
Retrouvez ici les temps forts du Hospitality Asset Forum 2022 où investisseurs et opérateurs du secteur se retrouvent pour échanger sur les enjeux et les défis concernant le domaine de l'hospitality. Au programme de cette journée : les produits résilients, les nouveaux modèles d'investissement et les nouveaux leviers pour dégager de la valeur.
Contexte économique, anticiper ce que l'on ne peut pas contrôler. Nicolas Baverez, Economiste et historien
L’histoire accélère actuellement très brutalement.
Avec la guerre en Ukraine, nous sommes sur un changement d’ère en Europe. Une guerre qui touche tous les secteurs.
Nous connaissons une époque très particulière avec crise énergique, une crise alimentaire, un retour de l’inflation, une pandémie qui continue à bas bruit et une crise géopolitique.
Nous vivons une « drôle » de crise.
Les entreprises résistent plutôt bien, la bourse également de manière plutôt étonnante. Les profits des entreprises sont bons.
D’un point de vue macroéconomique, le spectacle est plutôt inquiétant. La récession est en marche, une récession impressionnante car toutes les régions du monde sont synchronisés sur un même ralentissement, sauf les pays du golfe.
L’Europe concentre tous les chocs tandis que les pays émergeants font face à la montée du dollar, comme la Turquie ou l’Argentine.
Tous les moteurs vont souffrir, celui de la consommation avec la baisse du pouvoir d’achat, celui des investissements avec la hausse des taux d’intérêt ainsi que le commerce international avec les tensions à l’échelle internationale.
Nous vivons actuellement un enchainement des chocs : le retour de l’inflation, la démondialisation, le prix de l’énergie, l’alimentation, la crise sanitaire, le changement climatique.
Les moyens des Etats d’intervenir sont de plus en plus limités, notamment en raison de la crise de 2008 mais aussi du Covid-19.
Nous sommes dans ce moment de bascule avec des marchés financiers qui tiennent et un secteur de l’hôtellerie qui performe bien également avec une forte reprise qui va continuer.
Les gens veulent voyager et se réapproprier le monde donc la reprise du tourisme va perdurer. Le tourisme d’affaires signe également son grand retour.
La tension sur l’emploi va malheureusement continuer.
La France et l’Europe sont au cœur de tous ces chocs avec une remontée des risques car le modèle français est fondamentalement insoutenable.
Le modèle européen pose désormais problème avec la dépendance de la Russie pour le gaz et des Etats-Unis pour la technologie. Une Europe divisée qui se fragmente.
L’Europe du Sud a été privilégié durant cette année avec une saison exceptionnelle.
La France bénéficie d’atouts exceptionnels avec une main d’œuvre qualifiée, des pôles d’excellence, sa culture, son mode de vie mais la performance est faible.
L’énergie est un facteur de compétitivité absolument déterminant.
L’industrie de l’hospitality est liée fondamentalement aux valeurs qui sont à la base de nos démocraties avec la liberté de mouvement et de découvrir autrui.
Nous sommes rentrés dans une décennie décisif où ceux qui refuseront de se remettre en question, ils connaitront des jours compliqués. Il est nécessaire d’anticiper dans un monde ou la géopolitique a pris le pas sur l’économie.
Il faut savoir coopérer et être ouvert aux autres dans les temps qui viennent.
MKG Insight : Les dynamiques de l'investissement hôtelier. Sylvie Bergeret, Chief Operating Officer, MKG Consulting
Nous avons encore des situations très contrastées selon les pays.
Sur les pays qui ont le mieux progressé, ce sont surtout les pays qui avaient un bon équilibre entre les clientèles loisirs et affaires.
La reprise est tirée par les prix moyens. Certains pays ont un prix moyen qui a doublé depuis 2019.
Il y a également des contrastes entre les différentes catégories. Le segment ultra économique a bien performé.
Malgré tout, les fondamentaux demeurent forts. Le marché a été impacté par des crises de différents ordres, ce qui signifient des baisses de taux d’occupation et de prix moyen mais la croissance reprend relativement vite.
A chaque fois qu’on a une forte baisse, le rebond est fort et marqué de manière rapide.
Le marché de l’hospitality anticipe les évolutions du PIB, c’est un marché que l’on peut ainsi qualifier de cyclique.
Le marché fait face à 3 challenges actuellement.
On se retrouve avec des difficultés d’investissement et de financement. On assiste à davantage d’acquisitions que de créations.
Aujourd’hui il faut innover pour se distinguer afin d’éviter notamment les phénomènes de cannibalisation.
La chaîne hôtelière économique de demain. Fabrice Collet, PDG, B&B Hotels
Chez B&B Hotels nous essayons de réfléchir avec une segmentation par l’usage et non par prix.
