
• Les sept palaces de la Dorchester Collection profitent d’une baisse de régime passagère pour accélérer le programme d’investissements. Sur tous les hôtels, ils se comptent en dizaines, voire centaines de millions d’euros. • La solidité de la Brunei Investment Agency, propriétaire de la Collection, lui permet de mobiliser des capitaux importants et d’étudier des dossiers de reprises d’actifs très endettés. • L’arrivée des nouveaux palaces à Paris mobilise l’attention de François Delahaye qui ne tient pas à ce que le Plaza Athénée ou le Meurice soient dépassés par de nouvelles offres.
“C’est le moment où jamais d’investir et de mettre nos établissements au summum de leurs performances pour anticiper la sortie de la crise”, explique François Delahaye, Directeur des opérations pour les palaces de la Dorchester Collection. “Sans nier la réalité de la crise, nous n’allons pas nous enfouir la tête dans le sable et passer notre vie à geindre”, poursuit le Directeur général du Plaza Athénée à Paris. “Certes nous faisons 10 points de moins de taux d’occupation ces derniers mois par rapport à 2008 qui avait débuté de manière exceptionnelle, mais nous avons déjà traversé les deux guerres du Golfe, les attentats du 11 septembre et la crise du Sras et nous sommes toujours là”.Au-delà même des investissements, François Delahaye ne néglige pas les opérations au quotidien. Il vient de réunir une quarantaine de cadres pour un week-end intensif de brain-storming en Corse. “Nous avons planché sur toutes les options pour transformer la crise en opportunités commerciales. Nous faisons des expériences dans les deux hôtels, dont je garde le secret, mais qui nous permettent d’obtenir de bons résultats sans toucher à l’image et à la qualité des prestations. Nous sommes payés pour être imaginatifs et les palaces parisiens constituent des bulles protectrices pour les clients qui veulent et ont les moyens d’échapper à l’atmosphère de la crise”.Responsable des opérations des 7 hôtels aujourd’hui dans le giron de la Dorchester Collection (1) François Delahaye aligne les chiffres pour montrer que les investissements sont à la hauteur du discours volontariste : “Au Dorchester de Londres, nous avons déjà investi plus de 4,5 millions d’euros dans le nouveau spa et plus de 8 millions d’euros vont être injectés en 2009 dans la rénovation de l’hôtel ; au Plaza Athénée, nous avons dépensé plus de 4 millions sur le nouveau Spa Christian Dior, nous venons de fermer le 4e étage pour refaire toutes les chambres, un budget de 9 millions d’euros ; au Meurice, nous refaisons également deux étages complets pour plus de 5 millions. Cette année, c’est le Principe di Savoia qui va bénéficier du programme le plus important avec 35 millions d’euros de travaux d’embellissement. Quand nous investissons, c’est lourdement et pour la durée”.En dehors de l’Europe, la Dorchester Collection n’est pas en reste puisque des programmes très lourds sont en cours de finalisation sur les deux récentes acquisitions de la Brunei Investment Agency, maison mère du groupe hôtelier : le New York Palace et l’Hotel Bel-Air de Los Angeles “Nous parlons de sommes très importantes pour transformer les hôtels, des budgets compris entre 400 et 700 millions de dollars au total,” précise François Delahaye. Le fonds souverain du sultanat de Brunei a résolu d’avoir une approche patrimoniale de son engagement hôtelier. Propriétaire des murs et des fonds de chaque établissement, il ne tient pas à séparer les opérations et l’investissement. “Nous avons un retour sur investissement qui est calculé sur une période plus longue que pour d’autres catégories hôtelières, mais il est réel, et les investissements contribuent à la valorisation de l’ensemble du patrimoine”, justifie François Delahaye.Pour un fonds comme la BIA, dont le portefeuille de placements est évalué à 30 milliards de dollars, les ressources ne manquent pas, malgré les variations chaotiques du prix du baril. La situation actuelle est plutôt porteuse d’opportunités. “Nous avons déjà finalisé deux projets : l’achat d’un vaste domaine au nord de Londres, Coworth Park, qui comporte plusieurs terrains de polo et un château. Nous allons y aménager 50 chambres de grand luxe et un spa d’un nouveau type, entièrement tourné vers une approche écologique. Par ailleurs, nous avons acquis un bâtiment contigu du Dorchester, le 45 Park Lane, qui va devenir une extension de 50 chambres supplémentaires, dans un décor résolument contemporain”, explique le Directeur des opérations. Et la liste des dossiers n’est pas close. “Il y a en ce moment un certain nombre d’affaires, dont les acquisitions ont été faites avec un recours très important à la dette, que les propriétaires ne peuvent plus assumer. Nous suivons attentivement des opportunités en Europe que nous pourrions rajouter à la Collection”.Sur Paris, François Delahaye ne cache pas qu’il est très motivé par l’arrivée annoncée de trois nouveaux palaces, dont les opérateurs ont une forte réputation, le Shangri- La, le Mandarin Oriental et le Peninsula. “Nous représentons, avec le Plaza Athénée et le Meurice, l’essence de l’hôtellerie de luxe française, nous n’allons pas nous laisser dépasser par de nouveaux arrivants qui mettent des établissements flambant neufs sur le marché. Notre signature, c’est l’équilibre entre la tradition française et l’innovation avec les meilleures tables de Paris aux restaurants d’Alain Ducasse et de Yannick Alléno, tous les deux 3* Michelin, le bar le plus fréquenté de la capitale décoré par Patrick Jouin, le nouveau décor de Philippe Stark au Meurice … Avec le nouveau spa Dior et les travaux en cours, nous restons dans cette lignée”.