Nicolas Baverez porte un regard lucide et critique sur les politiques économiques menées à travers les différentes périodes de l’histoire de France. Dans un ouvrage intitulé les Trente piteuses, il déplore le refus des Français de s’adapter aux grandes transformations du monde, en évitant des réformes pourtant jugées indispensables, mais douloureuses à engager. Aujourd’hui, il est plus que temps, les échéances se font plus pressantes. Pour Nicolas Baverez, la France ne peut plus se fier à son modèle de nation Providence, alimenté par une dette colossale qui peut entraîner la perte de son appareil de production et la défiance des marchés financiers. Son dernier ouvrage - Réveillez-vous ! (éditions Fayard) - se veut un cri d’alerte et un encouragement. Observateur attentif de la conjoncture et des leçons de l’histoire, il prédit une année 2013 à haut risque, avec une croissance quasi-nulle et une ponction cumulée depuis trois ans de 65 milliards d’euros sur les entreprises. Entre risque de récession, montée du chômage, concurrence des pays voisins, choc de la dette… la France est en situation de sursis. Mais justement, Nicolas Baverez prêche le combat pour le redressement en s’appuyant sur les atouts décisifs de la France et en inventant un nouveau pacte productif, social, citoyen et européen.
"Aujourd'hui, nous assistons à un mouvement de bascule de la géographie de l'économie internationale. Avec la montée en puissance des pays du Sud, qui représentent 34% de la demande mondiale et un milliard de personnes situées dans la classe moyenne, le clivage ne se fait plus entre le Nord et en Sud, mais bien entre les états capables de se réformer, comme les Etats-Unis et l'Allemagne, et les autres. En effet, les problèmes liés à la dette, au chômage, à la croissance et au vieillissement des populations persistent partout dans le monde. A cela s'ajoutent les défis liés au numérique, avec notamment la paupérisation d'un certain nombre de postes de travail peu qualifiés, dont les Etats-Unis maitrisent l'infrastructure de l'économie. Il est donc fondamental pour les pays de s'adapter à ces changements, pour relever les défis et gagner en compétitivité sur la scène internationale. L'Europe est en plein dedans, tiraillée par les problèmes liés à la mondialisation, au vieillissement de sa population, à la compétitivité, aux dettes souveraines, ou encore à la crise de l'Euro. Si elle a fait des progrès, notamment en ce qui concerne le gouvernement économique de la Zone Euro, on ne peut pas dire que la crise est derrière nous. Le moment actuel est clé pour l'ensemble du continent, menacé aujourd'hui par la déflation, et il faut que la BCE agisse pour remonter l'inflation et créer un programme de financement à long terme pour débloquer des crédits aux entreprises. L'environnement géopolitique du continent est également devenu dangereux, comme le montre la récente crise ukrainienne. Espérons alors que la France mette un terme à sa politique déraisonnable. Elle est devenue un risque pour l'Europe et pour elle-même, alors que la croissance est à zéro et que la population continue d'augmenter. Les risques sont grands, mais le pays a les capacités de réagir et de se retourner rapidement. La France a le privilège des grands pays développés mais doit arrêter ses politiques déraisonnables. Elle a des atouts comme sa démographie, l'épargne de ses citoyens, son capital humain, ses infrastructures, son mode de vie et ses pôles d'excellence dans le public. Aujourd'hui, la France doit diminuer les dépenses publiques et réintégrer les jeunes sur le marché du travail pour renouer avec la compétitivité. "
