+27% de revenus à périmètre constant sur le portefeuille hôtelier au 2ème semestre 2021. Une donnée encourageante pour le groupe et pour le secteur hôtelier européen. Entretien avec Tugdual Millet, CEO Covivio Hotels.
La branche hôtellerie représente 15% du patrimoine du groupe avec une valeur stable par rapport à 2020.
Covivio dispose d’un portefeuille varié incluant bureau, résidentiel et hôtellerie. Quelle perception avez-vous de l’hôtellerie par rapport à d’autres classes d’actifs dans le cadre de votre stratégie de développement ?
Nos 3 produits sont très complémentaires en termes de stratégie immobilière et de perspective de croissance. Sur le Bureau, la stratégie est centrée sur le développement ou redéveloppement d’immeuble neufs ou restructurés qui concentrent aujourd’hui l’essentiel de la demande locative et où les loyers continuent de progresser.
Le logement en Allemagne, classe d’actifs à rendement plus faible, bénéfice de son statut de valeur refuge avec une réserve significative de croissance des loyers.
L’intérêt de l’Hôtellerie est de bénéficier d’un fort potentiel de rebond et d’un rendement plus élevé, nous allons donc continuer d’investir en accompagnant l’évolution de la demande.
La crise que nous sommes en train de traverser, va-t-elle modifier votre vision sur le type d’actif hôtelier vers lequel vous souhaitez aller ?
Nous avons trois cibles d’investissements :
- Investir dans nos hôtels afin de s’adapter rapidement à l’évolution de la demande business et loisirs.
- Accompagner des nouveaux concepts hôteliers à l’image du partenariat que nous venons de signer avec Zoku qui installera son premier concept hôtelier à Paris dans un immeuble mixte.
- Investir dans des destinations loisirs en Europe qui vont continuer à bénéficier de la croissance de la demande.
Comment arbitrez-vous l’équilibre bail- management dans vos établissements hôteliers ? Cette vision sera-t-elle amenée à évoluer suite au deux années précédentes ?
Nous souhaitons continuer à garder un équilibre entre hôtels en bail et hôtels gérés (Management ou Franchise). Cela nous donne la capacité de trouver le meilleur modèle pour nos hôtels, de nous adapter aux besoins de nos opérateurs partenaires et d’être au plus près de l’évolution des concepts hôteliers.
Quels sont vos objectifs pour 2022 et à moyen terme ?
Le premier d’entre eux est de pouvoir engranger les bénéfices de la reprise. 2022 devrait être une année de forte croissance, même si nous n’aurons pas encore retrouvé complètement les niveaux de 2019.
Ensuite, nous allons continuer à nous renforcer sur les destinations loisirs. C’était l’objet de notre principal investissement en immobilier hôtelier en 2020 : 8 hôtels d’exception, situés en cœur de ville et loués à NH en 2020 à Rome, Nice, Florence, Venise...L’Europe du Sud est notamment une destination privilégiée.
Enfin nous allons continuer à renforcer notre capacité de gestion directe d’hôtels en murs et fonds en France pour améliorer la rentabilité de notre portefeuille en accompagnant la rénovation d’hôtels.
Durant le Paris Asset Forum en novembre dernier, la question de la recherche de valeur dans toutes les strates du cycle hôtelier a été abordée à plusieurs reprises, quels sont pour vous les leviers pour aller chercher encore plus de valeur tant sur l’aspect patrimonial qu’opérationnel notamment à travers vos loyers variables ou les établissements que vous opérez ?
Au-delà de la partie hébergement ce sont les services qui concentrent une grande partie de nos réflexions, quel type de restauration, quelle taille, spa ou pas, espaces de travail… tous ces sujets qui permettent d’optimiser ou rentabiliser les espaces communs et qui peuvent être très impactants. Par ailleurs, l’empreinte environnementale et les économies d’énergie vont devenir des vrais enjeux, ainsi que l’apport de la digitalisation dans la rentabilité et l’amélioration de l’expérience client.
Le groupe annonce de fortes ambitions en termes de stratégie ESG, (par exemple : 40% de réduction des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030), la réglementation thermique est une variable à prendre en compte. Comment déployez-vous les travaux nécessaires au sein de vos établissements en lien avec vos partenaires exploitants ?
Le décret tertiaire notamment va être un booster important pour mettre autour de la table propriétaire et exploitant. Comme nous avons pu le voir sur le bureau depuis maintenant plusieurs années, les exigences de nos clients vont être de plus en plus fortes pour s’assurer qu’ils sont dans un établissement « durable », exemplaire dans sa prise en compte des enjeux environnementaux. Tout ceci passera bien sûr par des travaux, mais aussi par des changements importants d’habitudes.
En tant que propriétaire et investisseurs, comment vous assurer que votre volonté de respecter la planète transparaisse jusqu’à l’expérience client ?
Je ne crois pas qu’il soit nécessaire de contraindre le système : si collectivement, propriétaires, opérateurs, gestionnaires, financeurs, nous ne mettons pas cet objectif environnemental au cœur de nos priorités, la sanction du client sera sévère et se reflètera dans la note.
Vous avez pris la tête de la branche hôtellerie du groupe pendant la tourmente, quels enseignements tirez-vous de ces 8 derniers mois ?
Arrivé en juillet 2021, j’ai pu apprécier la solidité du rebond du secteur et l’envie forte de nos clients de voyager. Cette industrie déborde d’énergie après avoir été très durement touchée pendant près de 2 ans. Ceci montre sa grande résilience et l’enthousiasme contagieux des personnes qui y travaillent, chez Covivio comme chez nos partenaires. Nous avons la chance de disposer d’un portefeuille européen unique de près de 7 Md€, c’est autant d’opportunités pour la suite.