Alors que la capitale de la Bourgogne souhaite ne plus être une destination touristique de passage, les professionnels du secteur comptent sur le projet de la Cité Internationale de la Gastronomie pour changer la donne et augmenter la fréquentation de la destination ainsi que la durée moyenne de séjour de ses visiteurs.
Après avoir remporté la bataille contre Paris, Lyon, Tours et Beaune, Dijon s'apprête à accueillir la future Cité de la Gastronomie, imaginée pour être la vitrine de ce patrimoine français à l'international. Prévu pour s'installer dans les bâtiments de l'ancien hôpital général de la ville, l'ambitieux projet représente un investissement estimé à 54 millions d'euros, comprenant la participation des secteurs public et privé. Il s'agit là d'une opportunité notable pour l'industrie touristique de la région bourguignonne, puisque la Cité de la Gastronomie devrait accueillir quelque 150 000 visiteurs chaque année. Imaginée pour être le point de départ de la route des Grands Crus de Bourgogne, la Cité de la Gastronomie sera organisée en cinq pôles distincts : le Pôle Culture et Formation, comprenant un musée, un centre de formation, un auditorium et des écoles ; le Pôle Commerce et Artisanat, avec des ateliers artisanaux, une vinothèque et un marché ; le Pôle Hôtelier, composé d'un hôtel haut de gamme, de résidences de tourisme et d'un spa autours de la vinothérapie ; le Pôle Logistique, rassemblant les dispositifs d'information aux visiteurs et les bureaux administratifs ; et l'Eco-Quartier. Une telle infrastructure devrait jouer un rôle de moteur pour le tourisme régional. Avec quelque 2,3 millions de nuitées pour près de 1,7 million d'arrivée en 2013, la fréquentation touristique de la Côte d'Or est la plus importante de la région bourguignonne. Elle a d'ailleurs progressé de 4,4% en nombre d'arrivées et de 7,1% en nombre de nuitées entre les années 2009 et 2012. Dijon reste cependant une ville de passage pour les touristes, qui peinent actuellement à y rester plus de trois nuits en raison de son manque d'évènements organisés et de renommée, notamment internationale. Le sujet avait d'ailleurs été abordé lors des Assises du Tourisme en Bourgogne, lorsque Pascal Maihos, préfet de la région, avait exprimé sa volonté d'augmenter la durée moyenne de séjours dans la destination en retenant les touristes. La Cité de Gastronomie serait ainsi un levier incontestable pour y arriver en tant qu'attraction unique sur la scène nationale. Les professionnels de l'hôtellerie ont également fois en ce projet, qui est en accord avec l'offre touristique de la région pour Jérôme Munier, directeur de l'hôtel Ibis Styles Dijon Central : "Nous sommes favorables à ce projet de Cité de la Gastronomie. Etant donné que nous avons des produits du terroir qualitatif, cela semble aller de pair avec l'offre touristique de la ville. C'est un projet d'envergure qui nous aidera pour la labellisation Unesco des Climats de Bourgogne. Nous espérons ainsi que cela engendrera des augmentations de fréquentation hôtelière et en restauration". Les hôtels dijonnais profitent déjà de niveaux d'activité au dessus de la moyenne provinciale. Les données publiées par MKG Hospitality mettent notamment en avant des taux de fréquentation de 66,7% et des prix moyens de près de 129 euros dans les catégories milieu et haut de gamme en 2013. Les taux d'occupation relativement stagnants et l'augmentation des prix moyens, ont permis ainsi au Revenu par chambre disponible de ces catégories de progresser pour atteindre les 86,2 euros en 2013. Pour maintenir des niveaux d'activité satisfaisants, la Cité de la Gastronomie devra compléter et non se substituer à l'offre actuelle, notamment en ce qui concerne l'hôtellerie haut de gamme. Plusieurs établissements sont déjà disponibles pour absorber une partie de l'activité que générera une telle installation, à l'image du MGallery La Cloche et du Best Western Hostellerie du Chapeau Rouge. La capacité du segment devrait également augmenter au cours des prochaines années, notamment avec l'ouverture d'un nouvel hôtel de 44 chambres et l'extension du MGallery La Cloche de 25 chambres supplémentaires. Pour que le projet ambitieux de la Citée de la Gastronomie joue au mieux son rôle de moteur sur l'industrie touristique et hôtelière dijonnaise, il est ainsi important de s'assurer qu'il s'intègre correctement dans l'offre existante et s'équilibre avec la demande. Ceci est d'autant plus vrai dans le contexte de contraction de l'activité hôtelière de province, observé depuis quelques années.
