« Là où les touristes veulent aller en vacances, il n’est pas possible de créer de nouveaux campings »

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Publié le 02/05/22 - Mis à jour le 23/10/24

Entretien Nicolas Dayot (FNHPA)

Le secteur de l’hôtellerie de plein air connait un réel essor depuis désormais une dizaine d’années, et cet essor s’accompagne notamment de profondes mutations. Un processus de transformation accéléré par la crise sanitaire, même si cette dernière a peu impacté les chiffres de fréquentation du secteur. Entretien avec Nicolas Dayot, Président de la Fédération Nationale de l’Hôtellerie de Plein Air (FNHPA).

Le secteur de l’hôtellerie de plein air s’est montré très résiliant durant la pandémie malgré l’absence de la clientèle étrangère en 2021, pouvez-vous aujourd’hui nous retracer l’évolution du mix-clientèle ?

Nicolas Dayot : Le secteur de l’hôtellerie de plein air a beaucoup évolué au cours de ces trente dernières années. Même si on a toujours accueilli beaucoup de touristes étrangers, notamment d’Européens, il a tout de même eu des évolutions. Toutefois il n’y a pas eu de réelles évolutions au niveau de la répartition de clientèle entre les étrangers et les Français car depuis longtemps on comptabilise 2/3 de campeurs français et 1/3 de campeurs étrangers. Ce sont par ailleurs les touristes étrangers qui ont le moins évolué alors que la clientèle française a vu sa répartition évoluer au fur et à mesure du développement de la profession.

L’hôtellerie de plein air accueille une clientèle très populaire et majoritairement française depuis l’après-guerre, même si les clientèles étrangères étaient déjà présentes à l’époque. En effet, le camping se pratique partout en Europe, notamment dans les pays du Nord mais aussi dans le Sud de la France. Les clientèles sont majoritairement issues du Nord avec les Allemands, les Danois et les Néerlandais qui sont très friands des campings en Espagne, en Italie, en Croatie mais aussi en France car c’est le premier pays d’Europe sur ce marché. Cette clientèle privilégie surtout les tentes, les caravanes et les camping-cars.

Nous avons surtout réussi à capter une nouvelle clientèle qui n’aurait jamais mis les pieds dans un camping il y 40 ans et qui découvre cet univers depuis quelques années tout en conservant notre clientèle historique qui n’a pas fui les campings comme on a souvent pu l’entendre. Il y a un faux-ami à travers l’expression « montée en gamme », les campings se sont beaucoup transformés et sont montés en gamme mais cela ne veut pas forcément dire que nous nous sommes uniquement concentrés sur les CSP+ au détriment de nos clients historiques qui sont les clients les plus nombreux. Aujourd’hui dans les campings on accueille aussi bien des classes populaires et des classes moyennes que des catégories privilégiées parmi les Français et les étrangers.

Néanmoins nous segmentons plus les clientèles aujourd’hui que dans le passé car les clients nous demandent une réelle spécialisation des services et des prestations. Ainsi en fonction du type de clientèle que vous recherchez, vous allez privilégier un type de camping plutôt qu’un autre. Il y a toujours de la mixité sociale, surtout dans les campings 3 et 4 étoiles. Cependant il y a une typologie de camping où on observe une certaine segmentation sur des types de clientèle, notamment dans les 5 étoiles.

De nombreux Français ont découvert ou redécouvert les joies du camping durant la crise sanitaire, comment faire à présent pour fidéliser cette clientèle, et notamment les touristes de proximité ?

Nicolas Dayot : Durant cette période si particulière du Covid, nous avons maintenu notre niveau d’activité au mieux. Au niveau de la répartition des nuitées entre les différents modes d’hébergement touristique collectif, les campings ont non seulement conservé leur part de marché mais l’ont même accentuée. Avant Covid, 48% de la fréquentation totale des hébergements touristiques collectifs se réalisait dans les campings durant l’été et nous sommes montés à 52% durant la crise sanitaire.

Nous avons ainsi en quelque sorte surperformé en proportion en part de marché car notre profil même nous a aidé dans cette période particulière. Car d’une part nous sommes très présent sur le littoral, et nous avons pu observer que le littoral a bien fonctionné durant la pandémie, et d’une autre part nous sommes à 70% présents sur des communes rurales, et la ruralité était largement plébiscitée au cours de cette période. Je pense notamment à des départements très verts tels que la Dordogne et l’Ardèche mais aussi d’autres départements qui sont ainsi devenus encore plus touristiques comme les Vosges, le Gers et le Jura. Et dans un camping il y a la possibilité de manger dans son propre hébergement donc la distanciation était plus facile à assurer.

