La destination des Caraïbes verra son parc hôtelier gonfler à l’horizon des cinq prochaines années. Le gouvernement jamaïcain a annoncé 12 000 nouvelles chambres pour 2024, programme qui est l’objet d’un investissement global de plus de 1,5 milliards de dollars (1,34 milliards d'euros). En tête des principales enseignes, il y a H10 Hotels et Princess Hotels & Resorts, qui à elles seules représentent quasiment la moitié, soit 660 millions d'euros d’investissements.
Princess Hotels & Resorts prévoit la création d’un complexe de 2 000 chambres évalué à 500 millions de dollars (446 millions d'euros). H10 ouvrira de son côté deux hôtels réunis en un site évalué à 250 millions de dollars (223 millions d’euros). Ce complexe All-Inclusive 5 étoiles de 1 000 chambres est annoncé comme la première station touristique de l’île.
D’autres groupes sont également attendus, tel que Amaterra qui ouvrira un des plus grands resorts avec 5 000 chambres, dont 1 200 qui sont déjà dans le pipeline. Également le groupe Hard Rock installera 1 100 chambres à Montego Bay, où l’hôtel S en a déjà ouvert 120. Enfin la capitale attend l’arrivée de l’AC Hotel by Marriott Kingston (220 chambres) ainsi que celle de l’hôtel Wyndam (250 chambres).
Cette croissance est d’autant plus surprenante qu’elle s’inscrit dans une contexte d’état d’urgence, décrété depuis le 30 avril dernier comme le rappel France Diplomatie. Les régions de St James (dont Montego Bay), Hanovre et Westmoreland auraient une recrudescence de violences. Or ces zones, notamment celle de Montego Bay, sont particulièrement touristiques, à l’instar de plusieurs resorts qui y sont déjà implantés ou ont pour projet de le faire.
La destination continue d’attirer malgré cette alerte répétée, alors même que de nouveaux investisseurs ne cessent d’affluer. Le tourisme jamaïcain connait donc une réelle croissance à l’échelle mondiale. Le rapport annuel du ministère du tourisme indique une augmentation spectaculaire de +11,4% d’arrivées internationales sur l’année 2017. La même année, le pays a enregistré 3 milliards de dollars de recettes touristiques, ce qui a représenté 19% du PIB national. Autre surprise, le plan initial de livraison de 5 000 chambres touristiques pour les 5 ans à venir a déjà été rempli.
L’objectif à termes est de booster la venue des touristes internationaux à hauteur de 5 millions, alors qu’ils ont été 2,35 millions en 2018, dont 7 000 français qui devraient passer à 50 000, si les prévisions se confirment. Mais comme le précise Myrtha Désulmé, avec les touristes de croisière, la somme monte à plus de 4,2 millions. Cette spécialiste de la cause haïtienne explique que la destination a réussi là où l’île voisine d’Haïti a encore des difficultés, alors même que cette dernière serait jugée moins dangereuse par les autorités.
En effet, il n’y a pas si longtemps (2005) la Jamaïque battait des records au niveau mondial en termes de criminalité (60 meurtres pour 100 000 personnes). Aujourd’hui, l’île est retenue pour son patrimoine reggae qui vient d’être classé patrimoine mondiale de l’UNESCO, notamment pour « sa contribution au discours international sur les questions d’injustice, de résistance, d’amour et d’humanité ». Comme quoi, l’avenir d’une destination n’est jamais tout tracé, à l’instar de la 14ème place du palmarès TripAdvisor de l’année 2019 que la destination vient de décrocher. Un beau message d’espoir à ceux qui peinent encore à remonter la pente des crises économiques et politiques.
La montée de la Jamaïque s’inscrit dans un domaine plus large de développement de la zone caraïbéenne. Pour commencer l’île de Cuba, suite à sa politique d’ouverture démarrée en 2014, a un mis en place un plan deux ans plus tard et à l’horizon 2030, de développement de son parc hôtelier avec l’objectif de 103 000 chambres supplémentaires. Des grands groupes tels que Starwood, Iberostar (l’hôtel Prado y Malecón, 218 chambres), Accor (l’hôtel Packard, 246 chambres) ou encore Kempinski se sont implantés sur le territoire cubain, ce dernier ayant inauguré le premier hôtel de luxe de la capitale (246 chambres). Dans le prolongement de cette dynamique, le groupe Melia Hotels International annonçait plus de 2 000 nouvelles chambres à Cuba d’ici fin 2018.
A plus large échelle, la République Dominicaine est une destination bien plus mûre et établie dans la région avec 6,5 millions d’arrivées internationales, dont 26% soit 221 058 rien que pour le marché français. Le pays s’est déjà construit une belle réserve d’hôtels et de resorts, l’île visant les 10 millions de touristes à l’horizon 2022.
Du côté des Antilles françaises, la Martinique enregistre une année record en 2018 avec 1,05 millions de visiteurs. Secteur clé de l’économie guadeloupéenne, le tourisme continue de croître avec 650 000 touristes en 2017, correspondant à une belle croissance de 12% par rapport à l’année précédente. La destination repose d’ailleurs, pour l’essentiel, sur l’activité de croisière, qui n’enregistre pas moins de 400 000 arrivées.
Les Antilles françaises sont donc la cible de nouveaux investissements, à l’instar de l’arrivée d’un établissement des Fairmont Hotels & Resorts d'Accor (120 chambres et suites) qui ouvrira cette année.