvrir. A priori, la transformation n'est pas un bouleversement du palace qui a fêté ses cent ans l'an passé. Rien ne va déstabiliser ceux qui connaissent déjà le hall, le restaurant d'Alain Ducasse dans son prolongement, la fameuse galerie, qui conduit au bar branché. Et pourtant, l'investissement est conséquent, autour d'une centaine de millions d'euros, et les travaux ont exigé une fermeture de l'établissement pendant dix mois. Ils ont permis de gagner une quinzaine de suites supplémentaires, dans les étages de l'immeuble qui surplombe le magasin Harry Winston. Le célèbre designer new yorkais est désormais locataire du Plaza Athénée et outre son accès par l'avenue Montaigne, il aura une entrée réservée aux clients de l'hôtel au fond de la galerie. Luxe suprême pour les clients Top VIP, ils disposent d'un parking privé dans la cour de l'immeuble, à l'abri des regards trop curieux, avec un ascenseur qui mène aux étages sans devoir passer par le hall. Le Relais Plaza est également désormais dans ses murs. Le second restaurant du Plaza Athénée n'était que locataire dans cet immeuble d'angle, désormais intégré au corps principal. L'occasion était trop belle de rafraîchir la salle avec un design plus contemporain qui conserve pourtant les racines Art Deco initiales. Les étages supérieurs logent l'administration du groupe. Deux autres immeubles, derrière le bâtiment principal et sur la rue adjacente Clément-Marot donnent désormais de l'espace pour l'activité séminaires, jusqu'ici très restreinte, et pour loger les "métiers" du Plaza Athénée qui lui ont valu d'être enregistré comme "patrimoine vivant immatériel", en plus d'être classé à l'inventaire des monuments historiques : vernisseurs, matelassiers, doreurs, ébénistes, ... y auront leurs ateliers, à l'écart de la circulation des clients. Un nouveau salon "Haute Couture" fait son apparition, pour une centaine de personnes selon sa configuration. Les travaux de liaison entre le palace et ses nouvelles extensions ont été accompagnés de transformation visuelle de certains espaces familiers. Le restaurant d'Alain Ducasse profite d'un nouvel aménagement "brillant" avec ses banquettes en forme de cloche géante ; et le bar est traité comme un cocon haute couture, avec une atmosphère mêlant les espaces ouverts et plus intimistes. Le bar donne le ton de la réaffirmation de l'esprit du Plaza Athénée, mélange de tradition et d'audace. L'esprit haut couture y cohabite avec une technologie de pointe : "Il était une fois le palace de demain..., prend toute sa valeur", explique Français Delahaye, son directeur général et le directeur des Opérations du groupe Dorchester Collection. "Au-delà des investissements, qui sont considérables, nous réaffirmons la dimension humaine du Plaza Athénée, avec 550 collaborateurs dont une centaine a plus de vingt ans de présence. C'est notre capital et notre force au moment où de nouveaux établissements arrivent sur la place de Paris et doivent se forger leur propre histoire". En ayant maintenu la totalité des postes pendant la durée des travaux, tout en engageant une quarantaine de collaborateurs supplémentaires, le Plaza Athénée a évité une fuite de compétence vers ces nouveaux venus, avides de s'approprier l'expérience des plus anciens sur la place. Le positionnement avenue Montaigne a incité toute l'équipe du palace a joué intimement la dimension Haute Couture, non seulement dans la décoration nouvelle mais aussi grâce à des hôtesses en robe du soir, qui accueilleront les clients dès la fin de l'après-midi. Avec l'arrivée de nouvelle clientèle et une nouvelle offre portée par les grands groupes hôteliers asiatiques, l'hôtellerie de luxe parisienne se porte bien. Est-ce pour autant qu'elle doive devenir la cible de tous les politiques qui ont des problèmes de bouclage de budget ? François Delahaye et ses confrères parisiens, reçus par Laurent Fabius fin août, ont eu l'assurance des ministres présents que leur activité et la sensibilité des clientèles avaient pris en compte... pour apprendre quelques semaines plus tard que la Maire de Paris n'excluait pas une taxe spéciale sur les 5* et au-delà. La pédagogie doit encore faire son chemin pour expliquer les modèles économiques. "Veut-on mettre en danger les 600 emplois du Plaza Athénée et les 2 000 fournisseurs, pratiquement tous français, que notre activité fait vivre au quotidien ?", s'interroge le directeur général.