Tout cela a ainsi permis à l’hôtellerie de plein air de convaincre un certain nombre de Français de venir passer leurs vacances dans les campings pour la première fois de leur vie. On estime à peu près à 10% de la fréquentation durant le Covid générée par des néo-campeurs. Désormais le défi est de transformer l’essai et de les convaincre de continuer à pratiquer le camping. Les chiffres que nous voyons pour 2022 nous laissent à penser qu’une partie continue effectivement à faire du camping néanmoins il va falloir continuer à transformer notre offre. Ces nouvelles clientèles nous ont demandé de modifier certaines choses dans l’organisation des campings car en découvrant notre produit, elles se sont aperçues qu’il ne fonctionnait pas comme d’autre mode d’hébergement. Par exemple, on ne fait pas les lits dans la plupart des hébergements locatifs présents dans les campings et c’est demandé par un certain nombre de clients. Ça sera peut-être ainsi l’occasion pour les campings de faire un nouveau bond, de monter en qualité et d’adapter les prestations qu’ils proposent.

L’arrivée de fonds d’investissement sur le marché HPA modifie fortement la dynamique du secteur, quelles en sont pour vous les points positifs et potentiellement les points négatifs ?

Nicolas Dayot : La FNHPA a la chance de représenter à la fois les indépendants, les groupes et les chaines et je dois dire que cela se fait dans la joie et la bonne humeur car nos objectifs fondamentaux sont les mêmes. Notre problématique concerne surtout la possibilité de pouvoir évoluer au sein de périmètres existants et de pouvoir nous transformer car la force de l’hôtellerie de plein air c’est sa souplesse d’exploitation. Nous sommes souvent situés dans des endroits très privilégiés, en bord de mer, à la montagne et dans des sites protégés. Nous souhaitons surtout que la loi française s’adapte à la possibilité de continuer à évoluer au sein de sa propre structure de manière à réduire son empreinte écologique mais également à développer des prestations et services supplémentaires attendues par les clients. Cet objectif il est partagé par tous, qu’on soit petit, grand, indépendant ou franchisé.

Il y a une forte structuration de l’offre depuis maintenant une vingtaine d’années, avec une accélération ces dernières années. En effet, 300 campings ont été achetés par des groupes au cours des 5 dernières années. Et de plus ce sont souvent des campings premiums et de grande capacité. Cela peut donc perturber certains indépendants mais en réalité on s’aperçoit que cela a un effet véritablement vertueux sur la profession car les groupes obligent tout le monde à se remettre en cause, à se professionnaliser et à s’améliorer encore et toujours. Comme on est dans un secteur où on ne peut pas créer de nouveaux campings, car là où les touristes veulent aller en vacances il n’est pas possible de créer de nouveaux campings, les indépendants ne sont pas réellement en danger. Ils n'ont pas de nouveaux concurrents qui viennent s’implanter à côté d’eux, le tissu concurrentiel reste finalement le même.

En revanche, l’arrivée de groupes très organisés a obligé les indépendants à en faire de même. Ils doivent ainsi corriger leurs défauts : mieux travailler leurs ressources humaines, mieux travailler leur stratégie, mieux se positionner et ne pas s’endormir sur leurs lauriers. Ce phénomène est en train de tirer toute la profession par le haut donc en réalité l’arrivée des groupes et la structuration par les chaines commerciales ne sont pas de mauvaises choses. Cela va même nous permettre de continuer à nous développer et à progresser. Le comité du groupe des chaines travaille même en bonne intelligence au sein de la FNHPA. Cela permet notamment d’entendre leurs problématiques et de mieux les porter devant les pouvoirs publics pour pouvoir défendre leurs intérêts mais aussi de défendre les intérêts de tous les campings, indépendants comme groupes. Je ne vois pas de véritables effets négatifs mais plutôt de effets positifs pour continuer à progresser.

Vous en avez sans doute entendu parler, un propriétaire pyrénéen qui prenait sa retraite a décidé de faire de son camping une fondation plutôt que de le vendre. C’est la première fois que cela arrive ?

Oui tout à fait, c’est même un ami et il possédait l’un des plus beaux campings d’Europe, un produit exceptionnel. C’est en effet une très belle aventure. Ses salariés sont partie prenante au capital, c’est donc tout à fait dans sa philosophie. C’est également une logique de pérennisation du mode d’exploitation à travers une fondation. Il est également très impliqué dans le territoire, il me semble qu’il a été élu local, il est donc réellement attaché à sa commune. Il souhaitait que le camping continue à évoluer dans la même lancée que ses parents et lui-même avaient initiée. C’est une logique tout à fait différente mais c’est tout de même un très bel atterrissage en fin de carrière. C’est à saluer je pense.

