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Entretien avec Hugues Parant, directeur général Epadesa

6 min de lecture

Publié le 30/07/14 - Mis à jour le 17/03/22

Hugues Parant, DG de l'Epadesa

Depuis ses débuts dans la Préfectorale en 1982 en Savoie, Hugues Parant a alterné les postes fonctionnels et territoriaux, passant de la Martinique à la Haute-Saône, de la Datar aux Etats-Unis au cabinet de Bernard Bosson aux Transports, de la Direction Nationale du Tourisme à la Préfecture des Bouches-du-Rhône, de l’Orne au Vaucluse, de la Meurthe-et-Moselle au Var pour revenir à la tête de PACA, l’une des plus grandes préfectures de région, hors Paris. Après plusieurs années pour le moins occupées, il troque sa casquette de préfet pour le casque de chantier, en s’attaquant au développement de la plus grande zone d’affaires d’Europe, voire du monde, La Défense, dont les prochaines phases d’expansion sont lancées. Son intérêt marqué pour le Tourisme trouvera aussi à s’y exprimer, l’un des enjeux actuels étant de réconcilier les Parisiens avec La Défense.

Quel est aujourd’hui le périmètre de La Défense et comment doit-il évoluer ?

Le premier périmètre historique ce sont les 200 hectares de la «plate-forme», qui est aujourd’hui le 1er quartier d’affaires d’Europe, avec ses 70 tours regroupant 3,5 millions de m2 d’activités tertiaires, autour du CNIT, des centres commerciaux, traversée par une esplanade piétonnière de 2 km, plus vaste que le Champs de Mars. C’est un espace beaucoup plus riche qu’il n’y paraît mais qui n’a pas réussi à développer sa dimension touristique. Je prends pour exemple le parcours architectural exceptionnel de la dalle qui compte de nombreuses œuvres originales financées par chaque nouvelle construction. Cette dalle est presqu’arrivée à maturité, ce qui ne veut pas dire qu’il ne s’y passe plus rien. Nous avons incité à la rénovation de 40% des bâtiments existants au cours des dernières années et on procède à de nouvelles créations, chacune de nature exceptionnelle. L’une des prochaines inaugurations sera celle du nouvel hôtel Melia au tout début de la dalle. Ce bâtiment correspond à l’esprit des nouvelles constructions, un défi technologique et architectural, avec un véritable «geste» de franchissement puisqu’il est construit sur «pilotis» au-dessus de trois tunnels.Mais ce n’est pas sur la dalle que vont se produire les principaux changements…En effet, nous avons entamé la phase II, qui va «appuyer»  la Défense en aménageant de nouveaux espaces sur la commune de Nanterre. Un premier quartier est déjà né autour de Nanterre Préfecture et nous travaillons aujourd’hui sur la liaison avec  La Défense «historique» autour de la nouvelle Arena en chantier et l’aménagement des abords des deux cimetières, au-delà du boulevard circulaire. Nous sommes en train d’y créer le quartier dit des «Jardins de l’Arche». Il permettra de redécouvrir les espaces paysagers dessinés par Gilles Clément, une promenade végétalisée et commerciale de 600 m qui assurera la liaison entre l’Arena et la Grande Arche, la Jetée Chemetov, quasiment ignorée des Parisiens et des Franciliens depuis sa création en 1996. La phase III concerne l’aménagement contigu du quartier Les Groues-La Folie avec notamment la création d’une nouvelle gare, La Folie, qui accueillera 400 000 passagers/jour en 2020, avec le prolongement de la ligne Eole, en liaison directe avec la gare St-Lazare, et la jonction avec le Grand Paris Express vers Roissy CDG. Dans cet espace de développement, nous voulons assurer un nouveau cadre de vie pour la génération Y, avec des logements à empreinte carbone réduite, des bureaux conçus comme des espaces collaboratifs, des commerces, des hôtels et une animation sportive et culturelle assurée par la programmation de l’Arena. Ce sera la plus grande salle couverte d’Europe avec 30 000 places en version manifestation sportive et 40 000 pour des concerts.Jusqu’où va se prolonger le quartier ?A terme, la nouvelle dénomination d’Epadesa, Etablissement public d’aménagement de la Défense Seine Arche, va trouver sa justification en reliant les deux rives de la boucle de la Seine. Ce seront au total  400 hectares supplémentaires ajoutés à la dalle. Ce territoire a vocation à devenir le pôle majeur du Grand Paris avec une attractivité démultipliée pour les investisseurs, les entreprises, les chercheurs, les universitaires, les étudiants et toute une population qui doit se réconcilier avec La Défense.Vous mentionnez une attractivité très forte de la part des investisseurs, comment cela se manifeste-t-il et pour quelles raisons ?Nous recevons très régulièrement des offres d’investisseurs, une fois sur deux un fonds souverain ou fonds d’investissement international, qui souhaitent réaliser une opération d’envergure, qui se chiffre en centaines de millions d’euros. Quand nous avons identifié un terrain, qu’il nous arrive de créer de toutes pièces, comme cela a été le cas pour le projet de l’hôtel Melia, nous maîtrisons complètement l’aménagement. Nous lançons un concours auprès de nos interlocuteurs, généralement constitués en équipe, associant l’investisseur, le promoteur et l’architecte. Dans le cas de la dalle, l’Epadesa reste propriétaire du terrain et nous vendons des droits à construire en hauteur. Le projet se finalise quand on réussit la synthèse entre le «bilan promoteur» (calcul des coûts de construction, des droits à construire, des études, de la marge commerciale,…), le «bilan investisseur» (coût d’achat du projet et rentabilité des loyers escomptés), et le «bilan aménageur», tous les travaux que nous prenons en charge pour viabiliser l’espace du projet. Ce sont des calculs longs et complexes dans lesquels intervient également une notion qualitative importante sur le plan du geste architectural et de l’aménagement des espaces. Nous avons en cours une trentaine de projets, avec déjà plus de 2 milliards d’euros engagés sur les cinq prochaines années. Le processus est un peu différent en dehors de la dalle, car nous devons dans ce cas acheter le terrain. Au-delà de l’intérêt financier du projet et de la volonté des grands investisseurs de diversifier leur portefeuille, la grande force de l’Epadesa est d’accompagner chacun des projets par une équipe dédiée. Cette équipe va assurer une coordination et un suivi technique très attentif tout au long de la construction, dans un contexte urbain extrêmement complexe.Selon vous, l’image de La Défense ne correspond pas à sa réalité au quotidien …Je suis étonné par la fracture qui se creuse entre les Parisiens et le quartier de La Défense, entretenue par un véritable rejet médiatique et une totale incompréhension de ce qui s’y passe. La Défense Seine Arche a, et aura encore davantage, toutes les caractéristiques d’une ville contemporaine, tournée vers l’avenir, vers les nouvelles technologies, avec un urbanisme paysager inégalé et une puissance commerciale incomparable. Si l’on était aux Etats Unis, on parlerait du «down town» de Paris, et les parisiens seraient fiers de montrer cette «skyline» visible de tous les endroits de la capitale. Ce sera le quartier d’affaires, d’habitation et de loisirs le plus accessible sans doute du monde, si on le compare aux équivalents dans les autres pays développés. Mon souhait est notamment de contribuer au renforcement de la dimension qualitative de cet espace, d’en faire le lieu de toutes les modernités, et de mettre en avant plusieurs parcours, architectural, culturel, commercial, complémentaires de la vocation tertiaire originelle.

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