Le 18 avril 2023, la Fédération nationale de l’hôtellerie de plein air (FNHPA) a animé une conférence de presse à Paris pour présenter les dernières actualités d’un secteur en pleine mutation. Le président de la fédération, Nicolas Dayot, a présenté les résultats 2022 des campings français, ainsi que les perspectives de la saison à venir, à travers une enquête de l’Ifop sur le secteur et les enjeux principaux de la profession.

Nicolas Dayot a commencé par faire le bilan de l’année 2022. Le secteur de l’hôtellerie de plein air a joui d’une saison record l’année dernière. Selon lui, cette performance était due notamment à une haute saison excellente, un démarrage de saison précoce dès le mois d’avril et de très bons taux de d’occupation sur juillet-septembre.

Ces résultats s’expliquent principalement par la recherche de vacances de proximité des Français en raison de l’inflation impactant le prix du carburant auquel s’ajoute le retour progressif de la clientèle étrangère.

En effet, le secteur semble s’être remis des effets de la crise sanitaire. En 2022, il a enregistré 136 millions de nuitées versus 129 millions en 2019.

Le contexte inflationniste de l’année 2022 a eu pour conséquence l’augmentation de l’attractivité de l’offre des acteurs de l’hôtellerie de plein air. Selon Nicolas Dayot, les campings ont augmenté leurs prix face à l’inflation mais cette augmentation était limitée à +5/6 %, ce qui reste inférieur au taux de l’inflation.

Autre chiffre intéressant de l’année écoulée : les réservations d’emplacements nus étaient légèrement en hausse comparé à 2019, malgré le fait qu’il y en ait de moins en moins au sein de l’offre HPA. Selon le président de la FNHPA, c'est particulièrement une pratique des Français qui sont désormais plus soucieux de leurs budgets.

L’inflation reste bien évidemment très présente en 2023 et la tendance ci-dessus se confirme pour la saison à venir. Déjà pour les vacances de printemps, les emplacements nus connaissent une augmentation de +30 % d’occupation.

La performance du secteur s’annonce très favorable dans sa globalité. D’après le baromètre de l’hôtellerie de plein air d’Atout France, à la date du 9 avril 2023, les réservations pour l’ensemble de la saison s’élèvent à 63 millions de nuitées (+21 % vs le chiffre à la même date en 2022). Ce chiffre est constitué de 41 millions de clients français et de 22 millions de clients étrangers.

Le mois de mai est particulièrement prometteur. Grâce notamment aux jours fériés tombant près des week-ends et à la Pentecôte, le nombre de nuitées affichent d’ores et déjà une hausse de +55 % versus la même période de l’année dernière.

Les Français toujours amoureux du camping

Une étude réalisée par l’Ifop, pour le compte de la FNHPA, démontre l’attractivité de l’hôtellerie de plein air auprès des Français. Sur les 1 500 citoyens interrogés entre le 15 et le 20 mars dernier, 82 % disent avoir une bonne image du camping. Au total, seulement 18 % des sondés ont une plutôt mauvaise/très mauvaise image du secteur.

Parmi ceux qui en ont une bonne image, 25 % appartiennent aux catégories modestes. Et enfin, il attire les moins de 35 ans (27 % de ceux ayant une bonne image du secteur) presqu’autant que les parents (28 %).

La montée en gamme qu’ont connu les campings n’a pas fait fuir leur clientèle traditionnelle. Pour 74 % des répondants, le camping représente toujours une mode d’hébergement permettant aux personnes en difficultés financières de partir en vacances.

L’étude montre que le rapport qualité/prix est le critère le plus important pour les campeurs lors du choix d’un camping. 72 % des sondés ont choisi cette option. Les deuxième et troisième critères les plus importants sont la possibilité de séjourner dans un hébergement comme à la maison (51 %) et la présence d’un centre nautique (45 %).

L’environnement : un enjeu incontournable du secteur

Nicolas Dayot a prôné la capacité d’adaptation aux défis environnementaux dont s’est déjà montré capable le secteur de l’hôtellerie de plein air.

Début 2023, la FNHPA a mis à jour son Guide pratique sur la sécurité des terrains de campings après la recrudescence des événements climatiques en 2022. Le guide est le fruit d’une collaboration entre la fédération et le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires.

Les mises à jour du guide, qui a été publié pour la première fois en 2011, se concentrent principalement sur la nécessité des bonnes dispositions d’aménagement et d’exploitation des campings pour la sécurité des visiteurs et des équipes.

Les principaux risques auxquels il s’adresse sont les suivants : incendie, inondation, tempête, submersion, mouvement de terrain, tremblement de terre, mais aussi incident industriel, transport de matières dangereuses, accident nucléaire et attaque terroriste.

En outre, Nicolas Dayot a salué les efforts des membres de la fédération qui accueillent environ 25 millions de visiteurs chaque année et assurent que « très peu d’accidents » se produisent pendant la saison.

Ce n’est pas un secret que l’hôtellerie de plein air est menacée, plus que d’autres secteurs du tourisme, par les effets du dérèglement climatique. Nous pouvons citer notamment l’érosion dont de nombreux campings implantés le long du littoral subissent d’ores et déjà les conséquences.

