Entre Venise avec son fameux Carnaval, Barcelone avec le Mobile World Congress ou encore la Lombardie, plusieurs destinations sont touchées en Europe. La France de son côté rencontre un impact très localisé par le Covid-19 pour le moment.
La France plutôt épargnée, pour le moment
L’Hexagone a connu un mois de janvier meilleur que 2019 avec un taux d’occupation (TO) en hausse de 2 points. En effet, tous les marchés gagnent en fréquentation : +3,4 points sur l’Île-de-France, +7,2 points à Paris et +4,94 points pour l’ancienne région Rhône Alpes au cours des 23 premiers jours de février, période où la saison de ski bat son plein, bénéficiant cette année du démarrage des vacances scolaires une semaine plus tôt que 2019 pour la zone C.
Sur la même période, il n’y a pas d’impact notable sur la plupart des marchés franciliens. L’est de Paris marché de Disneyland Paris voit au contraire son TO progresser de +1,35 point par rapport à février 2019, à titre d’exemple.
En revanche, Paris intramuros a perdu -1,52 point d’occupation. Mais cette baisse est notamment due au décalage des vacances scolaires, qui ont débutées une semaine plus tôt en 2020.
Toutefois un impact est notable sur certains marchés spécifiques dépendants de la clientèle chinoise. Il y a tout d’abord les hôtels de périphérie, ayant des contrats avec des tour-opérateurs chinois, qui perçoivent un impact réel, aux dires des opérateurs hôteliers, sur les volumes de réservation.
Le Salon Première Vision à Paris Nord Villepinte dédié à la mode et au textile qui draine habituellement un fort visitorat chinois a baissé en fréquentation. Les hôtels de la zone Paris Nord – Villepinte ont vu leur fréquentation baisser de -7,7 points entre le 1er et le 23 février 2020 par rapport à l’année 2019. La baisse impacte également la zone de Roissy Charles de Gaulle avec -8,72 points de taux d’occupation sur la même période.
En résumé, un impact très localisé est pour l’instant observé sur des marchés spécifiques dépendants des clientèles chinoises et asiatiques. Les semaines à venir avec l’arrivée d’un foyer actif en Italie seront déterminantes sur la santé de l’activité hôtelière française. Sachant que le début 2019 avait été impacté en France par la crise des Gilets jaunes, le référentiel ne devrait donc pas être difficile à dépasser.
L’Italie, nouvel épicentre de l’épidémie en Europe, fortement perturbée
Du côté italien, la désertification de la destination a commencé. Le Quai d’Orsay recommande en effet à ses ressortissants de reporter tout séjour en Italie dans les prochains jours. Le pays méditerranéen a connu des difficultés à contenir la maladie, si bien que celle-ci a déjà infecté plus de 300 personnes et entraîné la mort de 12 autres au total. Une réunion d’urgence a été organisée mardi 25 février à Rome avec les ministres de la santé des pays voisins, afin de réfléchir aux différentes solutions qui permettraient de limiter la propagation de la pandémie en Europe.
La démultiplication des cas d’infection dans le pays, notamment en Lombardie, a provoqué une vague d’annulations des évènements professionnels, culturels et sportifs dans le pays. En tête de liste se trouve le Carnaval de Venise qui a dû être écourté de deux jours, alors qu’il devait initialement courir jusqu’au 25 février. Celui-ci se tenait depuis le 8 février dernier. Dans une moindre mesure, se trouve plusieurs matchs de rugby (annulés ou reportés) et l’annulation des défilés publics de la marque Armani à Milan.
A côté de cela, 11 villes ont été placées en quarantaine dans le Nord du pays, en Lombardie et en Vénétie, où ont été identifiés le vendredi 21 février deux foyers de la maladie, l’un à Codogno (Lombardie), l’autre à Vo’Euganeo (Vénétie). Le président du Conseil des ministres, Giuseppe Conte, a déclaré à propos de l’isolement de ces onze communes que « ni l’entrée ni la sortie ne seront autorisées sauf dérogation particulière ». La question se pose à présent pour les répercussions sur Milan et Venise, à proximité desquelles se trouvent les villes mises en quarantaine actuellement.
Pour ce qui est de Milan, la destination observe d’ores et déjà une baisse importante de son activité. Le président des hôteliers de Milan, Lodi, Monza et Brianza, Maurizio Naro, déplorait ainsi :
Milan compte habituellement à cette époque de l'année, du lundi au jeudi, 80 à 90% des hôtels occupés et maintenant nous sommes à 20%
L'évolution de l'épidémie sera déterminante pour la région milanaise dans les prochaines semaines, où la plupart des compagnies aériennes ont déjà réduit la fréquence de leurs lignes aériennes régulières, à l'instar de British Airways qui a supprimé deux dizaines de vols en raison d'une « baisse de la demande ».
En Espagne, un hôtel en quarantaine dans les Canaries et un congrès international annulé
Du côté de l’Espagne, alors qu’une recrudescence du virus a été observée ces derniers jours bien que le pays ait été plutôt épargné jusqu’ici, un hôtel vient d’être mis en quarantaine dans les Canaries. L’hôtel H10 Costa Adeje Palace a découvert un potentiel cas de Coronavirus chez un touriste italien au sein de son établissement de 467 chambres. Les quelques 1 000 clients ont été sommés de rester dans leur chambre jusqu’à nouvel ordre. Les réservations et les arrivées ont été suspendues jusqu’au 13 mars prochain.
A l’échelle des îles Canaries, les hôtels sur place ont perdu seulement -0,79 point d’occupation depuis le 1er février, pour un TO qui se maintient à 80,61%. Mais depuis du 15 au 25 février, les performances ont davantage chuté, à hauteur de -2,01 points, pour un TO qui reste relativement très élevé néanmoins (81,22%).
Précédemment, l’évènement mondial sur la téléphonie mobile, le Mobile World Congress qui devait se tenir du 24 au 27 février 2020 et accueillir plus de 100 000 visiteurs, a été annulé par précaution le 12 février dernier. Depuis début février, les pertes sont estimées à -12,76 points d’occupation pour un taux moyen de 62,45% ; mais les pertes chutent à -52,14 pts (TO 40,74%) le 23 février, veille du premier jour de l’évènement initialement, et jusqu’à -54,61 pts (TO 44,86%) le 25 février, avant-dernier jour de ce dernier.
Dans son ensemble, le manque à gagner pour la capitale catalane est estimé à près de 500 millions d'euros. Pour compenser ces pertes, le conseil municipal a créé la "Barcelona Opportunity Week" afin de promouvoir la destination en offrant des réductions sur des nuits d’hôtel, des restaurants, des spas ou encore d’autres services.