Quand la décision de repositionner l’enseigne a été prise en 2007, le pari n’était pas gagné en raison de la proximité avec le groupe Accor, dont l’ADN ne plonge pas ses racines dans le luxe. Quatre ans plus tard, l’aventure est très bien engagée avec un réseau qui a été redimensionné, passant de 200 établissements, parfois disparates, à seulement 120 respectant notre vision du luxe, dont beaucoup de nouvelles ouvertures. Nous avons passé le cap de la justification, pour être davantage axés sur la séduction vis-à-vis de nos produits exceptionnels. Les Sofitel Legend et les nouveaux So by Sofitel ont fortement accéléré ce processus. Je reçois aujourd’hui des CV en provenance d’employés de marques concurrentes, très installées sur le créneau Luxe. Ce qui est pour moi le meilleur indicateur de notre progression.Cet intérêt pour l’enseigne et le choix d’y faire une carrière sont-ils partagés par les étudiants des grandes écoles de management hôtelier ?C’est la justification du programme School of Excellence qui s’adresse à un «club» fermé de 15 écoles sélectionnées dans le monde. Ce programme a été testé dans le cadre d’un «business case» avec les étudiants de l’Ecole Hôtelière de Lausanne pour aménager son contenu et son déroulé. Il est aujourd’hui totalement opérationnel avec une première promotion de 30 étudiants qui est dans le circuit de formation, dont 5 sont déjà en poste dans nos hôtels. La seconde promotion est en cours de recrutement, 12 étudiants ont été choisis dans le monde, 18 places restent ouvertes.Avez-vous un réel choix pour faire votre sélection ?Je vous rappelle que le programme consiste à sélectionner 2 étudiants en cours d’études au sein de 15 écoles de management, et de les accompagner pendant 12 à 18 mois pour qu’ils finissent par intégrer un poste de direction dans un Sofitel du réseau mondial. Lors des deux dernières présentations du programme, à l’Emirates Academy de Dubaï et à l’Institut Glion en Suisse, il y avait respectivement 60 et 100 candidats étudiants dans la salle. La sélection est donc sévère.Serez-vous conduit à élargir le cercle des écoles ?Nous recevons beaucoup de sollicitations pour être la 16e école. Notre volonté n’est pas d’élargir le cercle mais de le modifier par touche si cela s’avère nécessaire pour une question d’équilibre géographique. Nous avions deux écoles en Chine, nous en avons conservé une seule pour intégrer une école en Colombie et mieux couvrir l’Amérique latine.Le programme a-t-il évolué d’une promotion à l’autre ?Il a été suffisamment préparé et testé pour ne pas devoir beaucoup évoluer. La seule différence tient en une plus grande exposition à l’activité internationale du groupe en favorisant la présence des stagiaires dans plusieurs pays.Les étudiants en stage dans vos hôtels sont-ils des employés «privilégiés» ?Même s’ils sont suivis et encadrés par un «mentor» dans l’hôtel et qu’ils ont une ligne directe avec le parrain de l’école au sein de la direction générale de Sofitel, ce ne sont pas des stagiaires plus «chouchoutés» que les autres. Ils doivent tout autant mettre «les mains dans le cambouis» et vivre au quotidien les opérations du département qu’ils ont choisi. Le rythme est très soutenu, sans régime de faveur.Comment ces étudiants cohabitent-ils avec les «Ambassadeurs», qui bénéficient du programme de formation interne de Sofitel ?Le programme Ambassadeurs s’adresse aux employés déjà en place. Il s’est focalisé en premier lieu sur un «savoir être» propre aux valeurs du luxe défendues par Sofitel, pour s’orienter davantage aujourd’hui vers un «savoir faire» qui comprend un module «Fit to manage». Il prépare aux postes de direction avec une formation «GM Entrepreneur». C’est la passerelle commune qui conduit vers la direction générale d’un hôtel, comme pour les étudiants qui ont intégré la School of Excellence.Quel regard portez-vous sur les jeunes diplômés que l’on disait très pressés de prendre des postes de responsabilité, quitte à griller les étapes ?Je constate que l’ère de «l’impatience» est dépassée. Je n’entends plus de récrimination sur les postes jugés «indignes» des formations qu’ils ont reçues dans leurs écoles respectives. Cela tient sans doute à la volonté de cette génération de mieux équilibrer la vie personnelle et la vie professionnelle. Dès lors, ils – elles – sont moins pressés de gagner des postes qui sont très prenants en temps personnel.Vous venez de faire allusion à la mixité des étudiants. Les carrières féminines sont-elles aussi facilitées que celles des hommes ?Le constat est simple. La première promotion comprenait 17 jeunes femmes pour 13 jeunes hommes. D’ores et déjà, en identifiant objectivement les talents potentiels, la seconde promotion verra la proportion des jeunes femmes nettement progresser. Il y a pourtant un véritable problème à un stade de la carrière des jeunes femmes, qui décrochent au moment d’atteindre les plus hauts postes. Le groupe Accor va prendre des initiatives pour réduire le «gap» et mieux accompagner la progression de carrière des femmes. Il y a là, pour nous, un véritable levier de croissance.