Segment par segment, ce qui reprend le plus vite c’est les budget et économique.
L’industrie économique a besoin de beaucoup de cash, nous avons donc besoin d’ouvrir en permanence des hôtels.
L’hôtellerie de commodité est essentielle car les gens en auront toujours besoin, même en périodes de crise.
On double de taille tous les 5 ans chez B&B Hotels.
Hôtellerie économique ne veut pas dire sans âme, nous faisons très attention à l’ESG.
On voudrait d’ici la fin de la décennie en avoir 3 000 afin de s’imposer comme la marque leader sur ce segment, notamment en s’implantant dans d’autres pays.
L'hôtellerie économique : un actif de plus en plus attractif. Jean Michel Dalmasso, PDG, Dalmata Hospitality ; Fabrice Collet, PDG, B&B Hotels ; Hubert Viriot, PDG, Yotel
Hubert Viriot : Yotel a un positionnement est quelque peu particulier, nous avons remis en question le classement habituel de l’hôtellerie.
Le retour à la croissance a été très fort, un retour au final plus rapide que prévu.
En voyant cette opportunité sur le marché, on applique la même chose sur le segment économique.
Le plupart des projets actuels sont conçus en mixed use afin de diversifier le projet. Les constructions en single use sont de plus en plus rares.
Jean Michel Dalmasso : On parle beaucoup de résilience de l’économique, dans la résilience il y a un élément
Résilient c’est bien car ça protège à la baisse. Tout l’enjeu c’est de montrer qu’on peut être performant à la hausse également.
Ce qui me semble aujourd’hui dans l’hospitality ce n’est pas de créer des marques mais plutôt mettre en place une bonne gestion.
Investir pour performer. Jochen Schaefer-Suren, Fondateur et Co-Président, IREMIS Sarl
Le nouvel ordre mondial aura des répercussions durables.
Le manque de liquidités aura un impact énorme sur les actifs financiers en général.
Si vous êtes un opérateur, vous aurez une stratégie très différente de celle des investisseurs privés et institutionnels.
Les moteurs de valeur sont essentiels pour les mises en œuvre.
Il y a 3 stratégies alternatives qui sont Core/Core +, Value Add/Opportunistic et Resort Strategy.
En raison de la situation actuelle, beaucoup d'hôtels seront retirés du marché.
Les centres de villégiature sont des animaux délicats, mais nous aimons y investir.
Vivre la crise est si difficile qu'il y a beaucoup de points d'interrogation concernant les mois à venir.
L'avenir est prometteur, mais aujourd'hui la patience a le TRI le plus élevé ! Les perspectives de l'industrie hôtelière sont encore brillantes, mais l'ère de l'argent bon marché est terminée.
Une nouvelle relation entre les opérateurs et les développeurs de projet. Henry Simpson, Directeur du Développement Senior France, Belgique, Suisse française et Turquie, IHG Hotels & Resorts
Avant le covid nous étions dans un espace néo-libéral où on construisait beaucoup d’hôtels entièrement neufs. Le covid a changé tout cette situation.
La covid a un grand impact sur les prises de décisions en amont mais pas sur les chantiers hôteliers en cours.
Beaucoup de partenaires financiers ont disparus depuis le covid.
Nous vivions sur de la construction et des partenariats établis, et d’un coup nous avions cette volonté de construire qui n’existait plus.
Nous sommes dans une guerre de la croissance car la franchise a besoin de grandir pour garder sa place de marché.
De nombreux nouveaux investisseurs sont apparus et nous sommes allé les chercher.
La France est rassurante en termes d’investissement.
A présents investisseurs et opérateurs sont des partenaires à part égal.
Un franchiseur accompagne sur l’IT mais également sur l’humain, la relation a donc totalement changé.
Aujourd’hui dans les réunions de chantier on parle enfin de la facture énergétique dus hôtels futurs.
La crise des ressources humaines n’est pas résolue et nous devons tous agir dessus. La marque employeur a un fort rôle à jouer pour offrir du sens au travail.
Nous devons penser à la vie du salarié dans l’établissement en lui-même.
Les hôtels de demain doivent être utiles et donner du sens aux personnes qui y travaillent.
Le travail d’accompagnement a été largement modifié, nous ne sommes plus juste de la distribution.
Vue d'ensemble du marché de l'investissement. Philippe Bijaoui, Directeur général France, Christie & Co et Valerie Schuermans, Vice-Présidente du Développement Commercial, Radisson Hotel Group
Valerie Schuermans : Nous constatons un changement géographique.
Du côté des produits, il y a un plus grand appétit pour le segment haut de gamme et les produits tels que les hôtels-boutiques et les propriétés de style de vie.
Nous devons créer des produits ayant une valeur opérationnelle.