Il y en aura peut-être d’autres par la suite car un camping est un produit très particulier dans le monde du commerce. Comme ce sont des lieux extrêmement privilégiés sur le plan environnemental, au sein desquels les exploitants de campings vivent en général, on est très attaché à l’espace naturel qu’on occupe. Que ce soit une forêt, la campagne, la mer ou la rivière, l’attachement est viscéral. On est également très attaché à nos clients. Aujourd’hui il n’y a qu’un tiers des clients qui reviennent d’année en année dans les campings néanmoins ses clients deviennent presque des amis. Ce qui fait qu’on n’abandonne pas son camping en fin de carrière comme on vend un commerce à un tiers qui va le reprendre par la suite. Cela explique la démarche qu’a eu ce propriétaire à travers l’apport en fondation de son camping.

Que poussez-vous au niveau national, en tant que fédération, afin qu’il y ait des possibilités de développement un peu plus larges pour les exploitants et potentiels futurs exploitants de campings au regard des nombreuses régulations en vigueur en France ?

Nicolas Dayot : Parmi les objectifs phares de la fédération, il y a le fait de stopper la disparation des campings car nous sommes dans un paradoxe complet. Dans la mesure où le secteur s’est fortement développé au cours des 30 ans dernières années, passant de 800 millions de chiffre d’affaires en 2000 à 3 milliards aujourd’hui, et on sait que si les pouvoirs publics créent les conditions du succès, on doit pouvoir atteindre plus de 4 milliards d’euros de chiffre d’affaires et créer 10 000 emplois supplémentaires prochainement. Et tout cela sans créer de nouveaux campings, simplement en optimisant l’existant.

Le paradoxe qui se cache derrière le succès c’est avant tout la disparition, pour rappel nous avons perdu 340 campings durant les deux dernières années représentant ainsi une perte de 16 000 emplacements, un nombre non négligeable en termes de lits touristiques. On ne peut pas continuer à vivre une telle érosion d’année en année donc notre objectif c’est de stopper la disparition.

Et comment procède -t - on pour faire cela ? Il faut tout d’abord adapter les campings qui sont exposés au changement climatique, en réduisant leur vulnérabilité. Parfois cela consiste à déplacer le camping, car il y a de l’érosion côtière ou de l’inondation. Il s’agit également de transformer le camping à l’intérieur en reconstruisant les bâtiments sur pilotis, en transformant les hébergements. C’est par ailleurs ce que nous a accordé récemment le Premier ministre, notamment en augmentant le quota d’habitants légères de loisirs afin que l’on puisse remplacer des hébergements non résilients par des hébergements résilients à l’inondation. Les Néerlandais le font d’ores et déjà puisque ce sont les spécialistes mondiaux de l’inondation. Il y a des solutions techniques très innovantes et qui correspondent à l’esprit du 21ème siècle puisque ces défis vont concerner de nombreux pays à travers le monde. Il faut que la France soit pionnière en la matière et le plan de reconquête et de transformation du tourisme va dans ce sens, c’est donc un élément de lobbying extrêmement important.

D’autre part, l’objectif afin de stopper la disparation mais aussi pour que la profession atteigne son potentiel c’est de pouvoir continuer à améliorer les campings existants, qui pour certains d’entre eux n’ont pas évolué au cours des dernières années. Un autre paradoxe, qu’on oublie souvent quand on regarde les chiffres, c’est que 51% des campings français sont soit sans étoiles ou ont 1-2 étoiles. Ces campings-là, notamment les 1-2 étoiles, accueillaient les classes très populaires il y 50 ans, sauf qu’aujourd’hui les classes populaires vont plutôt dans les 3-4 étoiles pourvus de nombreux équipements (piscines, toboggans, aires de jeux pour enfants). Ce qui fait que pour ces campings très peu étoilés et non classés, un camping sur deux, ne font que 15% de la fréquentation nationale pour moins de 10% du chiffre d’affaires national. L’idée est donc d’améliorer ces établissements, de les transformer de façon à pouvoir apporter du PIB touristique supplémentaire dans les territoires ruraux tout en stoppant l’érosion des capacités d’accueil.

Pour rendre cela possible, il faut que le Gouvernement puisse nous aider à adapter le cadre législatif et réglementaire. Il va falloir parfois détruire les bâtiments et les reconstruire car les douches sont trop étroites, les toilettes sont à la turque, les réceptions ne sont pas à la hauteur etc... Le défi est de faire monter ces établissements en gamme, de les mettre aux standards actuels tout en réduisant leur empreinte écologique. Il va falloir réhabiliter les stations d’épuration, installer des hébergements locatifs qui s’intègrent bien le paysage avec un bardage en bois et des toitures aux couleurs adaptées au paysage, installer des aires de jeux écologiques, installer des bornes de recharge électrique. Il faut arriver à faire bien mieux avec ce qui existe car aujourd’hui nous ne sommes pas dans une logique de création de nouveaux établissements.

