
Jean-Marie Tran Van est chargé depuis quelques mois de suivre le développement en franchise des marques de Louvre Hôtels. Diplômé de l'Ecole hôtelière de Lausanne et familier des pays de l'Est, il a été pendant 10 ans le patron Europe Centrale du groupe hôtelier, basé en Pologne. Il y a piloté la création du complexe Kyriad Prestige, Campanile, Première Classe, aux portes de Varsovie, véritable vitrine du groupe.
_ Après de nombreuses années passées en Pologne, j'arrive au siège à un moment intéressant de la vie du groupe avec le déploiement accéléré de la nouvelle génération de Campanile, le repositionnement de Première Classe et le lancement de Kyriad 2010. Ce n'est pas un choc, mais un challenge très intéressant.Où en êtes-vous du déploiement de la nouvelle génération de Première Classe ? _ Nous avons remis plusieurs fois le dossier en chantier pour parvenir à la bonne équation entre un produit véritablement rénové et un niveau d'investissement acceptable par les franchisés. Le partenariat a aussi bien fonctionné avec les franchisés. La preuve en est que le premier établissement “expérimental” n'est pas une de nos filiales, mais un Première Classe en mandat de gestion à Deauville. Un second, une filiale cette fois, est en finition près de Valenciennes.Comment ressentez-vous le marché de l'hôtellerie indépendante en France ? _ Il est clair que le contexte de crise actuel incite les hôteliers indépendants à rejoindre les réseaux qui apportent une puissance de distribution supplémentaire. Nous avons à faire des choix dans les dossiers qui arrivent plus nombreux que d'habitude. Nous avons vu passer plus d'une centaine de nouvelles demandes ces derniers mois. Notre discours est clair, nous apportons la force d'un réseau et en retour nous avons des exigences de qualité. La bonne nouvelle est qu'encore aujourd'hui les hôteliers investissent dans leur outil de travail.Cela va-t-il vous permettre d'accélérer le développement de Kyriad en France ? _ La notoriété de l'enseigne a été renforcée par les campagnes de communication que nous avons faites et cela attire encore plus de candidats. Avant la fin de l'année, nous ajouterons une dizaine de nouveaux maillons à la chaîne. A fin septembre, nous en avions déjà accepté une douzaine. C'est un rythme “historique” dans le parcours de Kyriad.Où souhaitez-vous développer encore la présence de Kyriad ? _ Nous sommes déjà bien représentés dans les grandes villes et nous pouvons compléter le réseau des villes moyennes. La prochaine étape est un développement plus important à l'étranger. Nous sommes déjà présents en Europe centrale, mais le principe de la franchise fédérant des établissements non normés y est plus compliqué. Les parcs hôteliers sont plus souvent l'héritage de monopoles d'Etat avec une faible présence d'hôteliers indépendants. L'Italie est aussi un terrain que nous avons commencé à explorer avec quelques déboires dans le choix des premiers franchisés. C'est pourtant un pays très prometteur pour une enseigne comme Kyriad. La rigueur devrait finir par s'y imposer comme partout en Europe et nous avons de bons espoirs.Comment allez-vous intégrer les nouvelles enseignes Royal Tulip, Golden Tulip et Tulip Inn, acquises par votre maison mère, Starwood Capital ? _ Ce sont trois marques complémentaires de celles aujourd'hui en portefeuille chez Louvre Hôtels et qui vont nous servir de bases aussi dans les pays où nous voulions aller. C'est une très bonne opportunité pour le groupe et aussi pour les franchisés actuels de Louvre Hôtels qui peuvent être intéressés par une nouvelle enseigne ou par un développement à l’international.Vous avez toujours insisté sur la qualité des relations avec les franchisés, comment cela se traduit-il ? _ Le groupe Louvre Hôtels reste toujours décisionnaire au final sur l'évolution de ses enseignes, mais nous ne voulons pas avancer seul. Les franchisés regroupés au sein de leur association AIFE sont impliqués très en amont de toutes les orientations et décisions. Nous avons régulièrement des réunions en commission sur la communication, la distribution, le contrôle qualité, l'informatique et nous organisons des ateliers sur des sujets spécifiques comme la restauration. Plus récemment, nous avons mis en place des groupes de travail pour les projets Campanile Nouvelle Génération et Kyriad 2010.Les échanges sont-ils “francs et sans concessions”, comme on dit dans les milieux diplomatiques ? _ Ce ne sont jamais des affrontements. La discussion franche fait partie du jeu avec des exigences de part et d'autre de la part d'entrepreneurs qui regardent la rentabilité et le coût des investissements demandés. Pour notre part, nous ne pouvons pas transiger sur le niveau de qualité offert aux clients. Au bout du compte, les franchisés voient bien que les cahiers techniques et les fournisseurs sélectionnés offrent les solutions les plus économiques, même si certains tentent d'autres formules avant d'y revenir.Plus spécifiquement sur Kyriad 2010, qui a piloté le projet ? _ C'est le bon exemple de décisions conjointes. Nous avons travaillé en étroite collaboration avec les franchisés en commission avec une implication qui m'a surpris par la qualité du travail accompli, sur les standards mais aussi l'approche marketing. Les franchisés sont aussi le meilleur relais sur le terrain pour défendre le nouveau concept qu'ils ont contribué à mettre au point. Je passe moi-même deux à trois jours par semaine à parcourir le réseau pour le connaître dans le détail, Les premières chambres sont déjà déployées dans une dizaine d’établissements test.Est-ce le bon moment pour réaliser ces investissements quand la trésorerie est mise à mal ? _ Contrairement à ce que l'on peut croire, les financements sont encore disponibles. Les rénovations faites par un hôtelier qui appartient à un réseau national avec une forte notoriété sont assez bien vues par les banquiers. Par ailleurs, le résultat opérationnel parle de lui-même, les établissements rénovés ont moins souffert que les autres. Le seul changement de literie dans les Campanile Nouvelle Génération a provoqué un très fort retour positif de la part des clients. La crise en a fait des consommateurs avertis et plus exigeants sur le rapport qualité/prix. Ils n'acceptent pas de redescendre en niveau de confort.Où en êtes-vous du déploiement de la nouvelle génération de Première Classe ? _ Nous avons remis plusieurs fois le dossier en chantier pour parvenir à la bonne équation entre un produit véritablement rénové et un niveau d'investissement acceptable par les franchisés. Le partenariat a aussi bien fonctionné avec les franchisés. La preuve en est que le premier établissement “expérimental” n'est pas une de nos filiales, mais un Première Classe en mandat de gestion à Deauville. Un second, une filiale cette fois, est en finition près de Valenciennes.