Nous ne voulons pas nous concentrer uniquement sur la construction de nouvelles propriétés.
Nous avons signé une nouvelle propriété Radisson Individuals à Honfleur, Les Maisons de Léa.
Philippe Bijaoui : L'inflation qui saute à pieds joints.
Le niveau des transactions de 2019 n'est jamais revenu.
Le ralentissement des transactions est dû au manque de vendeurs et non d'acheteurs.
Investir, entre durabilité et prise de risque. Tugdual Millet, PDG, Covivio Hotels et Jaume Tàpies, Associé fondateur et PDG, Boscalt Hospitality
Jaume Tapies : Ces clients ont des besoins très complets, financiers comme émotionnels.
Nous avons créé des partenariats très fort avec les opérateurs de nos hôtels.
On peut rentrer dans des actifs core avec des prix très intéressants aujourd’hui, des actifs qui sont moins touché par l’augmentation des prix.
Nous essayons tous les 3 mois de comparer 33 villes européennes en donnant une note selon divers facteurs comme le prix de pénétration ou le RevPAR.
La pression fiscale peut avoir des impacts sur le marché, comme à Londres dernièrement.
Tugdual Millet : Avant on investissait (Covivio) dans l’hôtellerie par bail et aujourd’hui nous sommes davantage dans le mur et fond afin de gérer directement les hôtels.
Nos actionnaires ont pu évaluer la grande capacité de résistance de ce secteur immobilier.
La capacité de rebond du secteur avec des mois comme septembre et octobre a été très rassurante pour les investisseurs.
L’environnement et les attentes de nos clients ont changé.
Nous ne savons pas comment les valeurs vont évoluer à moyen et long terme.
Notre objectif prioritaire est de créer de la valeur.
Un client business qui peut ensuite rester pour du loisir, ça brouille quelque peu les cartes.
Nous n’avons pas vocation à dépasser les frontières de l’Europe Occidentale et du Royaume-Uni.
Mixed use, répondre aux besoins du client tout en développant la rentabilité. Olivier Durix, PDG Relations Client, Bouygues Immobilier
Nous sommes aujourd’hui dans une économie expérientielle.
Des nouveaux modèles économiques indiquent des nouveaux modes de consommation.
Pour répondre aux nouvelles attentes, nous devons faire plus attention au cadre de vie et créer des produits plus design et vert.
Nos attentes et besoins évoluent fortement au fil des nos vies, bien plus qu’avant.
L’offre de logement est principalement monolithique.
Dans les quartiers, nous voyons émerger des tiers lieux et des lieux hybrides qui proposent des offres nouvelles qui s’adaptent aux territoires où ils se développent.
Le co-working a radicalement changé les choses, cela offre des espaces flexibles avec au cœur de l’offre une personnalisation et une expérience.
Les business modèles du coworking sont en constante évolution.
Qui dit coworking dit coliving. Le marché locatif est très compliqué avec une expérience assez pauvre donc nous travaillons fortement sur ce produit.
Loji est une offre de logement flexible et modulable en designant des espaces par les usages.
On s’attache à développer une offre pour les urbains convaincus qui ne souhaitent pas quitter les villes.
Adapter le développement aux opportunités. Nick Smart, Vice-Président du Développement de l'Europe du Nord et de l'Ouest, Hilton
Hilton a commencé son voyage en Europe il y a 50 ans.
La plus grande partie du développement de ces dernières années, 50% étaient des conversions et 50% d'autres étaient des bâtiments neufs.
La réutilisation adaptative offre un emplacement AAA qui serait difficile à obtenir en tant que nouvelle construction et le financement est plus facile.
Les bureaux en tant que classe d'actifs sont mis au défi dans un environnement post-Covid.
Nous pouvons être créatifs, nous avons les marques et l'expertise pour aider à libérer la pleine valeur de ces bâtiments.
Valoriser et pérenniser les fleurons touristiques de la France. Pascal Savary, Co-Fondateur et Président, Atream
Les chiffres avant crise sanitaires, 1 milliard et demi de touristes dans le monde, la zone euro 750 millions de touristes, ce qui fait de l’Europe le premier marché mondial/
L’industrie du tourisme est une industrie majeure, au fond elle est devenue un média avec l’essor des nouvelles technologies.
Il ne faut pas oublier que le tourisme est une industrie de l’offre qui a besoin d’investissements sur le long terme pour accompagner la transformation, mais également une industrie de services.
On ne peut parler de cette industrie sans parler des grands acteurs de cette dernière.
La conviction que nous avons à nous transformer face à l’adversité est essentielle.
La croissance du secteur de l’hospitality connait des aléas en permanence, il est ainsi nécessaire de se remettre en position, se remobiliser et s’adapter aux clients.