Cet objectif nous semble des plus vertueux car il répond bien à la loi climat et résilience qui consiste notamment à être très économe du foncier agricole français, l’idée étant de s’intégrer dans le paradigme de la zéro artificialisation nette. Cette stratégie est selon moi sociétalement vertueuse, encore faut-il que le cadre juridique soit créé. Et je pense que la prise de conscience a été faite avec le Covid, le plan de reconquête en est l’illustration et dans les années qui viennent je ne doute pas que les pouvoirs publics soient à nos côtés pour y parvenir.

Lors de votre dernier entretien avec Hospitality On, en 2021, vous évoquiez la mise en place d'un "plan camping", où en est-on un an plus tard ? 

Nicolas Dayot : Cela avance bien même s’il y a encore du travail car on a décidé de séquencer. C’est un « plan camping » qui comprenait différentes thématiques mais il était très axé sur le développement durable. En réalité, c’est le « plan camping durable 2030 ». L’idée c’est d’arriver au cours des prochaines années à accompagner la profession dans sa transformation. Nous avons notamment un travail en cours sur les déchets avec l’ADEME afin de pouvoir accompagner au plus près du terrain les campings grâce à l’embauche de chargés de mission environnementale spécialisés qui s’occupent des contraintes administratives. Ils donnent notamment des consignes aux campings pour leur permettre de ne pas être submergés par les montages de dossiers car c’est ce qui fait que parfois certains ne veulent pas être écolabellisés ou labelisés clef verte. Ces labels sont des outils très efficaces mais il y a malheureusement trop de campings qui ne veulent pas rentrer dans des démarches de labellisation. Ils sont prêts à réduire leur empreinte écologique à condition que cela soit facile à mettre en œuvre.

C’est la logique qui a guidé ce travail avec l’ADEME. Des salariés ont été embauchés dans les 3 régions expérimentales que sont la Corse, la Nouvelle-Aquitaine et la Bretagne. Il y a encore plus de campings que ce que l’on imaginait qui sont rentrés dans la démarche. L’idée est de réduire le volume des déchets. Ceux qui sont rentrés dans la démarche ont réduit déjà de 22% leur production de déchets en un an et demi. Notre objectif est de passer de 250 000 tonnes par an à 100 000 – 120 000 tonnes. On voit que cette technique fonctionne.

Nous entamons également un travail avec l’Office Français pour la Biodiversité et la Caisse des Dépôts volet biodiversité pour réduire l’empreinte écologique des campings à travers un plan d’actions extrêmement pragmatique. Nous allons évidemment dérouler l’ensemble des problématiques environnementales, dont la réduction de la vulnérabilité aux effets directs du changement climatique, l’adaptation des comportements vis-à-vis de la consommation électrique avec l’arrivée massive dans les prochaines années des véhicules dans les campings. Tout cela constitue un réel défi pour les campagnes peu adaptées encore pour le moment.

Il y a également un travail sur le paysage, nous avions notamment entamé avec le Gouvernement un travail sur la réduction de l’empreinte écologique des campings en sites classés. Dans le cadre des expérimentations en cours, il y a déjà une autorisation spéciale qui a été délivrée par le ministre de l’Environnement la semaine dernière à un camping expérimental en Bourgogne qui va pouvoir installer des hébergements locatifs en son sein alors que jusqu’à présent l’inspection des sites le refusait. Cela se fera évidemment avec un cahier des charges assez contraignant permettant de préserver le paysage et les milieux tout en développant l’établissement. Il y a encore beaucoup à faire mais je pense que nous sommes sur la bonne voie et que les mois qui viennent vont pouvoir permettre de le démontrer.

Selon nos indications, l’année 2022 s’annonce plutôt bonne car par rapport à 2019, qui était la dernière année « normale », nous sommes à 24% de réservations en plus à date. Cela représente donc près d’un quart de réservations en plus par rapport à 2019, un chiffre particulièrement significatif. On retrouve finalement les standards antérieurs au Covid en termes de fréquentation étrangère : 2/3 de Français et 1/3 d’étrangers. C’est là qu’on voit que s’appuyer sur des Européens de proximité c’est extrêmement résiliant pour la fréquentation touristique du pays. Et point très positif qui va nécessiter encore une fois de pouvoir développer les campings en termes de prestations et d’équipements, c’est le hors-saison avec les mois d’avril, de mai mais également, et plus étonnant, le mois de septembre qui est de loin le mois qui progresse le plus par rapport à 2019. Ces mois sont très dynamiques et démontrent qu’on s’oriente comme pendant la crise vers un étalement encore plus marqué de la saison. Même si la saison reste très concentrée sur juillet et août, la fréquentation se désaisonnalise de plus en plus.

