Entretien avec Mikaël Quilfen , directeur marketing et porte-parole chez Siblu. Siblu est un des groupes leader de l’hôtellerie de plein air en France. A l’origine, nous étions une société britannique qui exportait des mobil-homes vers la France. Ils étaient installés dans différents campings, en tant que tour-opérateur. Au début des années 2000, cette société britannique est devenue un spin off et a commencé à acheter des campings. Nous nous concentrons désormais sur un modèle économique basé sur la vente de mobil-homes à des propriétaires sur nos villages.
Nous sommes aujourd’hui propriétaire de 24 campings, 21 en France et trois aux Pays-Bas et notre modèle économique est hybrides. Nous vendons des mobil-homes à des propriétaires résidants qui achètent un produit est une prestation de loisirs. Nous assurons également la gestion locative des propriétaires de mobil-homes s’ils le souhaitent.
L'an dernier, le chiffre d’affaires de Siblu s’élevait à 170 millions d’euros dont 28 millions d’euros en vente de vacances. Nous avons aujourd’hui en équivalent temps plein 500 personnes à l’année, en saison nous montons jusqu’à 1700 collaborateurs saisonniers pour assurer l’accueil de nos vacanciers et toutes les prestations annexes.
C’est un fonctionnement qui a dû vous permettre de mieux traverser la crise que des opérateurs purs.
Les mois de confinement ont été très compliqués, nous perdions jusqu’à 2 millions d’euros par semaine. Nous avons effectivement continué à percevoir des loyers. Cette résilience était déjà présente lors de la crise financière de 2008.
Au niveau de la vente de mobile homes nous voyons une belle reprise sachant que nous n’avons que quatre semaines d’activités derrière nous. Je pense que le confinement a donné envie à nos prospects de s’acheter un coin de verdure.
Concernant la vente de séjours, nous observons un chiffre d’affaires au global légèrement supérieur à celui de l’année dernière. Cela correspond à une augmentation de 20 % de chiffre d’affaires de réservation des français. Cela compense les annulations que nous avons de nos clients britanniques, néerlandais, même si depuis début juillet nous voyons à une reprise des réservations en provenance du Royaume-Uni. Nous n’avons pas encore de visibilité sur le pourcentage d’annulation que nous allons avoir pour le mois d’août. Traditionnellement les trois premières semaines d’août sont des semaines très prisées par les britanniques.
Quand la saison se termine-t-elle au sein de vos établissements ?
Dans beaucoup de villages, la saison de location aux vacanciers se termine au moment de la Toussaint. Nous n’avons d’ailleurs pas pour l’instant décidé d’ouvrir tous les villages jusqu’à la Toussaint. La fermeture officielle de la plupart de nos villages se fera aux alentours du 15 décembre sauf dans certaines régions où nous sommes obligés de fermer plus tôt par arrêté préfectoral.
Qu’avez-vous mis en place pour accueillir et rassurer vos clients ?
Nous nous inscrivons dans le protocole sanitaire qui a été créé avec la Fédération Nationale d’Hôtellerie de Plein Air et des cabinets conseils indépendants. Nous avons mis beaucoup de choses en place dans nos villages pour rassurer nos clients et être certains qu’ils passeront de loisirs et de vacances en toute sécurité.
Notre communication est basée autour de l’axe : « ensemble en toute sécurité » qui reprend les différentes mesures que nous avons pu mettre en place.
Cela passe dans un premier temps par un accueil sans contact qui permet à nos clients d’accéder à leurs mobil-homes sans sortir de leur véhicule. Ils auront au préalable payé leur caution en ligne et indiqué leur numéro de plaque minéralogique. Nous avons également renforcé le protocole de nettoyage et de désinfection des mobiles homes, avec une attention renforcée sur les points de contact. Nous avons également équipé l’ensemble de la literie d’une couverture imperméable et d’alaises jetables. Tout cela pour assurer nos clients.
Au niveau des piscines, quand on se réfère à la fréquentation maximale instantanée c’est-à-dire le nombre de personnes qui peuvent être simultanément au même endroit, nous avons mis en place des jauges inférieures. Il peut donc y avoir dans certains campings en cas d’affluence des plannings de roulement. Nous faisons sortir les gens de la piscine et nous désinfectons l’ensemble les plages et des transats. Comme l’ensemble des acteurs de l’industrie, nous ne nous attendons pas à avoir un taux d’occupation de 100 % comme cela a pu être le cas des années précédentes. La première semaine de juillet nous étions sur un taux d’occupation de 55% il y a donc peu de chance que nous ayons à mettre en place ces protocoles pour les zones de baignade.
Siblu est renommée pour la qualité de ses animations et de ses spectacles, il y a là aussi fallu que nous renvoyions notre copie même si nous continuons à proposer des spectacles et animations chaque soir à nos clients. Par contre nous ne proposons pas de grands spectacles comme ce fut le cas les années précédentes avec beaucoup de comédiens sur scène et des changements de costumes.
Nous avions décidé de remplacer les clubs enfants par des animations familiales en présence des parents. Nous avons réouvert nos clubs enfants le 12 juillet sauf pour les tout-petits.
Nous avons environ 30 % d’appel en plus que l’an dernier de la part de nos clients et ses appels durent plus longtemps moyenne. Il y a beaucoup de questions par rapport aux animations, au club d’enfants, ou protocole sanitaire. L’an dernier à la même époque les appels de nos clients durait environ 7 minutes nous atteignons 18 à 20 minutes par appel.
Quels sont les retours de vos clients sur les nouvelles conditions d’exploitation ?
Les français se sont habitués depuis le déconfinement à vivre différemment. J’ai pu observer dans des villages que nos clients sont rassurés par rapport à la mise en place ces protocoles. Nous avons construit ce protocole de façon empathique. Nos clients comme dans la vie de tous les jours continuent à respecter ces distances de sécurité continuer à avoir le réflexe de porter un masque lorsque c’est nécessaire.
Nous avons dû expliquer à nos 25 % de clients fidèles que cette année serait différente mais que nous ferions tout pour qu’ils passent de bonnes vacances.
Quel impact financier de ces nouvelles conditions d’exploitation ?
A ce jour, nous estimons les dépenses à environ 300 000 €. Il est encore trop tôt pour tirer un bilan de coût total sur la saison. D’après ce que j’ai pu constater personnellement cela se passe plutôt pas mal. Nos collaborateurs sont contents d’avoir repris le travail.

