Édito

L’Etat doit se mettre en marche pour soutenir les premiers de cordées de l’hôtellerie

La France peut s’enorgueillir d’un patrimoine architectural, paysager, historique et immatériel séculaire. Ce patrimoine attire des millions de touristes depuis de nombreuses années. Il semblerait toutefois que le succès nous monte à la tête et nous grise à tel point que nous adoptons une attitude trop confiante et ne voyons pas le danger qui se profile à l’horizon depuis de nombreuses années.

Le tourisme est un secteur dynamique, structurant pour les territoires, vecteur d’innovation mais qui souffre du manque d’investissement de l’Etat dans les infrastructures, dans le patrimoine et dans l’accompagnement des privés du secteur, au maintien de leur compétitivité. On ne peut que se désoler de la qualité de l’offre en stations de montagne même si certaines destinations tirent leur épingle du jeu, elles ne doivent pas être l’arbre qui cache la forêt. Le parc vieillit mal, manque d’entretien et peut difficilement faire face à l’offre développée en Autriche, en Italie, en Andorre, en Géorgie, en Russie… - ainsi qu’aux Etats-Unis qui captent à nouveau leur clientèle nationale-, sur les sports d’hivers.
Les espaces littoraux ne sont pas non plus développés et exploités avec une vision à long terme. La péninsule ibérique a investi massivement dans des infrastructures qui concurrencent très fortement les destinations françaises à des coûts souvent moindres. Quant au tourisme d’affaire, Barcelone, Berlin, Londres et Madrid, pour ne citer qu’elles, sont parties à l’offensive et développent des offres et infrastructures qui concurrencent directement nos destinations MICE.

L’Etat a souvent su verrouiller l’actionnariat ou accompagner des visions industrielles de long terme de grands acteurs tels qu’AccorHotels, Belambra, Pierre et Vacances, Club Med…. Mais il s’est progressivement retiré au profit d’investisseurs étrangers. Ils sont les bienvenus pour soutenir l’investissement dans notre pays toutefois, l’Etat doit aussi redistribuer une partie des taxes pour soutenir l’industrie touristique.
Le constat est fait depuis de nombreuses années et ne fait que s’aggraver au fur et à mesure que le temps passe. Il nous faut agir fermement et massivement là où le besoin s’en fait sentir. Si nous continuons à aboyer pendant que la caravane passe, nous ne parviendrons pas à faire la rupture nécessaire pour atteindre nos ambitions. L’Etat doit favoriser l’émergence de nouveaux acteurs industriels quelle que soit leur forme, pour porter une ambition française mondiale sur le secteur ; son rôle est d’accompagner ses champions, les premiers de cordées. Il doit également aider les propriétaires indépendants à créer une offre nouvelle ou à maintenir les établissements existants au standard du marché. Pour favoriser une reprise de l’investissement, il doit créer un cadre propice à l’investissement pour les foncières et les fonds qui porteront les murs et laisser les entrepreneurs s’occuper des fonds de commerce. Les investissements très lourds pour les entreprises qui génèrent des retours sur investissement très faibles sont quasiment impossibles à financer sans aide de l’Etat. Si l’on valorise le parc hôtelier et les résidences, on atteint une capitalisation de plus 100 milliards d’euros. En faisant la somme de la valorisation boursière de deux fleurons de l’industrie automobile française on atteint à peine 40 milliards d’euros.

L’objectif des 100 millions de touristes en 2020 pourrait être à portée de main. Il est encore temps de réagir et de mener à bien une politique cohérente de soutien au développement de l’offre mais pas à n’importe quel prix et en mettant les moyens là où ils sont attendus par les professionnels. L’hôtellerie indépendante souffre du vieillissement de son parc et d’un manque de moyens humains et financiers. C’est pourtant un maillon indispensable à l’accueil touristique en France car cette offre représente l’identité de nos territoires que tout le monde nous envie. L’hôtelier passionné par son métier peine à trouver un successeur prêt à investir sa vie dans une activité de moins en moins rentable et de plus en plus concurrencée. Beaucoup d’entrepreneurs individuels ont du mal à lancer leurs projets même en étant précurseurs, la plupart des nouveaux concepts se développent à l’extérieur de l’hexagone alors que la France première puissance hôtelière européenne était largement exportatrice. Alors qu’attendons-nous pour renverser la tendance et pour faire la rupture dans le tigre de papier ?

Inscrivez-vous pour ajouter des thèmes en favoris. Inscrivez-vous pour ajouter des catégories en favoris. Inscrivez-vous pour ajouter des articles en favoris. Connectez-vous gratuitement pour voter pour la candidature.

Déjà inscrit ? Déjà inscrit ? Déjà inscrit ? Déjà inscrit ?