Mais pour pouvoir accueillir des clients sur les ailes de saison, il faut des prestations, des piscines chauffées et couvertes, il faut aussi pouvoir occuper les clients lorsque la météo est capricieuse. On revient donc à l’objectif principal de notre travail de lobbying quotidien qui est de pouvoir optimiser l’existant pour lui permettre de correspondre aux attentes des clients. Grâce au Covid, nos dirigeants ont bien compris ce qu’apportait le tourisme à l’économie française et ils ont bien compris que le tourisme domestique et le tourisme européen de proximité devaient être protégés.

Concernant le recrutement, comment en tant que fédération accompagnez-vous les propriétaires de campings ? Et comment se passe -t-il également dans votre propre camping ?

Nicolas Dayot : Au-delà du camping, on sait bien que tous les secteurs ont du mal à recruter. Le phénome de « la grande démission » est un phénomène sociologique qui nous dépasse sans aucun doute néanmoins il ne faut pas être démoralisé même si cela est perturbant. Je rencontre moi-même dans mon propre établissement des difficultés de recrutement alors que j’avais une certaine facilité à trouver de la main d’œuvre locale auparavant. Malgré la localisation avantageuse de mon camping en bord de mer, où il est agréable de travailler comme de passer ces jours de congés, nous rencontrons des difficultés à constituer l’équipe cette année. J’espère que nous allons y arriver mais nous voyons bien que c’est plus difficile que d’accoutumé.

Le fait que la profession soit unie, que les groupes, chaines et indépendants travaillent dans la même maison sur des problématiques communes permet de mobiliser l’intelligence collective et d’arriver à trouver des solutions efficaces. Dans le cadre de l’attractivité des métiers, nous avons travaillé depuis quelques mois sur la construction d’une marque employeur d’hôtellerie de plein air. Un outil somme toute classique que l’on retrouve dans tous les secteurs d’activités. Dans notre secteur, comme les entreprises sont de taille plutôt modeste en général, il est compliqué de construire une marque employeur à l’échelle de l’entreprise, en effet, c’est trop technique, chronophage et coûteux. L’idée est donc de construire une marque employeur à l’échelle de la profession pour arriver à rendre plus visible les emplois que l’on propose dans l’hôtellerie de plein air.

On s’aperçoit que de nombreux salariés qui cherchent un job d’été ne pensent pas spontanément à l’hôtellerie de plein air et ne savent pas en quoi consiste la vie dans un camping pendant l’été ou le printemps, avec ces périodes de travail mais aussi de plaisir. Travailler dans un camping c’est aussi le fait de pouvoir rencontrer des collègues, des clients, de pouvoir profiter pendant ces jours de repos des structures du camping et de l’environnement immédiat et surtout de la variété des emplois. Ils n’imaginent pas au-delà des hôtes d’accueil et de l’entretien qu’il y a également les paysagistes, les personnes en charge des suivis techniques de tous les équipements, les cuisiniers, les animateurs. Mais aussi des métiers plus étonnants comme les salariés en charge de créer du lien social avec les campeurs, où ils jouent un rôle d’animateur mais aussi de créateur de liens en parlant avec les clients afin de créer une ambiance. Il y a donc plein d’emplois très intéressants qui seront mis en avant.

Et en parallèle nous construisons collectivement une plateforme des métiers aussi bien pour les gestionnaires de campings que pour les personnes à la recherche d’un job dans le tourisme. Pour se faire, nous nous appuyons en particulier sur « mon emploi tourisme » cette plateforme en marque blanche et dont la version 3 va arriver prochainement. L’idée est d’arriver à donner plus de visibilité aux emplois de notre profession pour arriver à combler ces déficits de recrutement. Nous sommes, en effet, tous assez inquiets car la fin avril approche et j’entend beaucoup d’exploitants de campings qui nous font part de leur désarroi face à leur difficulté de recrutement. Certains n’ont encore pas recruté la moitié des équipes dont ils ont besoin, en sachant qu’un gros camping peut embaucher plus de 200 personnes. C’est assez étonnant mais ça touche encore une fois tous les secteurs d’activités.

Fédération Nationale de l'Hôtellerie de Plein Air (FNHPA)

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