Les professionnels du tourisme français font front pour maintenir la compétitivité de la destination

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Publié le 17/02/22 - Mis à jour le 17/03/22

Confédération des acteurs du tourisme

Les questions de financement et de gouvernance étaient parmi les premiers chantiers mis en place par la Confédération des Acteurs du Tourisme (CAT) lors de sa création en 2017. Elles deviennent en cette période de sortie de crise inédite extrêmement prégnantes.

La CAT avait déjà alerté le gouvernement au printemps 2021 sur la nécessité impérative de se projeter à long terme pour le maintien dans les destinations leaders mondiales de la France. Après deux ans de crises avec des périodes d'activité en accordéon et très inégales en fonction des secteurs, la question est de nouveau soulevée par les professionnels du secteur et avec les mêmes objectifs : rester performants, attractifs et compétitifs sur le long terme.

Roland Héguy, président de l’UMIH et de la CAT, souligne en introduction le poids du secteur touristique dans l'économie nationale : « Nous représentons à nous tous ici présents, 2 millions de salariés, 8% du PIB ainsi que le savoir-faire et le savoir-vivre de l’hospitality en France. » Il résume l’enjeu comme suit investir pour rester compétitif et attractif, ou rembourser les PGE. « Devoir travailler uniquement pour rembourser le PGE, est-ce possible ? C’est un fil à la patte qui ne nous permettra pas d’investir dans la rénovation notamment avec les enjeux de développement durable et le maintien de la qualité de notre offre. »

Les professionnels ont déjà sollicité le gouvernement, s’ils soulignent l’écoute, le soutien et la bienveillance, pour eux les solutions proposées ne sont pas suffisantes pour accompagner le secteur. Dans un contexte où la concurrence des voisins européens est rude pour reprendre des parts de marché, il est important de se projeter et de tout mettre en œuvre pour maintenir une qualité de prestation à la hauteur des grands événements à venir comme la Coupe du Monde de Rugby 2023 ou encore les JOP 2024.

Une proposition simple en apparence, mais qui implique un fort lobbying de la part du gouvernement

A date, l’échelonnement de remboursement du PGE s’articule comme suit :

Premier remboursement à effectuer dans les deux ans après avoir contracté le PGE, remboursement total dans les 4 ans qui suivent. Pour les professionnels, le délai est trop court compte tenu des marges dégagées par les entreprises du secteur touristique et du fort besoin capitalistique de certaines activités du secteur, transport et hébergement notamment.

La demande des professionnels serait de donner encore un an aux entrepreneurs pour démarrer le remboursement du PGE afin de refaire une trésorerie après une année pleine d’activité d’une part et de permettre un remboursement sur 7 ans et non pas 4.

Une demande qui se heurte selon Bercy à l’encadrement réglementaire européen. Les professionnels attendent toutefois des avancées sur cette question notamment au regard des solutions mises en place chez les voisins espagnol, allemands et italiens et qui permettent aux entrepreneurs de ces territoires de relancer l’activité dans de meilleures conditions.

René-Marc Chikli, président du CETO, souligne que selon les Tribunaux de Commerce le secteur où les entreprises ont été le plus fragilisées par la crise liée au COVID 19 est le tourisme. Un point appuyé par Nicolas Dayot, président de la FNHPA qui souligne que de nombreux entrepreneurs ont consommé leur trésorerie en 2020 pour faire face à l’absence d’activité et l’année 2021 ne leur a pas permis de reconstituer leur Besoin en Fonds de Roulement ce qui peut entrainer une cessation de paiement pour ceux qui ont le plus souffert.

Nicolas Dayot souligne : [Si nous ne trouvons pas de solution] « Toutes les aides de l’état auront été investies à fonds perdu et tous les prêts non remboursés resteront à la charge de l’état.»

Un constat unanime, les entreprises du secteur, toutes activités confondues, sont pour certaines extrêmement fragilisées

Jean-Pierre Mas, président des entreprises du voyage souligne l’équation insoluble pour les professionnels de sa branche qui au moment où les PGE ont été contractés n’anticipaient pas une crise qui impacterait plusieurs saisons touristiques. Certains acteurs se sont endettés jusqu’à un quart de leur chiffre d’affaires, rembourser dès maintenant équivaudrait à obérer 6% de chiffre d’affaires annuel face un EBE de 5%.

Pierre-Louis Roucariès, président de l’UNIMEV, souligne que le secteur de l’événementiel se sont plus de 70 millions de personnes qui se réunissent chaque année en France. A l’absence d’activité s’est ajouté la cristallisation des changements autour de la digitalisation des événements et des attentes en termes de développement durable. Pour faire face à ces attentes il faut investir d’autant plus face à des voisins aussi compétitifs que l’Italie et l’Allemagne.

Les palais et centres de congrès investissent en moyenne 300 millions d’euros par an. Sur le papier, il y a déjà 600 millions d’investissement « en retard ».

« 42% de nos chefs d’entreprises de notre secteur disent qu’ils ne pourront pas faire face à leurs échéances. En Espagne et en Italie les professionnels ont pu obtenir des durées de remboursement plus longues. »

Nicolas Dayot, président de la FNHPA renchérit rappelant que dans les campings 24% du chiffre d’affaires part dans l’investissement soit une moyenne de 600 millions d’euros d’investissements par ans pour la profession.

Il ajoute « Bien que nous soyons leader en Europe, l’Espagne la Croatie ont des stratégies très agressives et se sont rapidement positionnées. »

Il souligne également les ambitions du plan de relance annoncé par le gouvernement dont l’une est de mieux répartir les flux sur le territoire en capitalisant notamment sur les destinations vertes qui ont été redécouvertes pendant les périodes de contraintes de déplacements. Cela veut dire que ces destinations doivent investir dans l’accueil touristique, il y a un vrai besoin en investissements en équipements, matériels et en repositionnement commercial.

Pour Patrick Labrune, président du SNRT, « 5 ans c’est une durée inadaptée à nos schémas compte tenu des marges dégagées par notre secteur. Cela impliquerait 7 à 8 années sans renouvellement. Il ne faut pas que les entreprises qui font cette demande soient marquées au fer rouge. » 

Il souligne le relationnel qui se complexifie avec les banques au quotidien pour les entrepreneurs ayant contracté un PGE, les facilités de caisse sont de plus en plus difficiles à obtenir à une période où elles sont justement nécessaires.

Frédéric Avierinos, Vice-Président et Président du Collège Passagers des Entreprises Fluviales de France, souligne la période charnière qui s’ouvre pour les professionnels du fluvial en France. Avec des enjeux de décarbonation de la flotte ce qui nécessite de gros investissements. L’échéance des jeux Olympiques et Paralympique est également un fort challenge pour la profession avec une cérémonie d’ouverture sur la Seine.

Jean-Luc Michaud, président de l’IFT, souligne également que le secteur du tourisme a bénéficié de 7% des en cours de PGE soit peu ou prou le poids du secteur dans le PIB national.

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Promotion / Construction

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