Le client est désormais central. Il impose ses besoins et nous devons écouter ses remarques et les prendre en compte.
Nous créons un dynamique autour de nos établissements, notamment sur le volet emploi.
Tous les concepts hôteliers évoluent, nous sommes des acteurs du changement.
Nous avons une diversité de l’offre qui bénéficie d’un haut niveau et qui va continuer à évoluer malgré des moments compliqués.
Le service est essentiel pour la montée en gamme de l’offre.
Il faut regarder le client comme une chance, une opportunité. Il faut lui donner du plaisir le temps qu’il va passer chez vous.
Le métier évolue très rapidement, qui s’est ouvert à l’international.
Nous devons être en permanence irréprochable et le produit ne doit pas vieillir.
La crise sanitaire a imposé la transparence et le dialogue entre propriétaires et investisseurs, rétablissant à nouveau la confiance.
L'hébergement de loisirs, l'envers du décor d'une histoire à succès. Yariv Abehsera, Directeur Distribution et Hospitality, Compagnie des Alpes et Grégory Lanter, Chef Développement Construction & Agent Immobilier, PDG Moutain Strategy, Club Med
Yariv Abehsera : Nous avons créé une nouvelle business unit tournée autour de la distribution de l’hospitality il y a une quinzaine de mois.
Nous avons créé des resorts pour faire de la rétention client afin de mieux maitriser l’offre.
On voit une montée en gamme dans les Alpes qui ne répond pas forcement à un certain nombre de critères propres à la destination montagne.
Faire tourner des assets plus que 6 mois dans l’année assure une pérennité.
Il nous fallait une plateforme opérationnelle nous avons donc fait l’acquisition de la plateforme mmv.
Nous sommes capables de porter une stratégie, c’est-à-dire être un acteur qui va chercher les clients et réponde à leurs besoins.
Une personne qui ne skie pas doit contribuer au tissu économique de la destination.
Le produit doit bouger pour s’adapter à de nouvelles demandes, notamment créer des stations 4 saisons.
Grégory Lanter : Nous (Club Med) essayons depuis plusieurs années d’être plus responsable mais également plus désirable.
Le Club Med fait 70% de chiffres d’affaires en direct car nous contrôlons notre propre distribution.
Premier semestre 2022 nous sommes revenus à 90% de nos chiffres hors Covid.
Le deuxième trimestre est très différent, +15% par rapport à 2019. La zone Asie rattrape fortement son retard.
Un chiffre en réservations de +36% sur les destinations montagne.
Beaucoup d’investisseurs s’intéressent désormais à des actifs à la montagne, c’est devenu une classe d’actifs à part entière.
La montagne est devenue un territoire bien plus ouvert aux investissements. Cet appétit pour les vacances aux skis de la part des touristes internationaux comme domestiques les attirent fortement.
Les secrets d'un long séjour. Benoît Jobert, Co-Fondateur, The Babel Community
Beaucoup de gens vivent en colocation mais l’offre était très pauvre à l’époque. Nous avons donc répondu à cette demande.
Cette offre étonnamment n’intéressait pas les étudiants mais plutôt les jeunes actifs, des personnes pas encore installés entièrement dans leur vie et dans leur ville.
Nous avons besoin de s’héberger à des moments clés de nos vies.
Il faut que l’offre soit simple avec un tarif accessible et aussi rencontrer des personnes.
Depuis 2017, The Babel Community a ouvert 4 résidences.
Nous mettons du coworking dans nos établissements car c’est extrêmement complémentaire du coliving mais aussi pour concevoir un bâtiment dynamique tout au long de la journée.
Nous voulons des bâtiments également ouverts sur le quartier où ils sont implantés.
Notre concept nous permet de rentrer dans n’importe quel bâtiment.
Quand on s’installe dans une ville, nos commerciaux s’adressent en priorité aux DRH des grandes entreprises locales.
Le coliver et le cowroker ne sont pas forcément les mêmes profils de personne mais ont parfois des besoins similaires.
Nous essayons de mailler le territoire français, c’est un réel enjeu pour The Babel Community.
Lutter contre la désindustrialisation de la France. Nicolas Dufourcq, PDG, Bpifrance
L’origine de la Bpi c’est le crédit hôtelier.
Chez nous, le tourisme va très bien.
Je souhaitais savoir ce qui c’était passé pour que la France perde une grande partie de son industrie au début du 21ème siècle.
Les industries françaises fermaient en premier à l’époque car elles étaient perçues comme les pires en Europe.
La France ne s’est pas préparée à l’offensive industrielle chinoise au début de ce siècle.
Depuis 2010 nous sommes en politique de l’offre en France.
Nous sommes dans un effort continu afin de réindustrialiser un peu la France, pour in fine gagner au moins 2%. C’est très important ce qui se joue là.


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