
Au regard des chiffres observés ces derniers mois, l’amélioration globale de l’activité hôtelière en France est sensible. Il est vrai qu’il s’agit de pourcentage de croissance par rapport à l’année la plus noire de l’histoire hôtelière et le niveau des meilleures années est loin d’être atteint. La crise laisse des traces et rien ne sera plus comme avant, notamment en termes de prévisions à moyen terme. Habitués à réagir au dernier moment en fonction de nombreux critères, les clients laissent perplexes les hôteliers qui sentent bien le frémissement mais ne veulent surtout pas crier victoire.
Du bout des lèvres, les hôteliers interrogés ont bien voulu reconnaître que la situation s’améliore, mais la morosité et l’inquiétude percent encore dans leurs propos. A l’inverse de l’an passé, le salut viendra sans doute davantage de la clientèle étrangère ; les Français ont pris le goût aux économies.La reprise est fragile et surtout elle n'est pas uniformément partagée. Certains attendent encore et la visibilité se fait de plus en plus courte : - “Notre activité touristique de plus en plus en plus courte. Les restrictions budgétaires des sociétés font que nous devons chercher d'autres segments, afin de maintenir le CA et la fréquentation de nos hôtels et restaurants”. - “Beaucoup d'annulations de séjour se produisent à la moindre goutte. Réservation de dernière minute en augmentation. La durée de séjour est inférieure aux années précédentes et concentrée sur le weekend”. - “On sent une crise dans le pouvoir d'achat. Nous sommes quand même un restaurant avec deux étoiles Michelin et pour l'hôtel il y a moins de réservations. Les gens négocient les prix et tout se décide vraiment au jour le jour. Il n'y a pas de visibilité, nous devons faire une gestion très précise de l'entreprise, ratios, charges etc”. - “Tout se fait à la dernière minute, souvent avec des promotions et aucune visibilité de l'avenir même proche! Ou est la reprise tant annoncée...? Je parle ici en tant que vice président pour les 84 hôtels d’Antibes, dont j'ai la charge... Nous sommes tous sans exception dans le même cas”. - “Les réservations arrivent 2 à 3 jours avant...si elles arrivent. Perspectives de la rentrée : Si tout le monde dit que cela va repartir, alors pourquoi pas. En plus de 32 ans dans le métier, je n'ai jamais connu une situation aussi imprévisible. Nous devons faire face à des jours de très faible activité et le lendemain nous refusons du monde sans comprendre pourquoi... avec la même équipe bien entendu”. - “Les clients sont de plus en plus enclins à marchander les prix comme si les hôtels et restaurant n'avaient pas les mêmes problèmatiques de vie économique que leurs entreprises... Si leurs clients faisaient au quotidien la même chose comme réagiraient-ils ?”- “L’activité professionnelle a légèrement progressé par rapport à 2009. Par contre, l'activité tourisme individuel est en chute libre”. - “Il est incontestable que l’on note un frisson positif des demandes, notamment pour les séminaires”. - “L’activité est plus importante que l'année dernière mais elle n’est pas encore au meilleur niveau. Les réservations très tardives et de dernière minute”. - “La période octobre-avril a été tellement mauvaise que même une très belle saison estivale ne rattrapera pas tout ce qui nous manque comme chiffre d'affaires. Vivement une vraie reprise de l'activité”. - “Oui, il y a une bonne progression sur l'ensemble du semestre (+10%) malgré un net recul en Mars dû aux conditions climatiques." - “Le 1er trimestre est bien meilleur en 2010 que 2009 tant en activité qu'en prix moyen. Le second trimestre s’est juste maintenu en chiffre d’affaires grâce à une segmentation de clientèle plus individuelle que négociée. Mois de mai particulièrement mauvais en raison du manque de week end prolongés Fragilité des clientèles séminaires et groupes tourisme sur tout ce premier semestre Visibilité des prévisions d'activité de plus en plus raccourcie en particulier en raison de la baisse des réservations à J- 30.” - “Le client recherche un prix et non plus une prestation.”Mais cet optimisme mesuré est encore davantage tempéré par les nouvelles relations avec une clientèle qui se fait visiblement désirer : - “Les clients sont fidèles mais ils ne voient pas encore le bout de la crise. C’est toujours une période dangereuse car les entreprises ont une vue à 8 jours”. - “La plupart des réservations est faite au dernier moment. Bien que nos prix soient stationnaires depuis deux ans. De plus en plus exigeante, notre clientèle nous demande sans cesse une remise !” - “L'activité est de plus en plus irrégulière et cette irrégularité devient difficilement gérable en particulier pour la restauration”. - “L'effet crise ne s'est toujours pas estompé, mais les gens ont réappris à compter. Leurs dépenses sont plus ciblées et il ne doit pas y avoir de place pour l'erreur (restau ou hôtel ?)”.Renversement de tendance, le soutien de l'activité estivale sera sans doute le fait d'une plus forte présence de la clientèle internationale : - “L'augmentation de notre coté vient d'un afflux très fort de clientèle étrangère, principalement anglo-saxonne, de pays lointains comme l'Australie et la Nouvelle Zélande, et aussi américaine (le retour ? ), mais pas française”. - “Je constate une défection de la clientèle française fortement présente sur la Côte d'Azur l'an passé. Le climat plutôt agréable sur la Côte Atlantique, cette année, a probablement incité les touristes à prendre cette direction, avec peut être des tarifs plus attractifs”. - “Si l'an dernier le manque de touristes étrangers avait été compensé par la forte augmentation des touristes français, cette année, la légère augmentation des touristes étrangers ne compense pas la forte baisse des français. La première quinzaine de juillet nous sommes à -20% et l'état des réservations pour les deux mois à venir est largement en dessous de celui de 2009 (-30%)”.