Entretien avec Frédéric Brouillard président sortant de l'Association des Franchisés Accor - désormais remplacé par Gwenaël Le Houerou depuis le 30 mars - et Olivier Chopin président de l'Association des Investisseurs Franchisés Louvre Hotels.

Olivier Chopin (OC) : Je suis Olivier Chopin, le Directeur général du groupe Les Hôtels de Bordeaux qui regroupe 8 établissements sur la région bordelaise, en franchise essentiellement chez le groupe Louvre Hôtel. Je suis également Président de l’Association des Franchisés Louvre Hôtel (AIFE), une association qui regroupe 350 établissements et une centaine d’investisseurs.

Frédéric Brouillard (FB) : Je suis Frédéric Brouillard.  Franchisé Accor et j’ai créé Henotel il y a 16 ans. Aujourd’hui, Henotel ce sont 6 établissements pour 600 chambres avec 150 collaborateurs. Je suis également Président de l’Association des Franchisés Accor (AFA), la franchise Accor représente 1300 hôtels sur les 1700 hôtels présents en France avec 22 000 collaborateurs.

Quel constat tirez-vous de la situation hôtelière actuelle ?

OC : Pour ce qui est de la région bordelaise, l’activité reste morose sur ce début d’année puisqu’on était entre 25% et 30% du taux d’occupation sur le mois de janvier, on gagne 5 points sur le mois de février et on va regagner 2-3 points sur le mois de mars. La stratégie vaccinale en France va nous permettre, rapidement on l’espère, de monter en puissance sur les mois de mai et juin. Je pense que la parenthèse estivale sera du même acabit que celle de l’année dernière et ensuite nous basculerons sur un second semestre plus optimiste.

Être franchisé, est-ce une force ?

FB : La force que l’on a, c’est par exemple que le Président d’Accor et les divers Présidents de groupes hôteliers se sont mobilisés pour la profession. Le Président d’Accor a notamment bien communiqué durant cette année 2020.

OC : Le client a eu un besoin et aura de toute façon un besoin de réassurance sanitaire et les groupes comme Louvre Hotel et Accor contribuent grandement à apporter cette réassurance sanitaire et ça, c’est un changement par rapport à ce qu’il se passait avant. Les clients en avaient assez de la standardisation et ils cherchaient des établissements différents, plus charmant et moins standardisés. Finalement, je pense que ce besoin de réassurance sanitaire et de process va jouer en faveur des chaines intégrées.

Quels liens entretiennent l’AFA et l’AIFE ?

OC : […] Nous nous parlons car nous avons les mêmes problématiques, beaucoup d’investisseurs aujourd’hui de Louvre Hôtels ont aussi des établissements chez Accor ce qui fait que l’on se connait. Et nous avons des problématiques communes. Le choix de la franchise est la plus-value principale pour nos actifs. On choisit un franchiseur mais il arrive de temps en temps que nous n’ayons pas des intérêts alignés avec notre franchiseur donc en les challengeant gentiment à deux, ça peut être plus intéressant et plus pertinent.

FB : Nous nous sommes rapprochés depuis plusieurs années car nous avons de nombreux sujets communs et notamment l’un des sujets de vigilance qui est l’évolution des franchiseurs dans leurs modèles économiques. Ainsi par moments, les intérêts des franchisés et des franchiseurs ne sont pas alignés donc nous échangeons là-dessus pour voir comment l’AIFE a travaillé sur ce sujet et comment l’AFA a aussi travaillé sur d’autres sujets. […]

Parlez-nous de votre rôle de porte-parole des franchisés en cette période compliquée

FB : Avant de nous rapprocher des Ministères, nous avons vu les différentes organisations syndicales et nous sommes parfaitement solidaires avec eux. […] il y a de nombreuses agglomérations, métropoles qui ne donnent pas de subvention aux franchisés car elles confondent la franchise avec un grand groupe. Donc il faut que l’on rappelle vraiment et très souvent, que derrière un franchisé il y a un indépendant et qu’il a le droit d’avoir des aides au même titre qu’un hôtelier indépendant.

OC : Sur ce sujet, je suis en phase avec Frédéric. Les intérêts étaient multiples, le premier était de remercier le Gouvernement pour les aides qu’on a eu tout en alarmant sur la nécessité de ne pas les couper du jour au lendemain car cela ne ferait que retarder le problème.

Quelles aides avez-vous reçues de la part des territoires ?

FB : Je suis implanté dans le nord de la France avec la métropole européenne de Lille, l’agglomération d’Arras et l’agglomération de Lens. Selon les agglomérations dans les Hauts-de-France, certaines ont été solidaires et nous ont aidé tandis que d’autres nous ont moins aidé. Je devrais saluer la métropole de Lille qui a par exemple joué le jeu et fait des dégrèvements sur les CFE ainsi que l’agglomération d’Arras. Mais il y a d’autres agglomérations que je ne cite pas qui n’ont pas joué le jeu et d’ailleurs c’est malheureusement majoritaire en France. Ce qui est bien dommage car l’exonération de 2/3 des CFE c’était très important pour nous car nous avons tout de même vécu une année excessivement difficile en 2020.

OC : Il y a des discussions, des échanges et si je veux axer un peu plus le propos sur la reprise, ils sont dans le même bateaux que nous, ils manquent de visibilité notamment sur la réouverture de la restauration. On comprend que c’est compliqué d’un point de vue gouvernemental de décider et il y aura certainement des tests qui seront mis en place. Mais aujourd’hui, tout ce qui est partie évènementiel reste fortement impacté, on a bon espoir sur le second semestre. J’avais encore quelques espoirs sur le mois de juin avec du déport d’évènements qui ne peut plus se recaser sur le second semestre, ça dépendra de la réouverture de nos restaurants.

Quels sont vos pronostics quant à la reprise ?

FB : Nous manquons de visibilité, par contre quand on a rencontré et discuté avec le directeur de cabinet du Ministre, il nous a donné une garantie sur une visibilité des aides, on sera accompagné dans le temps par rapport aux aides, ce qui est une vraie sécurité. Les vaccins c’est également un espoir, nous sommes donc assez sereins […]

OC : Les points les plus importants, c’étaient de rallonger le remboursement d’emprunt des PGE, on a senti M. Maisonneuve très réceptif sur ce sujet et il a travaillé dessus. Ce point est vraiment très important, rallonger le délai de 4 ans à 7 ans va changer beaucoup de choses. On a besoin de réinvestir dans nos outils de travail, on a des échéances à moyen et long terme qui arrivent avec les Jeux Olympiques en 2024 et la Coupe du Monde en 2023. On a vu l’importance de notre secteur, tant sur les emplois que sur le PIB. Demain pour recevoir ces manifestations, il faut que notre parc soit rénové et qu’il y ait de nouveaux hôtels, on ne pourra pas le faire si on doit rembourser ces PGE. On va rembourser ces PGE sur 5 ans, si on le fait sur 7 ans ça va obérer un peu moins nos CAPEX et on a besoin de nos CAPEX. On ne peut pas arriver sur ces échéances là avec un parc hôtelier dégradé.

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