Une action expérimentale avec le ministère de la Transition écologique est en cours afin de préserver les capacités d’accueil des campings exposés à l’érosion côtière. Selon Nicolas Dayot, quatre millions d’euros ont été débloqués par Matignon pour soutenir davantage la réflexion sur les moyens de sauver ces sites tant appréciés par les Français.

La FNHPA estime que les campings menacés par le changement climatique pourront également se reposer sur une clientèle fidèle qui s’est dit être prête à se montrer solidaire avec ses campings favoris. De façon anecdotique, les clients récurrents ont promis de ne pas abandonner leurs établissements côtiers préférés et de continuer à venir.

Parmi les autres initiatives environnementales, le président de la FNHPA a cité son désir de booster la transition écologique via l’installation de panneaux solaires, la réduction d’eau utilisée dans les campings, l’évolution des traitements des eaux ou encore l’installation de compteurs pour mieux détecter les fuites d’eau.

Enfin, il a également exprimé son ambition de pouvoir mettre en place, avec le soutien de l’Ademe, un chargé environnemental pour chaque région qui accompagnera individuellement les campings dans leurs différentes démarches écologiques, notamment sur le volet administratif.

Cette ambition s’inscrit dans le « Plan Camping Durable » élaboré conjointement par la FNHPA et l’Ademe. Le plan se base sur une expérimentation menée au cours des trois dernières années dans les campings en Bretagne, en Corse et en Nouvelle-Aquitaine.

Il propose des outils variés pour accompagner les adhérents de la FNHPA. Parmi son offre se trouvent des fiches thématiques opérationnelles et un dispositif d’accompagnement pédagogique des professionnels sur le terrain.

Encore à ses balbutiements, le plan a vu la naissance en début d’année de l’initiative « Camping Zéro Déchet ». La FNHPA annonce des résultats très positifs de l’expérimentation dans ce domaine en Bretagne. Les campings accompagnés en 2020 ont réduit leur production d’ordures ménagères de -80 % en 2021 et leurs gestionnaires sont montés en compétences en termes de gestion écologiques.

Afin de soutenir ce dispositif, la FNHPA a rédigé et distribué un « Livret Zéro Déchet » récapitulant les treize bonnes pratiques à mettre en œuvre dans les établissements gérés par ses adhérents.

Dès cette saison, la fédération compte généraliser ces pratiques dans l’ensemble des campings de France.

Le camping : un acteur social et sociétal

Comme l’a confirmé l’étude de l’Ifop, le camping jouit d’une bonne réputation en termes de cohésion sociale en rendant les vacances plus accessibles aux plus démunis de la société grâce à ses prix plus abordables.

Nicolas Dayot a partagé l’ambition de la FNHPA d’aller encore plus loin dans cette démarche en luttant contre la fracture culturelle. En effet, nombre de Français issus des classes populaires (clientèle historique du secteur) n’ont jamais eu accès à la culture et aux pratiques culturelles.

Dès ce printemps, un QR code placé à l’accueil des 4 300 campings membres de la FNHPA, permettra aux visiteurs d’accéder gratuitement au portail touristique de Cirkwi. Ils pourront donc trouver des sites culturels et patrimoniaux, des points d’intérêt, des activités et des restaurants à proximité du camping.

Comme tous les secteurs de l’hôtellerie, le camping a connu des difficultés pour recruter des salariés ces dernières années. Actuellement, le secteur compte 50 000 salariés, dont 10 000 en CDI. Les 7 500 campings implantés en France prévoient d’embaucher 10 000 employés supplémentaires sur les dix prochaines années.

Pour réaliser cet objectif ambitieux, la FNHPA engage des initiatives pour revaloriser les emplois de l’hôtellerie de plein air.

« Ma Carrière Camping » est le nom du site lancé par la fédération le 20 février dernier. Il regroupe et donne de la visibilité aux offres d’emplois disponibles dans le secteur. De plus, il permet de découvrir la filière, les différents métiers qui la constituent et les formations possibles pour les candidats.

Le site cible notamment les jeunes générations et son lancement a été accompagné d’une campagne de communication sur les réseaux sociaux.

La FNHPA a également réalisé une cartographie des métiers de l’hôtellerie de plein air et créé quatorze fiches métiers. A destination des gestionnaires de campings, ces fiches précisent les profils et compétences requis pour chaque métier. Elles sont destinées à aider les recruteurs dans leurs recherches.

Nicolas Dayot s’est montré confiant en ce qui concerne les futurs recrutements dans le secteur. Selon lui, la variété des emplois dans l’hôtellerie de plein air, ainsi que la proximité avec la nature des établissements rendent le secteur plus attractif auprès de demandeurs d’emploi que, par exemple, les secteurs de l’hôtellerie et de la restauration.

Pour finir, le président de la FNHPA a partagé une autre action menée par la fédération afin de booster l’attractivité du secteur auprès de potentiels salariés. Elle demande au gouvernement de pouvoir récupérer les TVA sur les travaux de construction/rénovation de logements plus qualitatifs pour les saisonniers. Une demande qui rejoint celle des autres acteurs de l’hospitalité.

S’agissant d’un casse-tête perpétuel auquel les acteurs du camping doivent faire face dans le recrutement de salariés en CDD pour la haute saison, cette initiative est pensée pour permettre aux gestionnaires d’établissements de séduire les travailleurs des jeunes générations avec une offre de logement plus en phase avec leurs attentes.