Entretien avec Bertrand Pullès, Gérant Associé Extendam et Franck Gervais, Président de l’Union des Marques :
Bertrand Pullès : La Fabrique du Tourisme a été créée dans le cadre du plan de relance du tourisme, avec pour objectif de se projeter pour mettre en avant l'attractivité du secteur du tourisme. Il s’agit de créer un laboratoire et développer une réflexion spontanée avec les acteurs du tourisme et de la restauration, pour se confronter avec des experts d’autres domaines, se challenger et réinventer le tourisme de demain.
72% des Français estiment que les questions de développement durable ou climatiques sont aussi essentielles que celles de la santé publique. Ces problématiques ont un réel impact dans leur comportement d’achat. Au regard du contexte actuel, plusieurs aides européennes et de fonds régionaux sont disponibles pour accompagner les démarches RSE. Pendant que les exploitations sont au ralenti, c’est le moment idéal de réfléchir à ces problématiques RSE. De plus, vis-à-vis des proches, clients, collaborateurs et des banquiers, il est nécessaire, de plus en plus, de démontrer que chaque investissement effectué servira et bénéficiera à l'environnement.
Un objectif primordial est la rédaction d’un rapport d'idées très concret, en associant une démarche universitaire dans la rédaction, afin d’apporter un regard neuf, celui de la clientèle de demain.
L'idée est d'arriver avec des solutions réalistes et pertinentes. Dans quelques mois, il est évident que les banquiers et l’Etat imposeront des contraintes, il est donc nécessaire de prendre son destin en main, et être force de propositions.
Franck Gervais : Nous sommes au cœur d'une énorme crise, nous avons tous envie de s’en sortir, mais c’est aussi dans ces moments-là que se distinguent ceux qui vont se projeter dans dix ans en inventant le tourisme d’après et la proposition de valeurs pour les clients sur des thèmes expérientiels ou de développement durable.
Un vrai jeu collectif a été mis en place au sein de La Fabrique du Tourisme pour faire progresser le sujet ensemble.
Les trois premières thématiques ont été sélectionnées et ont été fondées sur les propriétaires des murs, les titulaires des fonds de commerces et les parties prenantes comme les banques ou les collectivités locales.
Pour illustrer la proposition concernant les propriétaires des murs, il est nécessaire que les investissements effectués puissent être beaucoup plus flexibles et modulables pour s’adapter en cas de changement d’utilisation. Il est remarquable aujourd’hui qu’un grand nombre d‘hôtels se convertissent en bureaux ou inversement, ce qui aurait été plus efficace si le bien avait été conçu de manière plus modulaire. La durabilité des matériaux ainsi que des approvisionnements est un sujet important. Il serait pertinent de s’intéresser et s’adresser aux offres européennes en qualité de matériaux évitant de s’approvisionner en Chine par bateau, avec une mauvaise empreinte carbone.
Par ailleurs, il est important de se concentrer sur le sourcing au niveau de la main d’œuvre en privilégiant la main d’œuvre locale. A présent, si le coût unitaire est élevé, lorsque cette mobilisation sera instaurée, les effets de volume permettront de diminuer les coûts globaux.
Enfin, sur le sujet des exploitations, ces actions environnementales, pour la transition écologique, font partie des attentes et des critères clés de la clientèle, et définissent leurs choix de voyages. Il serait donc important de les accompagner dans cette implication. Cette économie verte mérite ainsi d’obtenir des durées d’amortissements plus longues de la part des banques ou promoteurs.
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