
Le 3ème débat national sur les formations et les métiers organisé par l'IFT et le Club France Terre de Tourisme, sous le parrainage de Luc Chatel, ministre de l'Education nationale, s'est tenu à l'Assemblée nationale le 8 novembre prochain, sur le thème, "Professionnalisation des formations dans le tourisme : quelles avancées ?".
A l'occasion de ce rendez-vous annuel, prolongement de la réunion précédente sur le thème «Quelles formations pour les acteurs du tourisme de demain ?», les présidents des deux organismes co-organisateurs, Daniel Fasquelle, Député-maire du Touquet et Président du Club France Terre de Tourisme, Paul Dubrule et Jean-Jacques Descamps, ancien ministre du Tourisme, co-présidents de l’IFT, ont sollicité Georges Panayotis, président de MKG Group, pour intervenir sur la table ronde : La formation professionnelle et l’insertion des jeunes dans les métiers du tourisme, animée par Pascal Terrasse, Député, Président du Conseil général de l’Ardèche.Cela veut dire qu’il faut apprendre une culture hôtelière, un savoir-être autant que des techniques, et bien faire comprendre que l’intégration des jeunes dans les métiers du tourisme sera d’autant plus facile qu’ils sauront cultiver une curiosité permanente".Ci-après l'essentiel de l'intervention de Georges Panayotis :"Au moment où l’on déplore une montée du chômage chez les jeunes, leur insertion dans les métiers du tourisme est une chance qu’ils doivent saisir. Pour le tourisme il y a aussi une nécessité de s’adapter à son avenir.A travers mon intervention je voudrais insister sur ces deux aspects.Premier point capital : le Tourisme donne leur chance aux talents Ce n’est pas à vous que je vais l’apprendre, le Tourisme est une activité économique essentielle, qui a pour seule faiblesse d’être encore trop souvent associée aux seuls loisirs.C’est aussi un secteur de main d’œuvre où la réussite passe par la qualité et l’engagement des hommes.En contrepartie, c’est une industrie qui sait reconnaître la valeur de ses salariés, mais pas à n’importe quelles conditions.On a coutume d’évoquer l’escalier social pour exprimer la progression des carrières dans l’industrie hôtelière. C’est une réalité, mais une réalité qui se mérite, d’où ce décalage persistant entre le fort potentiel de recrutement de cette industrie et la difficulté à y attirer les talents.Régis Marcon s’est fait l’apôtre, à juste titre, de la valorisation de l’apprentissage. C’est une approche pragmatique et efficace qui mérite le même respect que les filières dites généralistes.Mais il ne faut pas se le cacher, l’image de ces métiers et des filières professionnelles reste désastreuse aux yeux des jeunes, de leurs parents et même du corps enseignant. Tous les efforts entrepris pour valoriser la qualité de la formation, les perspectives de carrière et les réussites professionnelles sont encore modestes et manquent de continuité sur la durée. Il ne faudrait pas relâcher les efforts sur ce domaine.A l’inverse, il y a aujourd’hui un formidable développement des formations au management hôtelier pour préparer aux carrières de direction. Chaque rentrée universitaire connaît une augmentation du nombre des étudiants, principalement dans l’enseignement supérieur privé.A côté des écoles hôtelières, ce sont désormais les écoles de commerce qui ouvrent toutes des sections au management hôtelier. Il ne faut pas déplorer cette abondance, car le développement hôtelier international a besoin de cadres pour assurer les fonctions de management.Je souhaite même qu’on aille plus loin. Il y a aujourd’hui à la tête des groupes hôteliers des hommes et des femmes, dont le parcours n’a rien à envier aux secteurs en pointe. Issus des plus brillantes business schools internationales ou des écoles d’ingénieurs, ils démontrent que leurs entreprises sont des acteurs majeurs de l’économie. J’aimerais que nos futures élites, à l’Ecole centrale, à Polytechnique, à Sciences-Po,… soient sensibilisées dès leur formation initiale à la valeur économique du secteur.J’aimerais que ces dirigeants de l'industrie hôtelières soient de véritables ambassadeurs du Tourisme, au sens noble du terme, en intervenant au sein même de ces écoles pour donner un éclairage valorisant. Et qu’on en finisse avec cette condescendance issue de l’ignorance dans les milieux politiques et économiques.Compte tenu de ses performances en Europe et dans le Monde, la France a toute la légitimité nécessaire pour être pilote en matière de formation hôtelière de haut niveau. On doit regretter que les futurs cadres choisissent la Suisse ou les Etats-Unis pour acquérir une reconnaissance internationale.Le second point de mon intervention porte sur la préparation à des métiers en constante évolutionEn prise directe avec l’évolution de la société et des comportements des clients, l’industrie hôtelière offre aujourd’hui des métiers qui n’existaient pas il y a quelques années. Par ailleurs, elle fait évoluer des fonctions qui sont encore enseignées de manière traditionnelle.Il y a seulement dix ans, qui connaissait la fonction de Revenue manager ? Qui connaissait le métier d’Asset manager, qui sert de passerelle entre les propriétaires immobiliers et les opérateurs hôteliers ? Qui imaginait le poids de l’e-Commerce dans la distribution touristique ? Qui mesurait l’importance de l’analyse de la satisfaction client ? Qui aurait imaginé l’importance considérable du Développement durable et de la responsabilité sociale des entreprises ?Je ne vous parle de métiers qui ont déjà trouvé leur place dans la plupart des organigrammes des groupes et des établissements hôteliers.Dès aujourd’hui, il faut s’intéresser de plus près aux métiers qui naissent de la montée en puissance des réseaux sociaux et des sites de réputation hôtelière.Notre industrie a déjà besoin de modérateurs de réseaux sociaux, de gestionnaires de l’e-Réputation, ou d’animateurs de buzz commercial sur la toile… La distribution en ligne, l’Internet 2.0 et bientôt 3.0 va générer de nouvelles fonctions pour lesquelles il faut préparer de nouvelles formations.Je le disais en introduction, les métiers d’hier ne résistent pas non plus à l’évolution des comportements. Les fonctions sont moins compartimentées et la plupart des groupes hôteliers cherchent aujourd’hui à privilégier la polyvalence.Dans les métiers du «Front Office», ceux qui sont en contact direct avec la clientèle, cette polyvalence est impérative. Le réceptionniste d’hier est aujourd’hui un technicien de la réservation, mais aussi un concierge, un consultant, un agent de liaison avec les autres départements…L’évolution est aussi rapide dans les métiers du «Back Office» qui servent de support aux opérations : la technologie est partout présente dans la gestion prévisionnelle, la comptabilité, la communication, le marketing ou les ressources humaines.Cela veut dire qu’il faut apprendre une culture hôtelière, un savoir-être autant que des techniques, et bien faire comprendre que l’intégration des jeunes dans les métiers du tourisme sera d’autant plus facile qu’ils sauront cultiver une curiosité permanente".